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Logiques du désir

Publié le 13/01/2004

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Ils ne sont, que « les moyens, les instruments d'une chose plus élevée, plus vaste qu'ils ignorent et accomplissent inconsciemment ». Si « Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion », c'est bien parce que les passions sont énergie, incandescence du vouloir, tension vers un but, mais aussi et surtout parce qu'elles ne sont que « les moyens du génie de l'univers pour accomplir sa fin ».q       On peut hasarder le terme paradoxal de logiques passionnelles chaque fois que le sentiment est si impérieux qu'il subvertit la raison : la passion ne tient pas compte de la raison ou aveugle l'esprit ; mais surtout une rationalisation du comportement passionnel remplace les arguments de bon sens par une justification véhémente et imperméable à toute objection.B ~ Le caractère illimité du désir.q       Le désir se distingue du simple besoin qui s'achève avec la satisfaction. Il s'enracine dans le « principe de plaisir », la recherche pulsionnelle de satisfaction, narcissique ou du contact du corps de l'autre. C'est ainsi que les transformations des mouvements pulsionnels, fondamentalement sexuels, vont permettre et susciter tout le travail psychique de l'humanisation, y compris sous ses formes, les plus spirituelles et les plus sociales (les plus « sublimés »).q       La demande explicite (un enfant veut un jouet) peut cacher un désir implicite (une marque d'affection), de même qu'un désir explicite et conscient (une grosse automobile) peut manifester un désir inconscient d'origine infantile (exhiber sa puissance). Le désir est illimité car sa satisfaction le relance plus qu'elle ne l'éteint, et parce que les désirs de l'enfance restent actifs et sous-jacents aux désirs de l'adulte. Il reste ainsi marqué du sceau de l'impossible et de l'infini.

« travail intensifie son activité et de nouveau il se consume.

Chaque création dans laquelle il avait trouvé sajouissance s'oppose de nouveau à lui comme une nouvelle matière qui exige d'être oeuvrée.

Ce qu'était sonœuvre devient ainsi matériau que son travail doit transformer en une œuvre nouvelle.

» Dans cette dialectique ou ce travail du négatif, l'Esprit, tel le Phénix qui renaît de ses cendres, se dresse chaquefois plus fort et plus clair.

Il se dresse contre lui-même, consume la forme qu'il s'était donnée, pour s'élever àune forme nouvelle, plus élevée.

De même que le Fils de Dieu fut jeté « dans le temps, soumis au jugement,mourant dans la douleur de la négativité », pour ressusciter comme « Esprit éternel, mais vivant et présent dansle monde », de même l'Absolu doit se vouer à la finitude et à l'éphémère pour se réaliser dans sa vérité et danssa certitude. Dès lors, ce n'est pas en vain que les individus et les peuples sont sacrifiés.

On comprend aussi que les passionssont, sans le savoir, au service de ce qui les dépasse, de la fin dernière de l'histoire: la réalisation de l'Esprit oude Dieu.

Chaque homme, dans la vie, cherche à atteindre ses propres buts, cache sous des grands mots desactions égoïstes et tâche de tirer son épingle du jeu.

Et la passion, ce n'est jamais que l'activité humainecommandée par des intérêts égoïstes et dans laquelle l'homme met toute l'énergie de son vouloir et de soncaractère, en sacrifiant à ses fins particulières et actuelles toutes les autres fins qu'il pourrait se donner: « Pour moi, l'activité humaine en général dérive d'intérêts particuliers, de fins spéciales ou, si l'on veut,d'intentions égoïstes, en ce sens que l'homme met toute l'énergie de sa volonté et de son caractère au servicede ses buts en leur sacrifiant tout ce qui pourrait être un autre but, ou plutôt en leur sacrifiant tout le reste.

» Mais si les passions sont orientées vers des fins particulières, elles ne sont pas, pour autant, opposées àl'universel.

Le tumulte des intérêts contradictoires, des passions se résout en une loi nécessaire et universelle.L'individu qui met son intelligence et son vouloir au service de ses passions sert, en fait et malgré lui, autrui, encontribuant à l'œuvre universelle.

Telle est la ruse de la Raison: les individus font ce que la Raison veut, sanscesser de suivre leurs impulsions, leurs passions singulières, de même que grâce à la ruse de l'homme, la naturefait ce qu'il veut sans cesser d'obéir à ses propres lois. L'universel est donc présent dans les volontés individuelles et s'accomplit par elles et particulièrement par lamédiation des grands hommes de l'histoire.

Ainsi, par exemple, Jules César ne croyait agir que pour son ambitionpersonnelle en combattant les maîtres des provinces de l'empire romain.

Or, sa victoire sur eux fut en mêmetemps une conquête de la totalité de l'empire: il devint ainsi, sans toucher à la forme de la constitution, lemaître individuel de l'Etat.

Et le pouvoir unique à Rome « que lui conféra l'accomplissement de son but de primeabord négatif » ouvrait une phase nécessaire dans l'histoire de Rome et dans l'histoire du monde: « Les grands hommes de l'histoire sont ceux dont les fins particulières contiennent la substantialité que contre lavolonté de l'Esprit du monde.

» Les individus historiques sont donc les agents d'un but qui constitue une étape dans la marche progressivel'Esprit universel.

Mais sans la passion, ils n'auraient ri pu produire.« Ce n'est pas le bonheur qu'ils ont choisi, mais la peine, le travail pour leur but.

[...

] En fait, ils ont étépassionnés, c'est-à-dire ils ont passionnément pour leur but et lui ont consacré tout leur caractère, leur gd etleur tempérament.

[...] La passion est devenue l'énergie de leur moi; sans la passion ils n'auraient rien produire.» Les grands hommes, les peuples avec leur esprit, 1eur constitution, leur art, leur religion, leur science nemaîtrisent pas le sens de ce qu'ils font.

Ils ne sont, que « les moyens, les instruments d'une chose plus élevée,plus vaste qu'ils ignorent et accomplissent inconsciemment ».

Si « Rien de grand ne s'est accompli dans lemonde sans passion », c'est bien parce que les passions sont énergie, incandescence du vouloir, tension vers unbut, mais aussi et surtout parce qu'elles ne sont que « les moyens du génie de l'univers pour accomplir sa fin ». q On peut hasarder le terme paradoxal de logiques passionnelles chaque fois que le sentiment est si impérieux qu'il subvertit la raison : la passion ne tient pas compte de la raison ou aveugle l'esprit ; mais surtout unerationalisation du comportement passionnel remplace les arguments de bon sens par une justification véhémenteet imperméable à toute objection. B ~ Le caractère illimité du désir. q Le désir se distingue du simple besoin qui s'achève avec la satisfaction.

Il s'enracine dans le « principe de plaisir », la recherche pulsionnelle de satisfaction, narcissique ou du contact du corps de l'autre.

C'est ainsi que les transformations des mouvements pulsionnels, fondamentalement sexuels, vont permettre et susciter tout letravail psychique de l'humanisation, y compris sous ses formes, les plus spirituelles et les plus sociales (les plus« sublimés »). q La demande explicite (un enfant veut un jouet) peut cacher un désir implicite (une marque d'affection), de même qu'un désir explicite et conscient (une grosse automobile) peut manifester un désir inconscient d'origineinfantile (exhiber sa puissance).

Le désir est illimité car sa satisfaction le relance plus qu'elle ne l'éteint, et parceque les désirs de l'enfance restent actifs et sous-jacents aux désirs de l'adulte.

Il reste ainsi marqué du sceau. »

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