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La liberté de penser peut-elle se passer de la liberté d'expression ?

Publié le 01/04/2004

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Ce sujet repose sur les différents sens que l'on peut accorder au terme liberté, selon que l'on considère cette notion sous un angle purement philosophique (comme liberté essentiellement intérieure) ou sous un angle politique. Il faudra, bien entendu, utiliser vos connaissances sur la philosophie stoïcienne d'une part, qui privilégie la liberté intérieure, sur la philosophie politique d'autre part, pour laquelle il ne saurait y avoir de liberté sans possibilité d'agir.

I - Qu'est-ce que penser ? L'importance de l'expression pour la pensée.

II - Il n'y a pas de vraie liberté de penser sans liberté d'expression.

III - Ne faut-il pas définir des limites à la libre expression des pensées ?

« III - Quelles limites peuvent être définies pour la liberté d'expression ? Mais tout peut-il être exprimé ? Toute expression est-elle légitime ? Il est faux d'affirmer que toute opinion dispose d'undroit à l'expression publique.

L'État le plus libéral ne pourra tolérer un appel à la haine ou au meurtre, ou encore àl'insurrection ou au massacre.

L'expression doit être soumise aux lois et c'est au législateur de décider ce qui doit être tuet ce qui doit être dit.

Généralement, comme le souligne Hegel, plus un État est fort et sûr de lui-même plus il aura tendance à laisser s'exprimer les opinions, même les plus irresponsables, tant il peutêtre sûr de lui.

Il n'en reste pas moins qu'il doit protéger l'honneur et la survie de sescitoyens.

Comment justifier et assurer une liberté d'expression suffisante pour garantirl'entière liberté de penser ? Dans un autre opuscule Qu'est-ce que les lumières ? Kantmontre que les lumières constituent la seule garantie de la libération des hommes deleur minorité (le fait qu'ils ne pensent pas par eux-mêmes mais s'en remettent à desdirecteurs de conscience).

Le progrès des lumières est la seule et décisive garantiedes droits d'un peuple.

Aucune institution ne saurait en effet garantir lefonctionnement libre de toutes les institutions si n'est pas possible un dialogueuniversel et constant entre tous les sujets raisonnables.

Il faut donc que soit garantiela possibilité de s'adresser à tous les hommes raisonnables, dans des écrits, et doncde soumettre toute pensée au « public qui lit ».

Allons encore plus loin, une telleliberté ne saurait être suffisante dès lors que les échanges se font de façonanarchiques entre savants et philosophes.

L'institution d'une université dans laquelleles échanges en raison se font, sous la garantie de l'État, sans que lui-mêmeintervienne dans le fond du débat constitue selon Kant la meilleure défense d'uneliberté de penser.

La liberté n'a jamais signifié licence.

Il ne saurait être question quela liberté d'expression implique un droit illimité de publier n'importe quel délire.

Dèsqu'elle est exprimée la pensée est un acte et comme telle soumise aux lois.

Il resteque c'est seulement le progrès de la pensée (garantie par la liberté de la discussionen raison) qui permet le progrès des peuples et l'évolution pacifique du contenu deslois. Conclusion On peut donc conclure que la liberté d'expression et d'échange des pensées est essentielle à une liberté de penser qui nesaurait être confondue avec la licence totale d'exprimer n'importe quelle opinion, lorsque celle-ci tombe sous le coup deslois. « Toute personne a droit à la liberté de penser, de conscience et de religion.

» Déclaration universelle des droits de l'homme, 1948. « Voilà que j'entends crier de tous côtés : "Ne raisonnez pas !" L'officier dit : "Ne raisonnez pas, faites vos exercices!" Lepercepteur : "Ne raisonnez pas, payez!" Le prêtre : "Ne raisonnez pas, croyez !" [...] Dans tous ces cas, il y a limitation dela liberté.

» Kant, Qu'est-ce que les Lumières ? 1784. « L'État qui enlève aux hommes la possibilité de communiquer publiquement leurs pensées leur ôte en même temps laliberté de penser.

» Kant, Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée?, 1786. Pour Kant en effet, nous pensons d'autant plus librement que nous avons accès à la pensée des autres et que nouspouvons publiquement leur faire part de nos propres pensées.

Où il n'y a pas de liberté d'expression, il n'y a pas de libertéde penser. « Non seulement cette liberté [de juger] peut être accordée sans danger pour la piété et la paix de l'État, mais même onne pourrait la supprimer sans détruire la paix de l'État et la piété.

» Spinoza, Traité théologico-politique, 1670. « S'il était aussi facile de commander aux esprits qu'aux langues, aucun gouvernement ne se trouverait jamais en périlet aucune autorité n'aurait besoin de s'exercer par des moyens violents.

» Spinoza, Traité théologico-politique, 1670. « Dès que le plus faible des hommes a compris qu'il peut garder son pouvoir de juger, tout pouvoir extérieur tombedevant celui-là.

» Alain, Propos du 3 fév.

1923. On peut me priver de tout, sauf de ma liberté de penser.

Ainsi, quoi que je sois contraint de faire ou de dire, nul ne peutme contraindre à penser autrement que je pense. « Le dicton d'après lequel la vérité triomphe toujours de la persécution, est un des plaisants mensonges que leshommes répètent l'un après l'autre jusqu'à ce qu'ils passent en lieux communs [...].

L'histoire est remplie de faits montrantla vérité réduite au silence par la persécution.

»John Stuart Mill, De la liberté, 1859 .. »

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