Devoir de Philosophie

Le lien social: l'homme en société

Publié le 13/01/2004

Extrait du document

Si donc la nature a donné les moyens à l'homme de faire de la politique, c'est pour qu'il le fasse. c) Enfin, il faut ajouter que l'homme ne se réalise véritablement que dans le domaine politique. C'est grâce à la vie sociale que l'homme peut cultiver la « prudence » la vertu éthique la plus haute, celle qui permet de réaliser le bien, c'est-à-dire de se conduire selon la raison. La prudence étant « une disposition pratique, accompagnée d'une règle vraie, concernant ce qui est bon et mauvais pour l'homme » (Ethique à Nicomaque, livre VI, chapitre 5, 1140b5), on comprend que celle-ci ne peut s'épanouir que dans la vie sociale, hors laquelle il n'y a pas de réflexion sur ce qui est bon ou mauvais pour l'homme. Aussi serait-il naïf de concevoir l'homme indépendamment du lien social. Transition : Mais n'est-ce pas un mythe créé par les faits que cette thèse d'après laquelle l'homme se réaliserait dans la société ?   Le fait social est second, à l'état de nature, l'homme vit solitaire. a) Ce qu'Aristote a vu, ce n'est pas l'homme tel que la nature l'a fait, mais un homme déjà changé par le temps et les circonstances. « Semblable à la statue de Glaucus que le temps, la mer et les orages avaient tellement défigurée qu'elle ressemblait moins à un dieu qu'à une bête féroce, l'âme humaine altérée au sein de la société par mille causes sans cesse renaissantes, par l'acquisition d'une multitude de connaissances et d'erreurs, par les changements arrivés à la constitution des corps, et par le choc continuel des passions, a, pour ainsi dire, changé d'apparence au point d'être presque méconnaissable » écrit Rousseau dans la préface du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Ainsi Aristote a-t-il tiré des faits bruts la croyance que l'homme était par nature un animal politique, or les faits ne prouvent rien quant à la nature d'une chose, il faut savoir « écarter tous les faits » (Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, préface).

« Considérer que l'homme puisse vivre indépendamment de tout lien social, c'est imaginer qu'il soit tout à fait possibleà un homme d'accomplir sa vie et son identité d'homme en restant toujours à l'écart de la société.

Une tellehypothèse pose problème car la société étant omniprésente, nous ne connaissons quasiment pas d'hommes qui aientvécu une telle expérience de la solitude.

Quant à ceux que nous connaissons, correspondent-ils encore vraiment àl'idée que nous nous faisons de l'homme ? Cela étant posé, la multitude de conflits qui se font jour dans toutes lessociétés invite également à se poser cette question : sommes-nous vraiment faits pour ça ? Puisque ça nefonctionne pas, n'est-ce pas la preuve que là n'est pas la solution ? Ne faudrait-il pas justement délier l'homme de lasociété pour le retrouver tel qu'il est en sa nature profonde ? Proposition de plan : L'homme est un animal politique.

1. a) Aristote part d'un constat : il n'y a pas d'hommes vivant en dehors de lasociété.

L'homme est « un animal politique par nature » ( Politiques I, 2, 1252b) et « celui qui est hors cité, naturellement bien sûr et non par lehasard des circonstances est soit un être dégradé soit un être surhumain »(Politiques I, 2, 1252b).

La naturalité de la vie sociale est par ailleurs attestée par le fait que l'homme naît au sein d'une famille, première forme de viesociale.b) D'autre part, « seul parmi les animaux l'homme a un langage » ( Politiques I, 2, 1253a), et si l'homme est doué du langage, c'est bien parce qu'il est faitpour la vie en société.

En effet, le langage sert à « manifester l'avantageuxet le nuisible, et par suite aussi le juste et l'injuste » ( Politiques I, 2, 1253a2), or, échanger des idées sur la justice, c'est bien ce qu'on appelle faire de lapolitique et se soucier du lien social.

Si donc la nature a donné les moyens àl'homme de faire de la politique, c'est pour qu'il le fasse.c) Enfin, il faut ajouter que l'homme ne se réalise véritablement que dans ledomaine politique.

C'est grâce à la vie sociale que l'homme peut cultiver la« prudence » la vertu éthique la plus haute, celle qui permet de réaliser lebien, c'est-à-dire de se conduire selon la raison.

La prudence étant « unedisposition pratique, accompagnée d'une règle vraie, concernant ce qui estbon et mauvais pour l'homme » ( Ethique à Nicomaque , livre VI, chapitre 5, 1140b5), on comprend que celle-ci ne peut s'épanouir que dans la vie sociale, hors laquelle il n'y a pas de réflexion sur ce qui est bon ou mauvais pour l'homme.

Aussi serait-il naïf de concevoirl'homme indépendamment du lien social.

C'est au second chapitre du premier livre de la « Politique » que l'on retrouve en substance la formule d'Aristote.

On traduit souvent mal en disant : l'homme est un « animal social », se méprenant sur le sens du mot « politique », qui désigne l'appartenance de l'individu à la « polis », la cité, qui est une forme spécifique de la vie politique, particulière au monde grec.En disant de l'homme qu'il est l'animal politique au suprême degré, et en justifiant sa position, Aristote, à la fois se fait l'écho de la traditiongrecque, reprend la conception classique de la « cité » et se démarque des thèses de son maître Platon . Aristote veut montrer que la cité, la « polis », est le lieu spécifiquement humain, celui où seul peut s'accomplir la véritable nature de l'homme : la « polis » permet non seulement de vivre mais de « bien vivre ».

Il affirme de même que la cité est une réalité naturelle antérieure à l'individu : thèse extrêmement surprenante pour un moderne, et que Hobbes & Rousseau voudront réfuter, puisqu'elle signifie que l'individu n'a pas d'existence autonome et indépendante, mais appartient naturellement à une communauté politique qui lui est « supérieure ».

Enfin Aristote tente de différencier les rapports d'autorité qui se font jour dans la famille, le village, l'Etat, et enfin la cité proprement dite.La cité est la communauté politique au suprême degré et comme elle est spécifiquement humaine, « L'homme est animal politique au suprême degré ».

En effet la communauté originaire est la famille : c'est l'association minimale qui permet la simple survie, la reproduction « biologique » de l'individu et de l'espèce.

Composée du père, de la mère, des enfants et des esclaves, elle répond à des impératifs vitaux minimaux, à une sphère« économique » comme disent les Grecs.

« D'autre part, la première communauté formée en vue de la satisfaction de besoins qui ne sont pas purement quotidiens est le village. » Il faut comprendre que famille et village sont régis par le besoin, par la nécessité naturelle de la vie, et ne sont pas propres à l'humanité.Le cas de la « polis » est différent.

« Ainsi, formée au début pour satisfaire les besoins vitaux, elle existe pour permettre de bien vivre.

» Dans la « polis » se réalise tout autre chose que la simple satisfaction des besoins : sa fonction initiale (satisfaire les besoins vitaux) découvre autre chose de beaucoup plus important : non plus le vivre mais le bien vivre.

Non plus la simple vie biologique mais l'accès à la vie proprement humaine, quidépasse la sphère économique pour atteindre la sphère morale.« Car c'est le caractère propre de l'homme par rapport aux autres animaux d'être le seul à avoir le sentiment du bien et du mal, du juste et del'injuste, et des autres notions morales, et c'est la communauté de ces sentiments qui engendre famille et cité. » Seule la cité, la « polis », transcende les simples nécessités vitales et animales et permet à l'homme d'accéder à sa pleine humanité.

Elle naît de la mise en commun de ce qui est spécifiquement humain : la raison et les sentiments moraux.

Ainsi les modernes ont-ils tort de parler « d'animal social » : ce qu'Aristote désigne est moins l'appartenance à une communauté quelconque, ou encore régie par des intérêts « économiques », que l'accès à une sphère autre, seulement politique, et qui permet à l'homme de s'épanouir en tant qu'homme, de viser le bonheur, d'entretenir avec lesautres hommes des liens libres, libérés de tout enjeu vital.Plus étranges peuvent paraître les deux autres thèses, liées, d'Aristote, affirmant que la cité est une réalité naturelle, et surtout, qu'elle estantérieure par nature à l'individu.

Cela signifie que l'homme n'est pas autosuffisant : il n'est qu'une partie d'un tout : la cité, comme la mai est partie. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles