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Liberté et raison

Publié le 27/02/2004

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Vocabulaire: RAISON: Du latin ratio, « calcul », « faculté de calculer, de raisonner » (en grec logos).* Au sens subjectif : mode de penser propre à l'homme (lui-même défini comme « animal raisonnable »).* Par opposition à l'intuition : faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de déduire des conséquences.* Par opposition à la passion ou à la folie : pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal.* Par opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en tout homme.* Par opposition à l'expérience : faculté de fournir des principes a priori (c'est-à-dire indépendants de l'expérience)* Au sens objectif : principe d'explication, cause (exemple : les raisons d'un phénomène).* Argument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons). LIBERTÉ:Ce mot, en philosophie a trois sens :1° Libre arbitre. Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun d'eux.2° Liberté de spontanéité.

De prime abord la liberté est définie comme étant une absence de contraintes. Dans ce cas la raison, comprise comme génératrice de règles, s’oppose à cette liberté, lui fait obstacle. L’homme serait plus libre dans la mesure où sa raison le contraindrait le moins possible. Or poussée à l’extrême cette forme de liberté est appelée liberté négative ou illimitée. Ce caractère illimité va de pair alors avec une absence de détermination. Cependant si la raison exerce bien sur l’homme une force contraignante qu’il peut ressentir comme étant un obstacle à sa liberté, elle est aussi ce qui permet de donner une signification et une orientation à nos actions. D’autre part la liberté ne peut se réduire à cette liberté négative. En effet la liberté n’exclut pas nécessairement toute contrainte, au contraire elle peut prendre sens par ces contraintes, ces limites. Deux acceptions de la liberté doivent donc être distinguées : la liberté négative et la liberté positive. Selon l’acception envisagée notre réponse au problème de la relation entre la raison et la liberté différera.

« Spinoza : la liberté, une nécessité bien comprise • D'après Spinoza, est libre celui qui se soumet aux lois naturelles.

Il s'opposedonc à l'opinion commune qui croit que les lois sont synonymes de contrainteset que la liberté consiste à s'en affranchir. • Spinoza considère ainsi que l'homme n'est pas « un empire dans un empire», mais fait partie de la Nature, et à ce titre lui obéit.

Faire acte d'allégeanceenvers la Nature, c'est acquiescer à la nécessité qui règne et c'est là, laliberté authentique. Ils conçoivent l'homme comme un empire dans un empire. ► En déclarant à propos des moralistes : "En vérité, on dirait qu'ilsconçoivent l'homme dans la nature comme un empire dans un empire",Spinoza (1632-1677) récuse la morale, affirme une conception nouvelle de laliberté.

Cette fameuse formule « l'homme comme un empire dans un empire »se retrouve souvent sous la plume de Spinoza, mais elle est explicitéeclairement dans la préface du troisième livre de L'Ethique, son ouvrageprincipal. ► Spinoza est, comme Descartes, l'héritier de la «révolution galiléenne ».

Les découvertes de Galilée entraînent uneréforme totale des sciences et obligent à redéfinir la place de l'homme dans l'univers.

Ma is Spinoza, à la différence de son précurseur Descartes, accepte de tirer de la science nouvelle des implications morales et politiques.

Celles-ciseront perçues comme ,tellement inouïes, révolutionnaires, tranquillement opposées à l'absolutisme politique et auconformisme religieux, qu'elles vaudront à Spinoza avec les surnoms de «chien galeux» et «d'impie », une vieprécaire et menacée.Une des principales conséquences des découvertes de Galilée, c'est que la nature apparaît comme désenchantée,uniquement régie par les lois scientifiques, les lois de la mécanique.

Spinoza en tire la conclusion suivante : il fautconsidérer l'homme comme une partie de la nature comme une autre et dont tous les actes s'expliquent par des lois,des causes.

Mais il s'inscrit ainsi contre la conception traditionnelle de la liberté humaine, qui veut que l'hommedécide souverainement de ses actions, qu'il soit doté de «libre-arbitre ».

Cette conception traditionnelle s'adosse àla religion.

Descartes l'a exprimée le plus clairement en disant que notre volonté était infinie comme celle de Dieu.Bref, dire que l'homme a été créé à l'image de Dieu, cela signifierait que l'homme est libre, que sa volonté est libre.Or Spinoza conteste ce point en disant que cela revient à considérer « l'homme dans la nature comme un empiredans un empire».Pour récuser cette conception, Spinoza considère la façon dont la morale parle des passions et des hommespassionnés.Les moralistes considèrent les passions comme un vice de la nature humaine : le passionné est condamnable parcequ'il est responsable de sa passion, il ne suit aucun des conseils que les moralistes lui donnent, il fait un mauvaisusage de sa volonté, il se rend complice de son vice.

En clair, résume Spinoza :« Ils cherchent la cause de l'impuissance et de l'inconstance humaine [...] dans je ne sais quel vice de la naturehumaine, et pour cette raison pleurent à son sujet, la raillent, la méprisent, ou le plus souvent la détestent : qui saitle plus éloquemment ou le plus subtilement censurer l'impuissance de l'âme humaine est tenu pour divin.

»La position moraliste amène et à l'auto-glorification — censurer le vice, c'est se faire passer pour divin — et aumépris de l'homme.

L'homme est raillé, méprisé, détesté.Mais, et ici s'amorce la critique spinoziste, l'homme n'est pas compris.

Les moralistes n'ont jamais expliqué ni cequ'était une passion, ni quelles en étaient les causes.

La preuve de leur impuissance à connaître, est précisémentque personne ne peut suivre leur conseil, qu'ils n'ont jamais aidé personne à surmonter sa faiblesse, et que la seulechose que nous enseigne la morale est le mépris de l'être humain.

Les moralistes sont ceux qui « aiment mieuxdétester ou railler les affections el les actions des hommes que de les connaître ».D'où proviennent l'incompréhension et l'impuissance des moralistes ? De ce qu'ils n'ont pas compris que l'hommen'était qu'une partie de la nature comme une autre, c'est-à-dire soumis à des lois.

Les passions sont desphénomènes naturels comme les autres, qui ont des causes naturelles, comme tous les autres phénomènes naturels.Être passionné, ce n'est pas avoir une nature vicieuse ; il n'y a pas de nature vicieuse.

Qu'un homme soit ambitieux,cruel, jaloux, cela s'explique de la même façon qu'on explique la chute des corps ou qu'un chien a la rage.

On neblâme pas un chien parce qu'il a la rage on ne blâme pas la pierre parce qu'elle tombe quand on la lâche : on tentede comprendre, par les causes, pour prévenir et pour guérir.

Il doit en aller de même pour les passions, cesprétendus vices de la nature humaine Les passions « reconnaissent certaines causes par où elles sont clairementconnues, et ont certaines propriétés aussi dignes de connaissance que les propriété d'une autre chose quelconque».L'erreur des moralistes provient donc de ce qu'ils reconnaissent que toutes les choses dans la nature sont soumisesà des lois sauf l'homme, que tout phénomène a une cause sauf dans le cas des actions humaines.

Ils pensent doncque l'homme est « un empire dans un empire ».Ces moralistes ont donc une conception erronée de la liberté.

Parlant des passions, ils « semblent traiter non dechoses naturelles qui suivent les lois communes de la nature, mais de choses qui sont hors de la nature [...] Ilscroient en effet que l'homme [...] a sur ses actions un pouvoir absolu.

» La religion et la tradition philosophique fontde l'homme une exception dans la nature en affirmant que sa volonté est libre, qu'il peut décider en toute autonomie. »

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