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Les lois de la nature sont-elles construites ou découvertes ?

Publié le 09/05/2012

Extrait du document

A. Une loi n'est pas une chose analogue, par exemple, à une pièce de monnaie ou à mon porte-plume ; on ne la découvre pas comme un objet matériel, en ouvrant les yeux. Elle est une vue de l'esprit sur les chos·es, ou plutôt une conception que l'esprit se fait des choses. Inutile de le dire, en effet, ce ne sont pas les sens qui perçoivent les lois : les perceptions des sens se bornent aux phénomènes comme les couleurs et les formes, les sons et les bruits.

« 1.

- LE PROCESSUS DE LA DECOUVERTE DES LOIS Les différents moments de l'activité du savant qui établit une loi sont classiques et ils ont été bien marqués par Claude Bernard: le fait suggère l'idée ou l'hypothèse, l'idée dirige l'ex­ périence, 1 'expérience juge 1 'idée.

A.

- Les faits observés, point de départ nécessaire de toute recherche relative aux lois de la nature, sont parfois des découvertes : un phénomène que personne n'avait eu la chance d'observer peut mettre le savant sur la voie d'une grande décou­ verte (les grenouilles de Galvani, le tube de limaille de fer de Branly) : dans ce cas, la découverte de la loi est provoquée par la découverte d'un fait exceptionnel.

Mais, le plus souvent, ce sont des faits ordinaires, à la portée d tous les regards sinon remarqués par tous lia poussée de l'eau sur les corps immer­ gés.

l'isochronisme des petites oscillations ...

), qui suggèrent 1 'hypothèse éclairante.

En tout cas, les faits scientifiques ne sont jamais inventés : le savant doit s'en tenir rigoureusement aux données de l'expérience; il doit se défier de l'apport iné­ vitable de l'imagination et soumettre à une critique sévère toutes les observations sur lesquelles il se fonde.

B.

Au contraire, l'hypothèse est une invention : elle n'est pas une découverte et encore moins une donnée de l'expérience vulgaire ; elle suppose de la part du savant une élaboration mystérieuse dans laquelle entre beaucoup du sien et qui en fait une œuvre vraiment personnelle.

L'hypothèse consiste à rapprocher deux faits entre lesquels on n'avait jusque-là perçu aucun rapport, par exemple la pression atmosphérique et l'as­ cension de l'eau dans les pompes.

Sans doute, ces faits étaient depuis toujours rapprochés dans la nature : ils n'avaient jamais été rapprochés dans les esprits, du moins n'avaient-ils pas été rapprochés dans un rapport de causalité ; ce rapprochement est une combinaison nouvelle qui constitue une véritable invention.

Invention, et non découverte.

Car, à ce stade, l'inventeur d'une loi ne peut pas se flatter encore d'avoir fait une décou­ verte.

Le rapprochement effectué dans son esprit n'est peut-être -:Ju'imaginaire, pure construction mentale.

Pour s'assurer que cette construction correspond à la réalité, il doit soumettre son hypothèse à un contrôle sévère.

C.

C'est par l'expérimentation que se fait ce contrôle.

La théorie de ce contrôle a été clairement précisée par Claude Bernard : le savant déduit de l'hypothèse les conséquences qui. »

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