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La liberté peut-elle être un fardeau?

Publié le 09/04/2005

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fardeau

il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait. « L'homme n'est ni ceci ni cela. Son existence n'est d'abord soutenue par rien. C'est précisément parce que l'homme n'est d'abord rien qu'il se distingue de toute autre réalité et que son existence est liberté, ne peut qu'être liberté. La chose qui est ceci ou cela, qui n'est que ce queue est, ne saurait être libre. Un arbre ne peut jamais être que l'arbre qu'il est. Un objet n'a pas à être : un coupe-papier, par exemple, est. Tout objet matériel est. L'homme n'est pas. Il n'est pas d'avance ceci ou cela, ce qu'il va devenir n'est pas décidé d'avance.

Le terme « liberté « désigne pouvoir et donc c’est affirmer son existence. En latin, liber signifie libre, sans chaînes, sans entraves et s’oppose à servus, l’esclave. Libertas désignait ainsi la condition de l’Homme libre qui peut agir à sa guise. L’esclave se libère dans l’angoisse car être asservi, ne pas exister peut paraître reposant: quelqu’un prend toutes les décisions à notre place. Exister c’est être responsable, savoir qu’on doit agir et s’engager et être culpabilisé si on ne le fait pas. On doit être libre si on veut échapper à la déréliction de la situation d’esclave. Ce choix est souvent douloureux: un cas de conscience. C’est lorsque notre liberté est limitée que quelque chose pèse sur nous: c’est donc plutôt le manque de liberté qui paraît pesant. Notre liberté est limitée par des déterminations qui pèsent sur elle. Comment la liberté pourrait elle être un fardeau? La question n’est pas de savoir ce qui peut peser sur notre liberté mais au contraire, en quel sens la liberté peut elle elle même pesante, et dans quelle condition nous pouvons souhaiter nous en débarrasser. La liberté est avant tout pouvoir de choisir: je suis libre si je peux choisir. En résumé, les Hommes désirent la liberté et pourtant dès que la responsabilité les implique personnellement, donc la liberté semble être un fardeau difficile à porter. Si les Hommes désirent être libres, alors comment comprendre qu’ils rejettent la responsabilité impliquée, alors comment comprendre qu’ils désirent la liberté? Comment cette liberté peut être sitôt désirée et sitôt rejetée?

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« La liberté est un fardeau qui m'engage auprès de l'humanité toutentière.

L'homme est condamné à être libreSartre doit son immense notoriété à la vogue de l'existentialisme(philosophie de la liberté et de la responsabilité), dont il fut considérécomme le fondateur, même si la lecture de la « Phénoménologie » deHusserl et de « L'Etre et le Temps » de Heidegger l'a profondémentinfluencé.

Deux formules pourraient résumer sa conception de la liberté.La première, que l'on trouve dans « Saint Genet » (1952): « L'importantn'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.

» La seconde, qui figure dans unopuscule intitulé « L'Existentialisme est un humanisme » (Nagel) oùSartre répond à diverses objections formulées notamment, par lescatholiques et les marxistes à sa conception existentialiste de l'homme:« L'homme est condamné à libre.

»Qu'est-ce que l'existentialisme ? C'est l'affirmation que, chez l'homme,l'existence précède l'essence.

Autrement dit, rien n'est donné d'avanceà l'homme.

N'ayant pas d'essence préalable, l'homme se trouvecondamné à choisir librement son essence :« Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? Celasignifie que l'homme existe d'abord, se rencontre, surgit dans le monde,et qu'il se définit d'abord.

L'homme tel que le conçoit l'existentialiste, s'iln'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

il ne sera qu'ensuite,et il sera tel qu'il se sera fait.

» L'homme n'est ni ceci ni cela.

Son existence n'est d'abord soutenue par rien.

C'est précisément parce quel'homme n'est d'abord rien qu'il se distingue de toute autre réalité et que son existence est liberté, ne peutqu'être liberté.

La chose qui est ceci ou cela, qui n'est que ce queue est, ne saurait être libre.

Un arbre nepeut jamais être que l'arbre qu'il est.

Un objet n'a pas à être : un coupe-papier, par exemple, est.

Tout objetmatériel est.

L'homme n'est pas.

Il n'est pas d'avance ceci ou cela, ce qu'il va devenir n'est pas décidéd'avance.

L'homme est ce qu'il se fait:« Ainsi il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir L'homme est seulement,non seulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme il seveut après cet élan vers l'existence; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait.

» Et si l'homme n'est d'abord rien et doit librement choisir son essence, cela signifie qu'il est pure subjectivité,projet :« C'est aussi ce qu'on appelle la subjectivité.

et que l'on nous reproche sous ce nom même.

Mais que dire parlà, sinon que l'homme a une plus grande dignité que la pierre ou la table ? Car nous voulons dire que l'hommeexiste d'abord, c'est-à-dire que l'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce qui est conscient dese projeter dans l'avenir L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement, au lieu d'être une mousse,une pourriture ou un chou-fleur » La liberté est donc, pour Sartre, un absolu qui ne se choisit pas.

L'homme ne choisit pas d'être libre, il l'est, ilne peut que l'être.

Il l'est tout entier et toujours.

Il ne saurait être tantôt libre, tantôt esclave.

Ce que Sartreexprime sous cette formule : « L'homme est condamné à être libre.

»Si l'homme est celui qui se fait, ce projet réalise pas dans l'intimité douillette d'un ego refermé sur lui-même,mais ne peut se réaliser que dans son rapport au monde et à autrui.

L'homme est « en situation ».

C'est-à-dire qu'il est « conditionné par sa classe », « son salaire », « la nature de son travail », conditionné jusqu'àses sentiments et ses pensées.

Mais si l'homme ne peut pas choisir sa classe sociale, il peut se choisir lui-même dans sa « manière d'être ».

Sartre lui-même reconnaît en 1940 qu'il est « le produit monstrueux ducapitalisme, du parlementarisme, de la centralisation et du fonctionnalisme », mais c'est à partir de cettesituation familiale qui l'a constitué qu'il entreprend de se « personnaliser ».

D'où la formule : « L'important n'estpas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait de nous.

» La situation n'est pas quelque chose qui limite la liberté elle est ce à partir d'où commence la liberté.

C'est laraison pour laquelle Sartre a pu écrire en 1944 dans « Les Lettres française » (fondé par Aragon et Paulhan):« Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande.

» Qu'est-ce à dire, sinon qu'à cemoment-là, puisque nous étions traqués, «chacun de nos gestes avait le poids de l'engagement » ? La libertéest donc le choix permanent qui oblige chacun, à chaque instant, quel que soit l'obstacle ou la situation, à sefaire être.Ainsi, pour Sartre, si l'existence précède l'essence et si Dieu n'existe pas, l'homme est alors responsable de cequ'il fait, de ce qu'il est : « Nous n'avons ni derrière nous, ni devant nous, dans le domaine lumineux desvaleurs, des justifications ou des excuses.

Nous sommes seuls, sans excuses.

C'est ce que j'exprimerai endisant que l'homme est condamné à être libre.

Condamné parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurscependant libre, parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait.

» Mais par là, Sartre signifie aussi que l'homme est « responsable de tous les hommes » :« Quand nous disons que l'homme se choisit, nous entendons que chacun d'entre nous se choisit, mais par lànous voulons dire aussi qu'en se choisissant, il choisit tous les hommes.

». »

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