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Peut-on se servir de l'histoire pour justifier le mal ?

Publié le 31/01/2004

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histoire
La justification par le progrès est plus le fait des idéologies totalitaires cherchant à excuser leur passé sous prétexte de le présenter comme une étape. La question sous-jacente, c'est : en dépit de la nécessité historique et des inévitables compromissions de l'action politique, y a-t-il des choses inacceptables, sans condition ? Ou bien le discours de l'histoire, fondé sur une causalité rigoureuse, est-il condamné à justifier en expliquant ? Le terme d'histoire, ambigu, désigne deux ordres de réalité différents : d'une part, les événements, actes, les faits du passé qui constituent la réalité historique, d'autre part, la recherche historique et la science du devenir des hommes. Ce que Raymond Aron affirme : " le même mot, en français, en anglais, en allemand s'applique à la réalité historique et à la connaissance que nous en prenons".  Il semble qu'ici le sujet prenne en compte les deux sens, il s'agit de savoir si le passé nous donne des raisons de croire que l'utilisation du mal peut être bénéfique. Au premier abord, l'histoire semble être constituée de guerres sanglantes, de coups d'état.  Elle semble nous apprendre que l'homme est mauvais et qu'il ne faut pas lui faire confiance. Mais l'histoire peut-elle nous servir d'exemple? Si le passé ne se reproduira plus, ne faut-il pas plutôt chercher à écrire l'histoire sans faire le mal?
histoire

« Machiavel, dans le Prince , donne des conseils à un individu pour arriver au pouvoir et le conserver.

Or, il est clair qu'un prince ne doit pas être moral etn'accomplir que des bonnes actions.

L'histoire enseigne en effet, que leshommes ne tiennent pas leur parole, qu'il ne faut pas leur faire confiance etque ceux qui ont réussi, sont ceux qui n'ont pas eux de scrupule et accomplitdes mauvaises actions.

Il prend ainsi l'exemple de César Borgia, qui a usé dela violence et de la cruauté. Ainsi, l'histoire nous donne une vue mauvaise de l'homme et nous met sous lesyeux un monde, où seul le mal peut être efficace. 2.

Il n'y a pas de leçon dans l'histoire Hegel affirme en effet, que les peuples et les gouvernements n'ont jamais rienappris de l'histoire, même si on leur recommande de s'instruire parl'expérience de l'histoire.

Mais cela ne vient pas des hommes mais ducaractère même du passé.

"Chaque époque, chaque peuple se trouve dansdes conditions si particulières, forme une situation si particulière, que c'estseulement en fonction de cette situation qu'il doit se situer." Le présent estdonc unique et ne peut être instruit pas le passé. En effet, l'histoire ne se répète pas.

Nous ne pourrons jamais en effet revivreexactement deux fois la même situation.

Supposer donc que l'histoire ne serépète laisse l'espoir à l'homme que s'accomplisse dans l'histoire un progrès de l'humanité, progrès auquel il est amené à contribuer.

Kant affirme qu'un tel progrès n'est pas une connaissance ouune certitude absolue, il doit cependant être pensé comme hypothèse utile.

Penser que l'histoire a un sens présentece que Kant appelle un intérêt "pratique", c'est-à-dire moral.

Ainsi chaque homme doit refuser de voir son histoire luiéchapper et oeuvrer en vue d'un état futur et meilleur de l'humanité. La connaissance du passé, même fait de barbaries, ne doit pas nous empêcher d'oeuvrer en vue du bien.

Le devenirhistorique n'est pas encore joué, c'est à chacun qu'il revient de l'écrire. 3.

L'histoire est subjective, elle justifie ce que l'on veut L'homme qui cherche à tout prix des enseignements dans le passé, risque fort de se tromper.

En effet, la lectured'un livre d'histoire, comme celle d'un document, peuvent donner lieu à des interprétations totalement différentes.En effet, chacun cherche à infléchir l'histoire- à lire comme à l'élaborer- dans un sens qui soit conforme à sesaspirations.

AInsi Paul Valery déclare que "l'histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l'intellect aitélaboré." En effet, elle conduit des peuples dans des grands délires, les enivre.

Mais "l'histoire justifie ce que l'onveut.

Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout et donne des exemples de tout."( Regards sur le monde actuel ) Il n'y a donc pas en histoire de signification purement objective d'un fait et c'est donc en fonction d'un présent que nous donnons à tel fait passé telle ou telle signification. De plus, comme le dit Rousseau, les peuples heureux n'ont pas d'histoire.

Nous "avons fort exactement celles despeuples qui se détruisent; ce qui nous manque est celle des peuples qui [...] sont assez heureux et assez sagespour qu'elle n'ait rien à dire d'eux." Pour Nietzsche aussi, l'excès d'histoire est dangereux.

En effet, dans sontravail, elle met à jour "tant de fausseté, de grossièreté, d'inhumanité,d'absurdité et de violence" que l'illusion indispensable à tout individu sedissipe.

L'histoire ainsi "finit par faire de ses instruments des êtres blasés quin'ont plus rien de naturel." ( Considérations intempestives ). L'histoire ne doit pas être un refuge contemplatif, où l'on fuit avec crainte leprésent et les actions nécessaires.

Le savoir historique, cultivé sans limites,peut ainsi détruire nos illusions à un point tel qu'il peut "déraciner" l'avenir.

Lavie au présent a toujours besoin d'un certain brouillard et d'une certaineimprécision quant à ses origines pour pouvoir se poursuivre dans l'action.

"Unecertaine dose d'ignorance et d'inconscience est nécessaire à l'action." Laconnaissance historique peut conduire au défaitisme, au pessimisme et àl'inaction.

Les leçons de l'histoire sont des leçons impitoyables qui montrentqu'une justice souvent aveugle règne sans pitié sur le déroulement desaffaires humaines.

Une religion dont on disséquerait l'histoire de façonscientifique, dans ses moindres détails, ne garderait plus de religion que lenom.

Cette histoire nous montrera que les hommes, même pieux, sontsouvent faux, inhumains, grossiers, violents.

Une religion, comme toute autrevaleur ou tout autre espoir, ne peut demeurer sans "pieuse illusion".

L'hommene peut vivre et créer que dans l'amour et l'illusion d'une justice bonne et. »

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