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Machiavel et la vioelnce

Publié le 27/02/2008

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machiavel
« Je sais que plusieurs ont cru et croient encore que les choses de ce monde sont gouvernées, soit par la Providence divine, soit par le hasard, d'une manière telle que la prudence humaine ne peut rien contre les événements; il serait alors inutile de s'en mettre en peine, et de chercher à la prévenir ou à la diriger. Les révolutions dont nous avons été et dont nous sommes encore témoins sont bien propres à accréditer cette opinion, contre laquelle j'ai quelquefois moi-même bien de la peine à me défendre, lorsque je considère combien ces événements passent toutes nos conjectures. Cependant, comme nous avons un libre arbitre, il faut, ce me semble, reconnaître que le hasard gouverne la moitié, ou un peu plus de la moitié de nos actions, et que nous dirigeons le reste. Je comparerais volontiers la puissance aveugle du hasard à un fleuve rapide qui, venant à déborder, inonde la plaine, déracine les arbres, renverse toutes les habitations et entraîne au loin les terres qui bornaient son lit, sans qu'on ose ou qu'on puisse s'opposer à sa fureur; ce qui n'empêche pas que, lorsqu'il est rentré dans ses limites, on ne puisse construire des digues et des chaussées, afin de le canaliser et de diminuer ses violences. Il en est de même de la fortune : elle exerce sa puissance, lorsqu'on ne lui oppose aucune barrière; elle fait porter son effort sur les points mal défendus. » MACHIAVEL

QUESTIONNEMENT INDICATIF • Différence entre « la Providence divine « et « le hasard «? • Que signifie ici précisément « prudence humaine «? • Est-ce que Machiavel dénie toute puissance au hasard? • Sur quel argument repose la conviction de Machiavel que « nous dirigeons « « la moitié « ou un peu moins de la moitié de nos actions ? Comment comprenez-vous cet argument ? • Quelle est la fonction de la comparaison à l'œuvre dans le second paragraphe (on dit que comparaison n'est pas raison) ?

Introduction :

Le Prince, écrit par l’italien Nicolas Machiavel en 1513, et publié en 1532,  est un ouvrage destiné à « donner des règles de conduites à ceux qui gouvernent «. Il s’agit donc d’un ouvrage politique, mais dans cet extrait du chapitre 25 de son œuvre célèbre, Machiavel entreprend une réflexion d’ordre éthique, c’est-à-dire qu’il s’interroge sur la conduite humaine, dans la perspective d’établir des règles de vie, et un certain savoir pratique dans le domaine de la vie humaine et des choses contingentes. Car en effet, pour ce penseur engagé dans la politique de son pays, il ne faut pas négliger qu’il est important d’ « être du peuple pour bien connaître les princes «, de même qu’il faut « être prince pour bien connaître la nature et le caractère du peuple «, et c’est pourquoi, ce n’est qu’avec cette sage connaissance de la nature de l’homme ordinaire que l’on peut espérer gagner une force politique capable de dominer un peuple. Machiavel se demande si les hommes sont capables de conduire leur vie par leur propre volonté ou s’ils sont déterminés par une force qui leur est supérieure. Est-il possible de légiférer sur le cours des évènements, ou autrement dit, d’établir des constantes dans le domaine des choses non immuables ? Ne doit-on pas s’en remettre au hasard, à ce que Machiavel nomme la fortune (fortuna) ? Dans ce passage, l’auteur tente justement d’affirmer l’existence d’un libre-arbitre chez l’homme qui lui permet de ne pas être entièrement déterminé par les aléas du sort, et d’exercer sa volonté propre pour conduire ses actions contre la nature contingente du monde.

 

 

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« évènements. - Les évènements sont ainsi perçut comme inéluctables et l'action humaine est réduite à obéir à la contrainte de la« fortune » qui décide du cours des choses et s'impose à la volonté des hommes.

Les hommes n'ont donc aucunpouvoir de décider de leurs actions futures, et abandonnent leur volonté à celle de la fortune. - L'auteur souligne toutefois une contradiction dans les faits, en indiquant à propos des « choses de cemonde » « qu'il est inutile de s'en occuper avec tant de peine, et qu'il n'y a qu'à se soumettre et à laisser toutconduire par le sort.

» Cela signifie implicitement, que malgré le déterminisme dont la plupart des hommes sontpersuadés d'être victimes, il n'en reste pas moins que certains cherchent tout de même à exercer leur pouvoir surles évènements, et que le cours des évènements reste une préoccupation. - Machiavel justifie historiquement la première position de renoncement à diriger et prévoir les choses, en expliquantque de nombreux faits imprévisibles sont survenus à son époque, qui ont découragé les hommes, dépassés par cesévènements qu'ils n'ont pu anticiper ni résorber à temps. 2ème partie : Pourtant, l'homme est doté d'un libre arbitre qui lui permet de contenir la puissance de la fortune. (Infléchissement de la thèse de départ et exposition de la thèse de l'auteur) - Après avoir admis la légitimité de la première thèse, dont la valeur tient dans sa popularité et sa justificationempirique, Machiavel affirme son opposition partielle, en refusant de s'abandonner à la facilité et à la fatalité d'unetelle conception du cours des choses.

S'il concède à la fortune une puissance incontestable sur la vie des hommes,il refuse d'y voir une fatalité, et soutient que les hommes peuvent exercer leur volonté et atténuer ainsi ladomination de la fortune. - C'est en introduisant le concept de « libre-arbitre », c'est-à-dire du pouvoir qu'à la raison humaine de sedéterminer librement, que Machiavel entend démontrer sa thèse.

En effet, il ne peut « admettre que notre librearbitre soit réduit à rien ».

Il émet alors l'hypothèse que la raison humaine n'est soumise que partiellement à lafortune (à moitié, selon lui) car elle conserve aussi sa propre détermination.

Ainsi, les actions humaines seraient lerésultat d'un mélange entre nécessité du hasard et volonté délibérée des hommes. - L'auteur emploie la dernière partie du texte à développer une comparaison de la fortune avec un fleuve sujet audéchaînement.

Ainsi, la fortune, comme un phénomène naturel, peut se déchaîner, entraîner des catastrophesimprévisibles qui dépassent les hommes.

Comme un fleuve débordant de son lit dans la tempête, la fortune peutcauser des ravages immenses qu'il est difficile d'éviter.

Et pourtant, de même que les hommes ne sont jamais àl'abris des catastrophes naturelles, ils peuvent cependant chercher à prévenir de tels évènements, en élaborant destechniques de protections et des stratégies d'évitement, ainsi que des mesures à prendre pour atténuer les dégâtsdans le cas ou surviendrait quand même de tels débordements. - Cette comparaison permet à l'auteur non seulement de clarifier sa compréhension du concept de fortune, endéveloppant sa définition de manière métaphorique, mais aussi de montrer le rôle que l'homme peut jouer pour influerle cours des choses.

Machiavel adopte alors un ton prescriptif, en exhortant les hommes à user de leur libre-arbitrepour ne pas se laisser dépasser par le cours des choses et dominer par la fortuna.

La fortune, si elle est puissanceet redoutable, peut être contrainte. - En fait, pour l'auteur, si la fortune à un tel pouvoir de domination sur les hommes, ce n'est que parce que leshommes se soumettent et ne cherchent pas à s'y opposer, car en réalité, comme l'on peut contraindre un fleuve pardes digues, la fortune peut être domptée par les hommes.

Le rôle des hommes est donc de se parer contre lafortune, de s'y préparer, de la prévoir, pour pouvoir la dominer Conclusion : Cet extrait du Prince, apparaît comme un condensé de l'idée centrale développée par Machiavel dans son œuvre, quis'enracine dans le concept de « fortune ».

Ainsi, pour l'auteur, la fortune est une force non humaine, la chance,bonne ou mauvaise, qui intervient dans les affaires humaines.

De cette existence, il s'ensuit que l'homme estdominé, dirigé dans ses actions, les cours des évènements étant déterminé par la fortune.

Pourtant, si Machiavelreconnaît au début du texte à la fortune une force incontestable, prouvée par l'expérience, il reproche aux hommes d'y trouver un prétexte à se soumettre résolument au cours des choses et à renoncer à tout pouvoir d'agir etd'exercer sa propre volonté.

En effet, un autre concept central est celui du libre-arbitre, qui permet aux hommes deplier la force de la fortune, de la prévenir et de la contraindre pour décider de leurs actions.

Cette qualité propre auxhommes, c'est ce que Machiavel nomme la « virtu », terme absent du texte, mais fondamental dans la pensée del'auteur, qui renvoie à une disposition humaine de réaction, ou de non réaction, face à l'évènement.

S'exerçant danset à travers la fortune, la virtù est au cœur de l'art du prince.

Afin de prendre, conserver puis stabiliser son pouvoirdans un Etat, le Prince doit faire preuve de virtù, pour s'adapter au mieux aux aléas de la fortune.

En effet, lapolitique, l'objet central de l'œuvre de Machiavel dont le texte est tiré, est l'art de bien gérer la cité mais aussi celuid'apprendre à se maintenir au pouvoir dans une situation ouverte à tous les retournements.. »

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