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Locke, Second traité du gouvernement civil, chap. V, §46

Publié le 11/04/2012

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COMMENTAIRE

 

 

Le passage qui nous est donné à étudier est extrait du chapitre V du Second traité du gouvernement civil, écrit par John Locke et publié en 1690. John Locke est un philosophe anglais du XVIIème siècle connu notamment pour ses théories politiques, que l’on dit inspiratrices du libéralisme. Dans ce chapitre, l’auteur parle de la propriété des choses, c’est-à-dire des biens matériels (et non la property dont le sens est plus large). Dans ce paragraphe 46, Locke s’interroge sur le droit de propriété, et tente plus précisément de répondre aux questions suivantes : qu’est-ce qui légitime de s’approprier ce que la nature a mis en commun à tous ? Dans quelle mesure cette appropriation peut-elle être limitée ? Dans un premier temps (lignes 1 à 16 « L’or, l’argent…les a cueillis et amassés «), nous verrons en quoi c’est le travail de l’homme sur la nature qui lui permet de se l’approprier. Ce qui nous amènera ensuite (lignes 17 à 33 « Ce à quoi seulement…légitime usage «) à étudier les limites que Locke fixe à cette appropriation, pour enfin comprendre, à la lumière d’une propriété légitime et respectueuse de certaine condition, ce qu’il en est des biens à valeur d’échange (lignes 33 à 47 « Aussi, s’il troque…qui en proviennent «).

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« sinon il serait facile à tout un chacun de se servir dans la nature sans effort : car c’est cet effort ajouté à ce que la nature a fourni à l’homme qui va faire d’un bien commun un bien qui me sera propre.

Et quand il est dit que tout le monde peut s’approprier des ressources naturelles, c’est que tous ont la capacité de travailler la nature, car chacun est propriétaire de soi et peut ainsi agir pour subvenir à ses besoins.

Autrement dit, pour s’approprier des biens que la nature a mis à disposition de tous, il faut lui ajouter notre travail .

L’auteur donne ensuite l’exemple d’un homme qui « amasse ou cueille » des glands ou des pommes.

Amasser et cueillir sont des actions : l’homme ajoute son effort et travaille la nature, et cela (l’action de l’homme sur la nature) fait que les glands et les pommes (produits naturels) deviennent son bien propre.

Il nous est possible d’observer que Locke insiste sur une grande quantité (« cent boisseaux »), et c’est ce qui va l’amener à développer le point suivant. La propriété est une loi naturelle, et elle n’a besoin d’aucune loi conventionnelle pour être légitime.

L’auteur emploie les mots « production » et « industrie » pour désigner l’effort que l’homme ajoute pour s’approprier la nature.

C’est ce qui pourrait s’apparenter à la praxis chez Aristote, qui désigne la modification d’éléments naturels par l’action humaine.

C’est ce que nous pourrions aujourd’hui appeler « valeur ajoutée ».

Notons également que dans cette partie, Locke parle du mérite sans le nommer : l’homme possède les fruits de son labeur, il n’a pas eu ses propriétés sans effort. Dans cette partie, l’auteur nous a donc expliqué que le fait que les biens à valeurs d’usage aient été mis à la disposition de tous dans la nature pose le problème de la légitimité de leur appropriation.

Pour posséder ces biens nécessaires à sa conservation, un individu devra y ajouter quelque chose de plus qui puisse justifier qu’il ait un quelconque droit sur eux : son travail. Si l’on regarde le but de cette appropriation, à savoir subvenir à la nécessité de conserver sa vie, quelles limites seraient nécessaires au droit de propriété afin de respecter cette loi naturelle de la subsistance pour tous? Locke avait précédemment expliqué que toute appropriation de la nature était justifiée tant qu’elle était nécessaire pour la survie d’un individu.

Il va maintenant spécifier cet argument et mentionner certaines précisions. L’auteur commence par dire qu’il y a une condition, une obligation que l’homme doit s’imposer de respecter : ne pas prendre plus que sa part, c’est-à-dire plus qu’il n’en a besoin pour survivre.

Car cela reviendrait à contredire la loi naturelle énoncée plus haut : la nature pourvoit tous les hommes de biens pour subvenir aux besoins nécessaires à leur survie.

Ainsi, si des denrées en ma possession se « corrompent ou se gâte », cela témoigne d’une erreur : intentionnellement ou non je prends plus que ma part, donc j’empiète sur la part d’autrui –c’est même comme si je la lui volais (« dérobé »).

De plus, cela est une « grande folie », car pourquoi travailler, fournir des efforts, pour accumuler des biens dont on n’aura pas d’usage ? Cela n’a aucun sens.

Il s’agit aussi de « malhonnêteté », car pourquoi affamer, voler autrui sans raison ? Mais cependant (et là, Locke énumère un certain nombre de conditions respectées pour donner l’exemple d’un légitime usage même dans un cas de trop grandes accumulation), si j’ai pris dans la nature plus que ce dont j’avais besoin, mais que je m’en aperçois à temps (ne pas s’en apercevoir montrerait encore un acte de mauvaise foi) et donne le surplus à un autre individu dans le besoin, la valeur d’usage de ces choses naturelles est respectée –la loi naturelle est respectée.. »

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