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Faut-il dire de l'homme qu'il est libre ou qu'il se libère ?

Publié le 11/01/2004

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Cette certitude psychologique de la liberté se vérifie, de fait, dans le fonctionnement des sociétés. En effet, le fait que les crimes et les délits soient jugés et éventuellement punis indique un jugement sur la responsabilité des accusés. Or la responsabilité présuppose la liberté d'agir. On ne peut en effet déclarer un homme véritablement responsable d'une action que s'il était libre de commettre ou de ne pas commettre cette action. Autrement dit, la prise en considération, de fait, de la responsabilité humaine est une donnée sociale immédiate qui implique la liberté comme une donnée préalable. 2. L'illusion toujours possible de la liberté: seule la libération, comme conquête de la liberté, est envisageable.A. Déterminisme et illusion du libre arbitre.Il s'agit ici de remettre en question la certitude psychologique de la liberté en mettant en évidence les déterminismes plus ou moins conscients qui agissent sur la volonté.

« B.

La connaissance du déterminisme comme condition de possibilité de conquête de la liberté. La remise en cause de cette certitude psychologique ne signifie par pour autant qu'il faille abandonner l'idée deliberté.

Au contraire, on peut comprendre la mise en évidence du déterminisme subi par l'homme comme un travailpréalable nécessaire à sa libération.

Autrement dit, on peut comprendre la sociologie et les sciences humaines engénéral comme un effort critique afin d'assurer à l'homme une liberté qui soit autre chose qu'une illusion.

C'est direque la liberté apparaît ici comme la fin d'une conquête.

Cette conquête réside dans le processus de libération, etimplique une lutte de la raison pour reprendre le terrain conquis par les préjugés, l'ignorance et l'idéologie. 3.

La liberté est à la fois donnée et ordonnée. A.

La liberté comme donnée déduite du fait de la raison. Si l'on veut assurer la possibilité de cette conquête, il importe de prouver la possibilité même d'une liberté quiéchappe au déterminisme.

Autrement dit, la question est de savoir si l'on peut dépasser la simple preuvepsychologique de la liberté pour véritablement fonder sa certitude.

On peut répondre par l'affirmative à cettequestion en mettant en évidence, avec Kant (Critique de la raison pratique), la certitude de la libertétranscendantale.

La conscience de la loi morale, comme fait de la raison même, implique en effet cette libertétranscendantale.

En d'autres termes, la liberté est une donnée certaine de la nature humaine que l'on peut prouverindirectement à partir de la conscience morale: si la raison dit «tu dois», elle dit nécessairement en même temps «tupeux». Demanderais-je pourquoi « je dois », je ramènerais alors l'obligation morale à une obligation conditionnelle qui ne vaudrait que relativement à autre chosede posé.

Kant ne peut admettre que le devoir puisse être déterminé par des conditions empiriques.

Le devoir a sa source dans la raison et se définit, endehors de tout rapport à des mobiles sensibles ou à des situationsparticulières.

Il prend la forme d'une loi rationnelle.

D'une part, cette lois'impose au sujet comme une obligation absolue, cad impérieuse etinconditionnelle.

Elle constitue donc un impératif catégorique qui se distinguedes impératifs hypothétiques de l'habileté et de la prudence.

D'autre part,dans sa forme, elle se réduit à un pur jugement : « tu dois », indépendamment de ce sur quoi elle porte.

La loi ne peut, en effet, êtrecatégorique que dans la mesure où elle reste libre de tout contenu. Ainsi donc, la raison ne nous prescrit aucune obligation concrète du type :« Dans tel cas, tu dois faire ceci ».

Mais elle nous prescrit d'obéir aux règles qui peuvent, sans contradiction, prendre la forme d'une loi universelle.

Onpeut, par conséquent, dire qu'il n'y a qu'une seule formule du devoir : « Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même tempsqu'elle devienne une loi universelle.

» (« Fondements de la métaphysique des moeurs »).

Par maxime il faut entendre le principe subjectif du vouloir, cad celui qui détermine intérieurement la volonté agissante.

Cette formulepermet de reconnaître dans tous les cas et sans hésitation son devoir.

Si jeme demande par exemple si une promesse trompeuse est conforme au devoir, « le moyen de m'instuire le plus rapidement, tout en étant infaillible, est de me demander à moi-même : accepterais-je bien avec satisfaction quema maxime (de me tirer d'embarras par une fausse promesse) dût valoir comme une loi universelle (aussi bien pourmoi que pour les autres) ? [...] Je m'aperçois bientôt ainsi que, si je peux bien vouloir le mensonge, je ne peux enaucune manière vouloir une loi universelle qui commanderait de mentir : en effet, selon une telle loi, il n'y auraitplus à proprement parler de promesse. » (idem) .

La raison en est que si tout le monde mentait, on ne croirait plus aux promesses de personne.

Par conséquent la maxime qui me pousse à faire une fausse promesse, « du moment qu'elle serait érigée en loi universelle se détruirait nécessairement elle-même. » B.

L'autonomie comme conquête. Cette certitude de la liberté apparaît parallèlement comme une exigence: en effet, la liberté transcendantale estfine donnée qui ne se donne qu'à travers l'impératif du devoir.

C'est pourquoi la liberté est toujours une conquête:elle est «ordonnée» par la raison comme «autonomie», c'est-à-dire comme capacité à agir uniquement en fonctionde l'impératif catégorique.

Et si la possibilité de cette autonomie est certaine, dans les faits, sa réalisation est uneconquête jamais assurée.

La liberté comme autonomie est une conquête de l'homme sur lui-même, afin qu'il semontre à la hauteur de l'exigence qu'il porte en lui-même.. »

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