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La matière est-elle spirituelle ?

Publié le 27/01/2004

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MATIÈRE: * Ce en quoi les choses sont faites, par opposition à la forme. * En logique (matière d'un raisonnement) : ce qu'énoncent les termes d'un raisonnement, indépendamment des relations qu'ils entretiennent les uns avec les autres (contraire : forme). * Chez Aristote, ce qui est susceptible de recevoir une forme. * En sciences, les éléments constitutifs de la réalité physique (atomes, molécules, etc.)

« II.

Pour l'immatérialisme, la matière est incluse dans l'universalité de la pensé a.

Le monisme de l'esprit, solution de la communication des substances hétérogènes ? Cependant, nous renverserons la perspective jusqu'ici adoptée en envisageant une autre solution à notre problème.Il se peut que la matière soit spirituelle, non au sens où elle est associée à l'esprit, lié à l'esprit substantiellementdistinct d'elle-même, mais en ce sens où la matière est elle-même spirituelle.

Telle est la thèse défendue parl'Evêque de Berkeley dans un ouvrage intitulé Traité sur les principes de la connaissance humaine.

(1710) dont voici un court extrait.

« Quant à ce que l'on dit de l'existence absolue des choses non pensantes, sans aucun rapport avec le faitqu'elles soient perçues, cela semble parfaitement inintelligible.

L'esse des choses non pensantes, c'est leurpercipi : et il n'est pas possible qu'elles aient une existence quelconque en dehors des esprits ou des chosespensantes qui les perçoivent ». Le fait d'être pour les choses, c'est le fait d'être perçues.

Il est donc impossible de parler d'existence matérielle.Nous pouvons seulement parler de l'existence de ce qui est susceptible d'être perçu par en esprit.

Par conséquent,les choses n'existent que de deux manières : en percevant, ou en étant perçues.

Une telle conception entraîne laréduction du monde à sa représentation pour un esprit, de sorte que l'existence des choses non pensantes estinconcevable si nous ne les rapportons pas à l'esprit qui les perçoit.

En définitive, la thèse de Berkeley donne toutson sens, et justifie, l'idée que la matière soit spirituelle. Berkeley : « Etre, c'est être perçu » Cette formule de Berkeley peut sembler surprenante puisqu'elle consiste à n'accorder de réalité qu'à ce que nouspercevons.

Dire « Etre c'est être perçu », c'est affirmer que rien n'existe en dehors de l'esprit, que toute réalité estun esprit qui perçoit.

Nous avons commencé par noter que la perception est cette activité de l'esprit qui rassemble,qui collecte, or c'est justement la raison pour laquelle Berkeley ne va accorder de réalité qu'à ce qui est perçu.

Eneffet, il est impossible de séparer, d'isoler une idée des sensations que nous éprouvons.

Par exemple, on ne peut pasparvenir à se représenter l'étendue (ce qu'on se représente étendu dans l'espace) dépourvue de couleur, de mêmenous ne pouvons pas nous représenter la matière indépendamment d'une certaine forme, d'une certaine étendue,d'une certaine figure.

Tous les éléments qui composent notre univers, que l'on pense à la couleur, la saveur,l'étendue, le mouvement…n'ont aucune existence en dehors de la perception que nous en avons.

L'étendue n'est nigrande ni petite, le mouvement n'est ni lent, ni rapide, ils ne sont donc rien ; de même je ne puis former l'idée d'uncorps étendu qui est en mouvement sans lui donner aussi une couleur.

Quand nous pensons que la matière oul'étendue existent seules, nous nous laissons abuser par les mots, par le langage.

Berkeley va répondre à unproblème (le problème de Molyneux), qui a suscité de nombreux débats, et qui consistait à se demander si unaveugle né, recouvrant subitement la vue, pourrait discerner visuellement le cube et la sphère qu'il sait déjàdiscerner par le toucher.

Or, ceci serait possible si notre perception nous livrait l'étendue géométrique abstraite,mais une description des processus de la vision montre qu'il n'en est rien, car nous éprouvons à tout instantl'incommunicabilité des idées visuelles et des idées tactiles.

L'illusion selon laquelle il y aurait une idée commune à lavue et au toucher, une idée abstraite d'étendue vient de l'emploi de mots.

Le langage nous fait croire, à tort, àl'existence d'entités abstraites, mais il n'y a pas de réalité en dehors de la perception.

Mais alors, si la matièrecomme substrat, comme réalité indépendante, est une pure illusion, qu'est-ce qui fait que les objets qui tombentsous nos sens demeurent là, même quand nous fermons les yeux, même quand nous ne sommes plus là ? Berkeley vaalors faire appel à l'existence de Dieu, c'est-à-dire un esprit qui soutient le tout, et qui permet de penser l'unité dumonde.

a.

La matière est intrinsèquement spirituelle De tout ceci, nous pouvons donc conclure que l'expression « matière spirituelle » n'est pas cet oxymore que nous yvoyions au commencement de ce devoir.

En effet, d'après Berkeley, c'est l'ensemble des choses matérielles dontl'existence est spirituelle, en tant qu'il n'existe que deux modalités d'être pour les choses : être sujet de laperception (être percevant) ou être objet de la perception (être perçu).

Par conséquent, nous dirons que la matière. »

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