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La liberté et l'égalité sont-elles opposées ou complémentaires ?

Publié le 16/02/2004

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Sans entrer dans des considérations partisanes, on peut constater que les inégalités, loin de se résorber, vont croissantes dans notre société, alors qu’on semble se diriger vers toujours plus de libéralisme. Certains diront que c’est le libéralisme lui-même avec ses déréglementations, ses privatisations, qui est la cause unique et directe des inégalités sociales. Au fond de ce débat politique, on peut apercevoir une question bien plus fondamentale, celle des relations entre liberté et égalité. Laquelle doit primer sur l’autre ? Peuvent-elles coexister ? Ce débat, qui porte sur des valeurs, est absolument nécessaire quand on veut comprendre le libéralisme, l’épisode historique du communisme, les clivages politiques entre gauche et droite… C’est pourquoi il semble pertinent de se poser philosophiquement (et non politiquement) la question de savoir si liberté et égalité sont opposées ou complémentaires.

Les réponses diffèrent selon que l’on se place dans un contexte théorique ou pratique, selon les définitions que l’on donne à la liberté et à l’égalité…. Il s’agira donc de voir si elles sont opposées ou complémentaires en envisageant ces différentes perspectives et conséquences.

POUR DÉMARRER    Ne pas subir la contrainte de l'autre et se présenter de façon identique devant la société ou la loi sont-ils incompatibles et inconciliables ou bien additionnels ? A priori, il ne semble pas y avoir de rapport entre ces deux notions : c'est dans leurs relations réciproques dans le domaine social et politique que vous trouverez la clef de ce sujet.    CONSEILS PRATIQUES    Souvenez-vous que des mises en garde extrêmement sévères ont été prononcées par de nombreux penseurs qui, comme Hume, jugent qu'une égalité excessive conduit à la tyrannie. Bien entendu, il y a également ici des allusions au totalitarisme contemporain. Le désir d'égalité conduit souvent à l'absence de liberté. Réciproquement, n'oubliez pas que certains réclament le droit d'aller jusqu'au bout de leur liberté. Être libre, c'est faire absolument ce que l'on veut et donner satisfaction à toutes ses passions. Donc, dans cette perspective, plus je suis libre, moins je suis l'égal de l'autre. Mais la vraie liberté est davantage pénétrée de rationalité et donc d'égalité. Sur le plan politique, liberté et égalité (justice) sont complémentaires.  

« Rousseau montre que la stricte égalité entre les citoyens garantit leurliberté et vice versa.Rousseau affirme que « renoncer à sa liberté, c'est renoncer à saqualité d'homme ».

Non seulement la liberté est inaliénable, et nul nepeut vouloir être soumis à un autre, mais surtout les hommess'associent pour conserver leur liberté et se préserver des rapports dedépendance personnelle par l'égalité de tous.Le problème de la création de l'Etat légitime peut donc s'énoncer ainsi :« Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute laforce commune la personne et les biens de chaque associé, et parlaquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même etreste aussi libre qu'auparavant.

»Or, comment créer des lois et n'obéir à personne ? La réponse deRousseau est apparemment simple : « Le peuple soumis aux lois doit enêtre l'auteur.

»Chaque individu promet d'obéir à la « volonté générale ».

La « volontégénérale » est ce qu'il y a de commun dans toutes les volontés.

Parexemple, au moment où un groupe d'individus veut s'associer, il existeen chacun de ses futurs membres une volonté commune : créer cetteassociation, quelles que soient par ailleurs leurs volontés particulièreset différentes, singulières.

En promettant d'obéir à la « volonté générale», je ne promets en fait que d'obéir à moi-même, qu'à une partie de ma volonté, qui se trouve coïncider avec celle des autres.

Sans doute, en obéissant à la « volonté générale », neréaliserai-je pas toutes mes volontés, je ne satisferai pas tous mes intérêts.

Mais je me réaliserai que ce queje veux, que mes intérêts.

En aucun cas je ne serai soumis à la volonté d'un autre.

Bref, je resterai libre.« Tant que les sujets ne sont soumis qu'à de telles conventions, ils n'obéissent à personne, mais seulement àleur propre volonté.

»En obéissant à la loi, qui n'est qu'une déclaration de la « volonté générale », je perds ma liberté naturelle defaire tout ce que je veux ou plus précisément tout ce que je peux , étant donné la force des autres quipeuvent s'opposer à mes projets.

Mais je gagne précisément une liberté politique, qui me permet à la fois den'obéir qu'à moi-même (puisque je peux me considérer comme l'auteur de la volonté générale, qui est unepartie de MA volonté), et ne pas subir la volonté d'un autre (plus fort, plus rusé, plus riche).

[L'égalité ne peut être imposée que par la contrainte de la loi.

L'égalité nie donc la liberté naturelle.] Liberté et égalité sont incompatibles dans la natureLe droit «naturel», c'est le droit du plus fort («naturellement», les gros poisson mangent les petits).

Proclamerl'égalité de tous les hommes, c'est brimer les hommes supérieurs au profit des plus faibles.En règle générale, la loi et la nature se contredisent.

D'un point de vue naturel, le plus grand des maux est desubir l'injustice et non pas de la commettre.

Pour la loi, il ne faut pas commettre l'injustice.

Les lois sont ainsiétablies par les faibles - et pour eux - en vue de se protéger des débordements de force des plus puissants.C'est du point de vue des faibles que la loi décrète ce qui est digne d'éloge ou au contraire blâmable.

Lanotion d'égalité dans la justice obéit au même principe : la même loi pour tous, en établissant une égalité parle bas.

Quiconque n'agit pas comme le fait et le veut la multitude est puni par la loi.

Au contraire, la naturemontre qu'il est juste que le supérieur l'emporte sur l'inférieur, et le plus capable sur le moins capable.

Lanature est le siège d'une lutte de forces, où la plus puissante est destinée à l'emporter et à dominer.

Lesbâtisseurs d'Empires n'ont pas autrement agi, en pillant, massacrant, pour s'approprier et dominer.

Lasoumission à la justice égalitaire est donc le fait des faibles, qui craignent les puissants et sont incapables dedominer. "Certes, ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois, j'en suis sûr.

C'est donc en fonctiond'eux-mêmes et de leur intérêt personnel que les faibles font les lois, qu'ils attribuent des louanges, qu'ilsrépartissent des blâmes.

Ils veulent faire peur aux hommes plus forts qu'eux et qui peuvent leur êtresupérieurs.

C'est pour empêcher que ces hommes ne leur soient supérieurs qu'ils disent qu'il est vilain, qu'il estinjuste, d'avoir plus que les autres et que l'injustice consiste justement à vouloir avoir plus.

Car, ce qui plaîtaux faibles, c'est d'avoir l'air d'être égaux à de tels hommes, alors qu'ils leur sont inférieurs. Et quand on dit qu'il est injuste, qu'il est vilain, de vouloir avoir plus que la plupart des gens, on s'exprime ense référant à la loi.

Or, au contraire, il est évident, selon moi, que la justice consiste en ce que le meilleur aitplus que le moins bon et le plus fort plus que le moins fort.

Partout il en est ainsi, c'est ce que la natureenseigne, chez toutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités !. »

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