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Leibniz: Expérience et connaissance

Publié le 08/05/2005

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leibniz
Le succès des expériences sert de confirmation à la raison, à peu près comme les épreuves servent dans l'arithmétique pour mieux éviter l'erreur du calcul quand le raisonnement est trop long. C'est aussi en quoi les connaissances des hommes et celles des bêtes sont différentes. Les bêtes sont purement empiriques et ne font que se régler sur les exemples ; car, autant qu'on peut en juger, elles n'arrivent jamais à former des propositions nécessaires, au lieu que les hommes sont capables de sciences démonstratives, en quoi la faculté, que les bêtes ont, de faire des consécutions "', est quelque chose d'inférieur à la raison, qui est dans les hommes. Les consécutions des bêtes sont purement comme celles des simples empiriques, qui prétendent que ce qui est arrivé quelquefois arrivera encore dans un cas où ce qui les frappe est pareil, sans être pour cela capables de juger si les mêmes raisons subsistent. C'est par là qu'il est si aisé aux hommes d'attraper les bêtes, et qu'il est si facile aux simples empiriques de faire des fautes. LEIBNIZ

POUR DÉMARRER    Ce n'est pas dans l'expérience que se forme la véritable connaissance, mais au sein de la théorie établie par la raison : Leibniz s'oppose ici vigoureusement aux empiristes qui voient dans l'expérience la source de toute connaissance. Au contraire, Leibniz ne lui attribue qu'un simple rôle de contrôle pratique. Leibniz est un philosophe rationaliste, mettant en valeur la fécondité de la ratio humaine.    CONSEILS PRATIQUES    L'étude de ce texte exige une analyse fine des termes, en particulier expérience, empirique, épreuves, raisonnement, sciences démonstratives. Insistez sur l'ex-pression « la faculté [...] qui est dans les hommes « : c'est par la raison, propre de l'homme, que celui-ci atteint la véritable connaissance, celle des raisons. Notez au passage la violence du propos de Leibniz qui compare le comportement des empiristes à celui des bêtes.    BIBLIOGRAPHIE    LEIBNIZ, Nouveaux essais sur l'entendement humain, Garnier-Flammarion. Discours de métaphysique, Vrin. La Monadologie, Delagrave.

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« _ Dès la première partie il nous a fallu relativisé l'importance de l'expérience sensible dans l'entreprise de laconnaissance.

A présent, la connaissance par l'expérience constitue une fonction négative permettant de distinguerla connaissance des hommes de celles des bêtes.

En effet « les bêtes sont purement empiriques et ne font que serégler sur des exemples ».

Les bêtes sont qualifiées d'empiriques dans la mesure où toute leur connaissance seréduit à celle de l'expérience qui se découpe en exemples.

_ En quoi cette connaissance par exemples ne constituet-elle pas une science ? La réponse est dans la suit du texte : « elles n'arrivent jamais à former des propositionsnécessaires ».

Or la nécessité est avec l'universalité une des propriétés constitutives de la science : une sommed'exemples ne permet pas de former une proposition nécessaire, c'est-à-dire qui est vraie de telle manière qu'elle nepeut être autrement qu'être ainsi, mais tout au plus une proposition générale.

Or une proposition générale n'estvalide que tant qu'elle n'est pas contredite, mais elle peut être contredite par une expérience future. _ Par opposition « les hommes sont capables de sciences démonstratives ».

Pourquoi ls hommes et pas les bêtes ?Parce que les bêtes ne connaissent que la sensation et la mémoire en étant dépourvues de raison, alors que leshommes sont dotés de raison.

Or c'est par la raison qu'une démonstration permet d'établir une connaissanceuniverselle et nécessaire qui seule peut être appelée science.

Comme l'écrit Leibniz un peu avant notre extrait » lesvérités nécessaires doivent avoir des principes dont la preuve ne dépende point des exemples, par conséquent dutémoignage des sens ».

Les bêtes font bien « des consécutions », c'est-à-dire des rapports entre les choses, maisces rapports proviennent de l'expérience; aussi « cette faculté est inférieure à la raison qui est dans les hommes » III Invalidation des empiriques par la comparaison analogique avec les bêtes _ Leibniz compare alors les consécutions des bêtes , cette faculté de faire des rapports , avec celles desempiriques.

Les empiriques sont des hommes qui prétendent fonder leur connaissance à partir de la seule expériencesensible, sans se servir vraiment de leur raison qui les distingue pourtant en tant qu'hommes des bêtes : « lesconsécutions des bêtes sont purement comme celles des simples empiriques ».

Quelle connaissance permet deconstituer la modalité empirique de la recherche ? C'est une connaissance qui se réduit à des propositions généraleset non à des propositions nécessaires.

En effet la proposition génale se fonde sur des exemples qui sont toujourssusceptibles d'être contredits par une nouvelle expérience.

Citons un passage avant notre extrait : « or tous lesexemples qui confirment une volonté générale, de quelque nombre qu'ils soient, ne suffisent pas pour établir lanécessité universelle de cette même vérité car il ne suit pas que ce qui est arrivé arrivera toujours de même ». _ L'homme empirique déduit de ce qu'il a constaté autrefois ce qui doit advenir.

Ainsi il constate un fait similaire àceux déjà connus et prétend ainsi le connaître : « ils prétendent que ce qui est arrivé quelquefois arrivera toujoursencore dans un cas où ce qui les frappe est pareil ».

Néanmoins, malgré cette ressemblance, la similitude constatéene peut avoir valeur de vérité nécessaire dans la mesure où ils ne sont pas « capables de juger si les mêmes raisonssubsistent ».

Ainsi puisque la connaissances des empiriques s'identifie avec celle des bêtes, et que la connaissancedes bêtes a été elle-même reconnue comme inférieure à la connaissance humaine, il s'ensuit que la connaissancedes empiriques est invalidée par cette comparaison analogique. _ Leibniz conclut de cette défaillance commune à la connaissance des bêtes et des empiriques deux conséquencessoulignant leur infériorité.

« c'est par là qu'il est si aisé aux hommes d'attraper les bêtes et qu'il est si facile auxsimples empiriques de faire des fautes ».

En effet les uns et les autres ne se fient qu'à leur mémoire de l'expériencesensible.

Aussi les bêtes se font piéger par le défait de leur consécutions qui n'est qu'une ombre de raisonnement lesbêtes parce qu'elles ne sont pas capables de prévoir ces pièges; de même les empiriques en refusant de connaîtrepar la raison qui permet d'accéder aux vérités nécessaires sont susceptibles de commettre des erreurs.

L'ironie deLeibniz s'exerce davantage sur ce mode de connaissance empirique chez des hommes pourvus de raison , qui d'unecertaine manière, les bestialise.

En effet comme Leibniz l'écrit un peu après notre extrait « ce qui justifie lesprincipes internes des vérités nécessaires distingue encore l'homme de la bête.

» Conclusion : L'expérience sensible ne peut remplacer la raison dans l'entreprise de la connaissance dans la mesure où elle ne sedéploie que par exemples ne permettant que de produire des propositions générales susceptibles d'être contreditespar d'autres expériences.

La raison demeure donc irréductible dans la mesure où c'est par elle et seulement par elleque se constitue la science, c'est-à-dire l'ensemble cohérent des vérités nécessaires. LEIBNIZ (Gottfried Wilhelm). Né à Leipzig en 1646, mort à Hanovre en 1716. Il étudia les mathématiques à Iéna, la jurisprudence à Altdorf et la chimie à Nuremberg.

En 1667, il rencontra lebaron Jean-Christian de Boinebourg, et commença de s'intéresser à la politique et aux hautes mathématiques.

En1672, il fut chargé d'une mission auprès de Louis XIV, pour engager celui-ci à conquérir l'Egypte.

Il fit un voyage à. »

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