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La libération passe-t-elle par le refus de l'inconscient ?

Publié le 07/01/2004

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Le cheminement vers la liberté s'effectue-t-il contre ou avec la reconnaissance de l'inconscient ? L'existence d'un inconscient psychique est-elle un moyen ou un obstacle à la liberté humaine ? Prétendre que l'inconscient me détermine, n'est-ce pas du même coup refuser, par un stratagème de mauvaise foi, la liberté ? Mais, n'est -ce pas la résistance (Freud) qui pousse à refuser l'existence de l'inconscient. La libération, cessation d'une servitude, en implique au contraire la reconnaissance. En effet, la connaissance des causes qui me déterminent est liberté.

Se demander si la liberté passe toujours par le refus de l’inconscient, c’est s’interroger à savoir si l’hypothèse de l’inconscient n’est pas incompatible avec l’affirmation de la liberté. L’hypothèse de l’inconscient consiste à affirmer selon la formule de Freud énoncée dans son article « Une difficulté de la psychanalyse « que « le moi n’est pas maître dans sa propre maison «. Poser cette absence de maîtrise du moi consiste à considérer que ce dernier ne maîtrise ni vraiment ses goûts ni ses désirs, ni ses envies. Vous pouvez alors montrer les conséquences de cette affirmation. Dès lors, on saisit pourquoi on assiste à une remise en cause de l’autonomie du sujet. Là où le moi se pensait le maître, il devient dépossédé de cette place et il perd le contrôle qu’il pensait avoir sur la vie psychique. Vous pouvez dès lors opposer cette approche de Freud aux thèses de la liberté de la volonté telles que vous pouvez les rencontrer chez Sartre par exemple. Vous pouvez également vous reporter aux critiques que Alain fait de l’hypothèse de l’inconscient. Toutes ces approches semblent donc montrer que la liberté passe par le refus de l’inconscient qui semble incompatible avec cette dernière. Dans ces conditions, demandez-vous si de nombreux problèmes ne se posent pas : faut-il rejeter comme le fait Alain l’hypothèse de l’inconscient même si elle semble renvoyer à une réalité ? faut-il refuser à l’homme la liberté ? Demandez-vous s’il y a nécessairement une incompatibilité entre l’hypothèse de l’inconscient et la liberté.

« « Dostoïevski avait écrit : «Si Dieu n'existait pas, tout serait.

permis».

C'est là le point de départ de l'existentialisme.En effet, tout est permis si Dieu n'existe pas, et par conséquent l'homme est délaissé, parce qu'il ne trouve ni en lui,ni hors de lui une possibilité de s'accrocher.

Il ne trouve d'abord pas d'excuses.

Si, en effet, l'existence précèdel'essence, on ne pourra jamais expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée autrement dit, il n'y apas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté.

Si, d'autre part, Dieu n'existe pas, nous ne trouvons pasen face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite.

Ainsi nous n'avons ni derrière nous nidevant nous, dans le domaine lumineux des valeurs, des justifications ou des excuses.

Nous sommes seuls, sansexcuses.

C'est ce que j'exprimerai en disant que l'homme est condamné à être libre.

[...]Si j'ai supprimé Dieu le père, il faut bien quelqu'un pour inventer les valeurs.

Il faut prendre les choses comme ellessont.

Et par ailleurs, dire que nous inventons les valeurs ne signifie pas autre chose que ceci : la vie n'a pas desens, a priori.

Avant que vous ne viviez, la vie, elle, n'est rien, mais c'est à vous de lui donner un sens, et la valeurn'est pas autre chose que ce sens que vous choisissez.

»SARTRE. 1.

Introduction. Quelle est l'idée générale du texte ? Dans un univers privé de Dieu, l'homme est la libre source des valeurs et dusens de son existence.

Il est condamné à la liberté, condamné à l'invention du sens.

La création des valeurs trouveen l'homme son unique fondement.Le problème posé par le texte est celui de savoir si la mort de Dieu voue l'homme à l'absurde et au non-sens ou biensi cette disparition représente une ouverture possible à une vie authentique, créatrice et féconde.Le texte se divise en deux grandes parties.

Dans la première (Premier paragraphe), Sartre part de la «mort de Dieu»et souligne que l'homme est condamné à être libre.

Dans la seconde (Second paragraphe), la liberté humaine estreliée au problème des valeurs et du sens. 2.

Etude ordonnée A.

Première grande partie : «Dostoïevski...

à être libre.» a.

Première sous-partie : «Dostoïevski...

de l'existentialisme.

» «Si Dieu n'existait pas, tout serait permis» : si l'être absolu, principe d'existence, être en soi et par soi, personnel etdistinct du monde, la substance conçue comme infinie, éternelle, immuable, principe d'intelligibilité et de vérité, nepossédait pas l'existence, toutes choses seraient, alors, autorisées, admises et possibles.

Ce qui caractérise laphrase de l'écrivain russe, c'est qu'elle relie les possibles infinis de l'homme à la «disparition» ou à la «mort» de l'êtreabsolu.

En d'autres termes, la mort de Dieu, loin d'apporter à l'homme seulement du «négatif», lui fournit du«positif», des «possibles» et lui ouvre le chemin d'une infinie liberté.

Ainsi, la phrase de Dostoïevski, revue par Jean-Paul Sartre, lie la mort de Dieu aux possibilités humaines.

On notera que Sartre voit dans cette formule un point dedépart, une proposition de base, de la doctrine existentialiste, doctrine selon laquelle l'existence précède l'essenceet possède une primauté absolue par rapport à elle. b.

Seconde sous-partie : «En effet...

l'homme est liberté.» Pourquoi ce lien étroit, cette liaison que Sartre juge indissoluble entre la mort ou la non existence de Dieu et,d'autre part, les libres possibilités humaines ? Sartre va opérer ici toute une démonstration.Le philosophe note, tout d'abord, le délaissement de l'homme dans un univers privé de Dieu.

Qu'est-ce à dire ?L'homme est délaissé, c'est-à-dire qu'il est abandonné, sans appui, ni secours, dans le monde.

Il est, selon unconcept plus «spécialisé» et très proche de celui de «délaissement», en situation de déréliction, complètementabandonné, comme le fut le Christ au Mont des Oliviers.

Telle est la situation de l'homme, jeté au milieu es choses,sans nul appui, sans nulle aide, condamné à ne trouver de recours possible qu'en lui-même.

Abandonné ainsi, encette déréliction fondamentale, l'homme est alors à même de tout créer parce que, nous dit Sartre, il ne peuts'accrocher à rien.

Remarquons bien ce verbe : s'accrocher, c'est se suspendre ou se retenir à un crochet.

C'est setenir avec force ou se cramponner à quelque chose.

Or l'homme, précisément, ne peut se cramponner a rien,puisque le ciel est vide et que Dieu, le principe suprasensible, a disparu de notre horizon.

Dès lors, dans cet universprivé de Dieu, l'homme ne peut trouver ni appui, ni excuses en dehors de lui.

Une excuse, c'est un motif que l'oninvoque pour se dispenser de quelque chose ou en fuir la responsabilité.

Mais quelles excuses invoquer ? Nousn'avons nul prétexte pour nous soustraire à notre tâche, puisque le ciel est vide et que Dieu a disparu de l'horizon.La phrase suivante nous fait nettement progresser.

Un second «en effet» nous entraîne dans une chaîneexplicative.

Pour expliquer la créativité humaine née de la mort de Dieu, Sartre va développer sa pensée ensoulignant qu'alors l'existence précède l'essence.

Qu'est-ce à dire exactement ? L'existence, c'est, pour Sartre, lefait d'être dans le monde et d'y dessiner sa figure, de se projeter dans le réel et de s'y construire.

L'existence, lesimple fait d'être là et de surgir dans le monde, se distingue de l'essence, ce qui constitue la nature d'une réalité,l'ensemble des propriétés qui caractérisent un être.

Or, si Dieu n'existe pas, impossible d'accorder la priorité àl'essence, aux caractères constitutifs d'un être.

Si l'homme est délaissé, s'il ne peut plus trouver de repères dans unciel vide, alors le fait d'être-là précède la position de l'essence.

Dès lors, l'essence immobile et réifiée ne peut plusêtre conçue comme principe explicatif ; ainsi parvient-on à la première conclusion de cette seconde sous-partie :toute idée de déterminisme, nous dit Sartre, s'évanouit ; il n'y a pas de déterminisme.. »

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