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La liberté est-elle une donnée ou une conquête ?

Publié le 16/01/2004

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Lorsque l’on se demande si la liberté est une donnée ou une conquête, on pose une question qui concerne la nature de la liberté, et l’on cherche à savoir si elle est acquise passivement par l’homme ou si ce dernier agit pour devenir libre. En effet, si la liberté est pensée comme une donnée, on considère qu’il n’y a rien à faire pour devenir libre : on reçoit la liberté d’autre chose ou de quelqu’un d’autre que nous. En revanche, pensée comme une conquête, la liberté s’obtient activement, en luttant. Une alternative se présente : la liberté est-elle une donnée ou une conquête ? Ce sur quoi porte cette question, à savoir la liberté, peut tout d’abord être très généralement défini comme la faculté de choisir : lorsque je peux soit partir, soit rester dans une même pièce, on peut me dire libre d’y être ou non. Cette faculté de choisir est-elle reçue passivement ou acquise difficilement ? Naissons nous libres ou bien est-ce que nous le devenons ? Répondre à ces questions doit permettre de définir plus précisément ce qu’est la liberté.

► Le sujet interroge la définition de la liberté à travers sa caractérisation comme donnée ou comme conquête; il importe donc de ne pas se limiter à la seule définition générale de la liberté comme «capacité de faire ce que l'on veut« et de travailler la définition de la liberté tout au long de la réflexion.

« Cette certitude psychologique de la liberté se vérifie, de fait, dans le fonctionnement des sociétés.

En effet, le faitque les crimes et les délits soient jugés et éventuellement punis indique un jugement sur la responsabilité desaccusés.

Or la responsabilité présuppose la liberté d'agir.

On ne peut en effet déclarer un homme véritablementresponsable d'une action que s'il était libre de commettre ou de ne pas commettre cette action.

Autrement dit, laprise en considération, de fait, de la responsabilité humaine est une donnée sociale immédiate qui implique la libertécomme une donnée préalable. 2.

L'illusion toujours possible de la liberté: seule la libération, comme conquête de la liberté, estenvisageable. A.

Déterminisme et illusion du libre arbitre. Il s'agit ici de remettre en question la certitude psychologique de la liberté enmettant en évidence les déterminismes plus ou moins conscients qui agissentsur la volonté.

C'est ainsi que, pour Spinoza (Éthique), les hommes setrompent en ce qu'ils se croient libres: la liberté du libre arbitre est unecroyance qui provient de l'ignorance des causes par lesquelles nous sommesdéterminés dans nos actes.

Autrement dit, la conscience de la liberté peutapparaître comme une donnée illusoire: ce qui est donné, de façon nonexplicite, c'est l'ensemble des déterminismes qui pèsent sur l'existencehumaine. Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre,mais privée de raison, est une volonté perdue.

Plus nous connaissons, plusnotre liberté est grandie et fortifiée.

Si nous développons notre connaissanceau point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînement rationnel des causes etdes effets, nous saisirons d'autant mieux la nécessité qui fait que telle chosearrive et telle autre n'arrive pas, que tel phénomène se produit, alors que telautre ne viendra jamais à l'existence.

Pour Spinoza, une chose est libre quandelle existe par la seule nécessité de sa propre nature, et une chose estcontrainte quand elle est déterminée par une autre à exister et à agir.

Ausens absolu, seul Dieu est infiniment libre, puisqu'il a une connaissanceabsolue de la réalité, et qu'il la fait être et exister suivant sa propre nécessité.

Pour Spinoza et à la différence de Descartes, la liberté n'est pas dans un libre décret, mais dans une librenécessité, celle qui nous fait agir en fonction de notre propre nature.

L'homme n'est pas un empire de liberté dansun empire de nécessité.

Il fait partie du monde, il dispose d'un corps, d'appétits et de passions par lesquelles lapuissance de la Nature s'exerce et s'exprime en nous, tant pour sa propre conservation que pour la nôtre.

Biensouvent nous croyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, par l'existence de causes extérieures :la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, de notre passé, de notreculture.

Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel il vit et se trouve plongé, nous sommes nécessairementdéterminés à agir en fonction de causes extérieures à notre propre nature.

"Telle est cette liberté humaine que tousles hommes se vantent d'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs, etignorants des causes qui les déterminent." B.

La connaissance du déterminisme comme condition de possibilité de conquête de la liberté. La remise en cause de cette certitude psychologique ne signifie par pour autant qu'il faille abandonner l'idée deliberté.

Au contraire, on peut comprendre la mise en évidence du déterminisme subi par l'homme comme un travailpréalable nécessaire à sa libération.

Autrement dit, on peut comprendre la sociologie et les sciences humaines engénéral comme un effort critique afin d'assurer à l'homme une liberté qui soit autre chose qu'une illusion.

C'est direque la liberté apparaît ici comme la fin d'une conquête.

Cette conquête réside dans le processus de libération, etimplique une lutte de la raison pour reprendre le terrain conquis par les préjugés, l'ignorance et l'idéologie.. »

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