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MADAME BUTTERFLY de Giacomo PUCCINI

Publié le 16/10/2010

Extrait du document

 

opéra italien du Xeme siècle de Giacomo PUCCINI (1858-1924)

• «tragédie japonaise« en trois actes • livret italien de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa (d'après une pièce de David Belasco) • créé en 1904 à la Scala de Milan

 

« chanter par Caruso, en 1914, au théâtre Covent Garden de Londres, on aurait été surpris de constater que mêmece morceau a sa raison d'être, et qu'il est loin d'être aussi vulgaire qu'on le dit généralement.

Qui sait voir les chosesun peu moins superficiellement, découvre dans la Tosca des détails très jolis, très raffinés même, et un sens duthéâtre qui tient du miracle. Madame Butterfly (1904) est du faux Japon, et la navrante aventure de la petite "mousmé" (David Belasco, États-Unis), est, on me l'accordera, un peu invraisemblable.

Expliquez alors, si vous le pouvez, pourquoi tous lesspectateurs, et même les plus endurcis, quittent le théâtre, cachant à peine leur gêne d'avoir été forcés aux larmes?... Le fille du Farwest (1910) (également de Belasco, dramaturge américain), ne vaut pas moins que cette sottehistoire ; elle vaut même beaucoup plus, car c'est dans cette Oeuvre que Puccini montre à quel point sa techniqued'harmoniste et d'orchestrateur était arrivée, grâce à sa magnifique ferveur de musicien passionné de connaître etde se documenter : à la différence de ses collègues italiens, il voyageait sans cesse, et se faisait un trésor desdécouvertes de Claude Debussy et d'autres compositeurs qui venaient de se révéler.

La Rondine (1917) fut un demi-échec, tandis que Il Trittico (Le Triptyque) : Il Tabarro, suor Angelica, Gianni Schicchi, qui suivit quelques annéesaprès, apporta à Puccini le succès.

Le dernier volet de ce triptyque, Gianni Schicchi, est un chef-d'Oeuvred'humour, de goût, de finesse, et il est orchestré de main de maître.

Turandot (1923) fut peut-être une erreur dejugement de la part d'un artiste qui pourtant se connaissait parfaitement, et n'aurait pas dû ignorer qu'il n'était pasfait pour la fantaisie d'un livret farci de "chinoiseries", avec des prétentions de "grand opéra"... La mort le frappa dans une clinique de Bruxelles d'une façon brutale, mais l'on peut affirmer que sa mémoire restedans les coeurs de ceux qui ont chéri ses mélodies spontanées et passionnées d'Italien intégral, et de ceux qui l'ontconnu. On dira donc de Giacomo Puccini, qu'il fut un artiste dans le sens le plus large du terme, titre qu'il mérite, quoi qu'ondise, pour avoir su rester toujours lui-même, sincère et honnête dans son art.

Refusons-nous à vilipender desartistes comme lui, Massenet, ou Grieg, seulement parce qu'ils eurent la chance de plaire, tout en restantd'excellents musiciens. l'héritier génial de Verdi ORIGINE ET ACCUEIL A la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième, l'Extrême-Orient était très en vogue en Europe.

Pourtant,cet opéra fut très mal reçu.

Le lendemain de la création, alors que la presse italienne titrait «Fiasco à la Scala»,prétendant qu'il s'agissait d'une Bohème à la japonaise, Puccini écrivit à un ami : «Ma Butterfly reste...

l'opéra leplus senti et le plus expressif que j'aie jamais conçu.» Le temps lui a donné raison : après quelques modifications,l'échec se transforma en triomphe, et aujourd'hui, Madame Butterfly est l'un des titres les plus populaires durépertoire lyrique.

société.

Cependant, le cadre est très différent de celui de Manon Lescaut ou de La Bohème.

Ledrame passionnel s'inscrit dans un contexte plus large : l'opposition entre l'Orient et l'Occident, plus précisémententre l'impérialisme américain (Pinkerton) et les coutumes japonaises (la famille de Cio-Cio-San).

Loin de sacrifier àun exotisme artificiel, Puccini s'appuie sur une réalité historique : à l'époque coloniale, au Japon, les officiers demarine étrangers pouvaient se marier avec une geisha et rompre leur engagement le jour de leur départ.

Soucieuxd'authenticité, comme toujours, Puccini s'inspire de la musique extrême-orientale : il parsème l'oeuvre de petitsmotifs japonisants, utilisant des mélodies typiques (la chanson des cerisiers en fleur), des rythmes sautillants (quiévoquent un monde en miniature, trottinant et cérémonieux), ou des sonorités qui rappellent les instrumentstraditionnels du Japon (bois, cloches, gongs).Mais ces japonaiseries ont surtout une valeur pittoresque et humoristique.

La tragédie naît moins du choc de deuxcivilisations que du fossé entre deux êtres.

Entre la sensibilité, la pureté, le courage de Cio-Cio-San et l'égoïsme, lafrivolité, la lâcheté de Pinkerton.

L'un aime, l'autre s'amuse : histoire banale qui devient tragique, dès lors qu'elletraduit l'opposition entre la soif d'absolu et la tentation du compromis.

Encore une fois, Puccini sublime le vérisme.La tragédie n'est pas sociale mais métaphysique, universelle ; le vrai conflit ne réside pas entre le Japon etl'Amérique, mais entre Butterfly et le monde.

Le cynique Pinkerton n'est ni plus cruel ni plus superficiel que la Sociétéelle-même, sous son visage japonais (Butterfly est reniée et persécutée par sa famille) ou américain (Butterfly estabandonnée par son séducteur).

Ainsi, en dépit des effets de couleur locale, l'action est tout intérieure.

Les person-nages, même les plus épisodiques, sont finement dessinés et caractérisés, mais l'opéra est concentré autour del'héroïne.

Avec une délicatesse acérée, Puccini s'attache à peindre musicalement les multiples facettes de la passion: la joie naïve ou mélancolique, l'attente recueillie ou anxieuse, la rêverie, la souffrance, la résignation désespérée.Le statisme scénique, surtout au deuxième acte, met en valeur les bouleversements intimes, tout en maintenantune tension permanente.

La scène de la mort de Butterfly, au troisième acte, sobre et presque hiératique, atteintun sommet d'intensité dramatique.

Cette femme-enfant transfigurée en héroïne-martyre, ce «petit joujou» dontpersonne ne comprend l'âme fragile et fière, est plus élaborée que Mirni (La Bohème), ou Liù (Turandot) : Butterflyest l'archétype de ces amoureuses pucciniennes, de ces «petites femmes qui ne savent qu'aimer et souffrir»(Puccini), qui relèguent les personnages masculins au rang de figurants.Le lyrisme fervent de l'opéra rend hommage à la tendresse sublime de Butterfly.

Pourtant, on ne trouve plus, comme. »

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