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La liberté se définit-elle comme un pouvoir de refuser ?

Publié le 04/02/2004

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Le premier sens de la liberté qui vient à l’esprit est celui qui l’identifie à l’absence de contraintes, au fait de ne pas être empêché et d’agir selon son désir et sa volonté. En ce sens associer la liberté au pouvoir de refuser est admissible dans la mesure où l’objet de ce pouvoir serait les contraintes que l’on imposerait à l’homme, le fait de restreindre ses désirs par exemple. L’expression « pouvoir de refuser « signifie la possibilité appartenant à l’homme d’agir ou de ne pas agir. Nous sommes libres de faire ce que l’on juge bon et d’exercer notre refus vis-à-vis d’une action contraire à nos principes. Si la liberté est définie comme un pouvoir de refuser, la difficulté réside dans l’interprétation excessive que l’on peut faire de ce pouvoir. En effet l’homme libre peut-il s’affranchir de toute contrainte ? D’autre part si l’identification de la liberté à un pouvoir de refuser est niée dans ce cas les lois ou les contraintes en général pourraient être imposées à l’individu sans que celui-ci puisse résister. A l’extrême une forme de nécessité s’imposerait à lui et remettrait en cause l’essence même de sa liberté. Une fois cette problématique exposée il nous faut déterminer les trois parties qui vont nous permettre de la résoudre. Tout d’abord il s’agit d’interroger l’hypothèse selon laquelle la liberté consiste à s’affranchir de toute contrainte. Ensuite nous poserons la question de la possibilité de la conciliation entre la liberté et l’obéissance. Enfin nous examinerons la question du droit de résistance.

« [III.

La positivité du négatif] Sans liberté, l'animal est également sans travail – au sens où on prend ce terme soit lorsqu'il s'agit de l'homme, soitlorsqu'on y comprend la réalisation d'un projet.

Mais réaliser un projet, n'est-ce pas se laisser déterminer par le butque l'on veut atteindre ? Auquel cas, il serait tentant de refuser le travail pour préserver la liberté et l'illustrer par unrefus supplémentaire.

D'un refus définissant l'humanisation, on glisserait ainsi vers une conception beaucoup plusordinaire de la liberté, comme simple pouvoir de refuser ce qui apparaît contraignant pour l'individu.Hegel a montré dans sa dialectique du maître et de l'esclave combien l'aliénation temporaire est nécessaire à laréalisation de la conscience et de sa liberté la plus haute. La conscience de soi est certaine de soi-même, seulement par lasuppression de cet autre qui se présente à elle comme vieindépendante... Qu'autrui existe semble être pour la pensée contemporaine une évidence.Pourtant, l'idée d'un isolement de la conscience a longtemps persisté.

C ‘est,sans doute, parce que l'esprit des philosophes était obsédé par le problèmede la recherche de la vérité.

D'où l'opposition entre, d'un côté, le sujetconnaissant et, de l'autre, le monde à connaître.

Dans cette confrontation, laprésence d'un tiers, à l'exception de Dieu, était exclue.Le thème de l'altérité apparaît chez Kant dans ses considérations sur lamoralité, mais surtout chez Hegel dans « La phénoménologie de l'esprit ».C'est dans cet ouvrage – où Hegel décrit le mouvement dialectique de laconscience, depuis la naïveté première de la « certitude sensible » jusqu'àl'universalité du « savoir absolu », ultime moment où la conscience prendconscience de sa liberté – que se trouve la fameuse dialectique du maître &de l'esclave.

On peut y lire : « La conscience de soi est certaine de soi-même, seulement par la suppression de cet Autre qui se présente à ellecomme vie indépendante ; elle est désir.

» La conscience, dans son rapport immédiat avec elle-même, n'est que l'identité vide du Je = Je, une tautologie sans contenu.

Toute conscience rencontre autrui, l'Autre, une autre conscience desoi.

Il n'y a, en fait, de véritable conscience de soi que moyennant le retour à soi à partir de cet « être-autre ».Autrement dit, la conscience de soi serait impossible dans un monde où autrui n'existerait pas.Si la conscience est mouvement et retour à soi-même à partir de l'être autre, elle ne peut d'abord l'être que par lanégation de l'autre.

Autrement dit, la relation à autrui se présente d'emblée comme une affaire de conflit.

Le « moi »de l'enfant, par exemple, ne se forme-t-il pas en s'opposant au non-moi ? N'est-ce pas dans l'opposition à sesparents que l'enfant forge sa personnalité ? Toute conscience est désir de reconnaissance de soi et la satisfactionde ce désir ne peut advenir que moyennant la suppression de l'autre, en tant qu'être indépendant.Le premier mouvement du désir serait de détruire et de consommer l'objet.

mais, dans cette expérience, je découvreque mon désir est conditionné par cet objet et que je suis donc dépendant de cet objet que j'avais, pourtant nié : «Le désir et la certitude de soi atteinte dans la satisfaction du désir sont conditionnés par l'objet ; en effet lasatisfaction a lieu par la suppression de cet autre.

Pour que cette suppression soit, cet autre aussi doit être.

»Loin d'atteindre la satisfaction complète et définitive, je découvre que, la satisfaction obtenue, le désir renaît,marquant toujours davantage ma dépendance à l'égard de l'objet, de cet Autre que j'avais annihilé : « Laconscience de soi ne peut donc pas supprimer l'objet par son rapport négatif à lui ; par là elle le reproduit plutôtcomme elle reproduit le désir.

»Dans ce cercle infini et infernal du désir, c'est-à-dire de « ce retour alterné et monotone du désir et de sasatisfaction par laquelle le sujet retombe sans cesse en lui-même et sans supprimer la contradiction », la consciencedécouvre qu'elle ne peut se ressaisir que dans une autre conscience de soi.

La dialectique même du désir le conduità son propre dépassement : de la pure consommation de l'objet à l'intersubjectivité.

Le désir n'est plus seulementrapport égoïste de soi à soi, mais position de l'autre comme être indépendant et libre.

Je ne peux me reconnaîtreque si je reconnais l'autre et réciproquement : « L'opération est donc à double sens, non pas seulement en tantqu'elle est aussi bien une opération sur soi que sur l'autre, mais aussi en tant qu'elle est, dans son indivisibilité, aussibien l'opération de l'une des consciences de soi que de l'autre.

»Ce mouvement de la conscience de soi trouve une illustration dans la fameuse dialectique du Maître & de l'Esclave –dialectique qui peut se lire comme une reconstitution, sans caractère historique, du déroulement de l'histoire réelledes hommes.Le point de départ de cette dialectique, c'est que toute conscience est désir de reconnaissance, désir qui passed'abord par la négation de l'autre.

toute conscience poursuit la mort de l'autre, afin de se faire reconnaître et de sereconnaître elle-même au risque de sa propre vie, comme libre et indépendante de toute attache sensible : « C'estseulement par le risque de sa vie qu'on conserve la liberté, qu'on prouve que l'essence de la conscience de soi [...]n'est pas le mode immédiat dans lequel la conscience de soi surgit d'abord, n'est pas son enfoncement dansl'expansion de la vie.

»Autrement dit, il s'agit pour chaque conscience de se prouver qu'elle n'est pas de l'ordre de l'en-soi (mode del'existence des choses), pure immédiateté, mais qu'elle est seulement un pur être-pour-soi, une personne qui a unevaleur, une dignité : « L'individu qui n'a pas mis sa vie en jeu peut bien être reconnu comme personne, mais il n'apas atteint la vérité de cette reconnaissance comme reconnaissance d'une conscience de soi indépendante.

». »

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