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La liberté de l'esprit a t-elle pour condition le travail ou le loisir ?

Publié le 29/09/2005

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esprit
Thèse que confirment aussi bien, à leur manière, Hegel ou Marx que l'anthropologie contemporaine.On est ainsi obligé d'admettre que l'existence du travail fait partie, avec les règles et la conscience de la mort (cf. entre autres Georges Bataille) de ce qui distingue l'être humain de l'animalité, et que le développement de l'esprit n'en est qu'une conséquence. On aurait donc tort de concevoir un homme doté d'esprit antérieurement à l'apparition du travail - et l'on peut affirmer que si le travailleur est méprisé dans la mentalité grecque (et jusque dans la philosophie - voir ce que dit Platon des «artisans» toujours soumis à la concupiscence et en conséquence incapables de comprendre les avantages du collectivisme mis en place dans la Cité idéale, ou la façon dont Aristote définit l'esclave comme un « outil animé »), la liberté intellectuelle dont jouissent dans l'antiquité les citoyens n'est possible que parce que les esclaves travaillent à leur place et à leur profit. C'est d'ailleurs bien ce que souligne Hegel: une telle liberté n'est encore que celle de «quelques-uns» - et non celle de l'esprit humain en général.Il est bon de rappeler que ces concepts - «liberté », «esprit», «travail» et même «loisir» - ne se déploient qu'au cours d'une histoire. De cette dernière, Hegel indique le schéma dans sa célèbre Dialectique du Maître et de l'Esclave, où il montre comment la conscience qui est capable d'accéder à la vraie liberté (c'est-à-dire celle qui agit, et qui retrouve la preuve de son existence dans le résultat de ses actes, dans la matière transformée par l'action) est bien celle de l'esclave. De ce point de vue, l'homme du loisir, le «maître», ne bénéficie que d'une liberté encore négative (celle qui correspond au moment du pour-soi), qui ne peut que refuser le réel, demeurer inactive et se trouver en conséquence «dépassée» par celle à laquelle parvient celui qui est en un premier temps son esclave.On en retiendra, en termes moins strictement hégéliens, que si la liberté de l'esprit semble trouver dans le loisir un temps particulièrement propice à son affirmation, c'est bien le travail qui en conditionne la possibilité et l'émergence.Encore faudrait-il garantir que le loisir n'est pas devenu un temps d'aliénation, au lieu d'être ce moment où l'esprit pourrait se consacrer aux activités qu'il privilégie authentiquement.
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« industriel, le travailleur perd la maîtrise de l'ensemble du processus et de l'ensemble des moyens techniques :devenu parcellaire, son travail ne maîtrise plus la machine mais au contraire se trouve maîtrisé par elle : « Dans lamanufacture et le métier, l'ouvrier se sert de son outil ; dans la fabrique il sert la machine », ajoute Marx.Dans le travail social, la technique prive l'homme de la jouissance de la communication et du choc en retour, caddes moyens de sa libération.

Pourtant, la machine sans sa valorisation par l'homme n'est que du « travail mort » :mais le travail vivant auquel sa valorisation par l'homme donne lieu n'a plus rien de libérateur.

Hegel le prophétisaitdéjà en quelque sorte : « enfin l'abstraction de la production fait le travail toujours plus mécanique et à la fin, il estpossible que l'homme en soit exclu et que la machine remplace l'homme » ( « PPD » $198).

Le ver était donc déjàdans le fruit : tout en permettant d'un côté à l'homme de devenir lui-même en rusant avec la nature, la techniquesemble aussi être ce qui risque de se réapproprier la notion de travail en en excluant l'homme.Est-ce, finalement, si grave ? Le début du XX ième ressentait le développement du machinisme et la rationalisationdu travail comme des chances pour l'homme, et ce, dans une perspective qui n'était pas toujours hypocrite etcynique.

Les hommes privés de travail n'en sont-ils pas pour autant des hommes ? N'y a-t-il pas finalement lieu derêver d'une organisation du travail qui les libère de ce qu'ils ont toujours vécu comme une contrainte ? Rousseau montre par exemple (dans le second Discours) qu'il n'y a àstrictement parler d'être humain, doté des qualités qui lui sont ordinairementattribuées, dont fait incontestablement partie la pensée, ou si l'on préfèrel'esprit, qu'à partir des premières sociétés et de l'apparition du travail.

Thèseque confirment aussi bien, à leur manière, Hegel ou Marx que l'anthropologiecontemporaine.On est ainsi obligé d'admettre que l'existence du travail fait partie, avec lesrègles et la conscience de la mort (cf.

entre autres Georges Bataille) de cequi distingue l'être humain de l'animalité, et que le développement de l'espritn'en est qu'une conséquence.

On aurait donc tort de concevoir un hommedoté d'esprit antérieurement à l'apparition du travail — et l'on peut affirmerque si le travailleur est méprisé dans la mentalité grecque (et jusque dans laphilosophie — voir ce que dit Platon des «artisans» toujours soumis à laconcupiscence et en conséquence incapables de comprendre les avantagesdu collectivisme mis en place dans la Cité idéale, ou la façon dont Aristotedéfinit l'esclave comme un « outil animé »), la liberté intellectuelle dontjouissent dans l'antiquité les citoyens n'est possible que parce que lesesclaves travaillent à leur place et à leur profit. C'est d'ailleurs bien ce que souligne Hegel: une telle liberté n'est encore quecelle de «quelques-uns» — et non celle de l'esprit humain en général.Il est bon de rappeler que ces concepts — «liberté », «esprit», «travail» etmême «loisir» — ne se déploient qu'au cours d'une histoire.

De cette dernière, Hegel indique le schéma dans sacélèbre Dialectique du Maître et de l'Esclave, où il montre comment la conscience qui est capable d'accéder à lavraie liberté (c'est-à-dire celle qui agit, et qui retrouve la preuve de son existence dans le résultat de ses actes,dans la matière transformée par l'action) est bien celle de l'esclave.

De ce point de vue, l'homme du loisir, le«maître», ne bénéficie que d'une liberté encore négative (celle qui correspond au moment du pour-soi), qui ne peutque refuser le réel, demeurer inactive et se trouver en conséquence «dépassée» par celle à laquelle parvient celuiqui est en un premier temps son esclave.On en retiendra, en termes moins strictement hégéliens, que si la liberté de l'esprit semble trouver dans le loisir untemps particulièrement propice à son affirmation, c'est bien le travail qui en conditionne la possibilité et l'émergence.Encore faudrait-il garantir que le loisir n'est pas devenu un temps d'aliénation, au lieu d'être ce moment où l'espritpourrait se consacrer aux activités qu'il privilégie authentiquement.Les analystes du loisir contemporain confirment hélas que le loisir n'est pas synonyme de liberté, mais qu'il est aucontraire devenu occasion (ou même obligation) de consommation de plus en plus vécue ou ressentie comme «normale», et que de la sorte il renforce le poids de l'économique sur la vie des sujets. En s'inspirant à la fois de Marx et de Freud, Herbert Marcuse évoque, à propos de la société moderne, un «enrégimentement du temps libre » : le loisir ne doit plus être l'occasion d'un plaisir authentique satisfaisant lespulsions.

Dominée par ce qu'il nomme un « principe de rendement » qui cherche à étouffer le « principe de plaisir »dans l'individu, l'organisation de la société étend les exigences du temps de travail jusque sur le tempsthéoriquement libre.C'est d'abord, ce qui demeure assez classique, grâce à la lourdeur du travail aliéné que le loisir est ramené à n'êtrequ'un temps de récupération, aussi bien physique que mental, qui doit préparer la reprise du travail.

Ce qui confirmequ'à un travail abrutissant ne peut correspondre qu'un loisir lui-même de piètre qualité, et montre amplement que lesdeux moments ne sont pas aussi « opposés » qu'on veut encore parfois le croire. C'est ensuite en développant une véritable industrie des loisirs, grâce à laquelle l'individu ne doit pas être laissé àlui-même.

Cette « industrie » a pu faire ses preuves dans les régimes totalitaires, puisque les moments de repos yétaient aussi soigneusement organisés et encadrés que les moments de travail.

Mais, sans aller jusqu'à de tellesorganisations par l'État lui-même, ce serait, selon Marcuse, toute société régie par le principe de rendement qui enviendrait à rentabiliser les loisirs, non seulement en termes économiques, mais d'abord pour y confirmer la définitionde tout individu comme consommateur permanent parfaitement intégré dans le système global de la production, et. »

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