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La mauvaise conscience est-elle chose bienfaisante ?

Publié le 02/01/2004

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La mauvaise conscience ou la conscience mauvaiseComment peut-on considérer comme chose bienfaisante une conscience tourmentée par la honte et les remords? La mauvaise conscience n'est-elle pas le mal redoutable dont l'homme est frappé depuis qu'il vit dans une société que les contraintes de toutes sortes ont pacifiée? Toute l'agressivité de l'animal, dit Nietzsche, est devenue coupable chez l'homme. Les instincts ne pouvant décharger leur énergie à l'extérieur se sont tournés vers l'intérieur.Tout instinct qui ne trouve pas de débouché naturel, en se réalisant ou en se satisfaisant, est intériorisé. Le psychisme conscient, qui à l'origine devait être faible et de peu d'importance, est constitué par l'intériorisation de cette énergie vacante. Sous l'effet des entraves de la civilisation, la conscience a pu s'accroître et se développer. C'est le propre de toute organisation sociale d'élever ainsi des bastions pour se protéger contre les instincts individuels et primitifs de liberté, en usant tout d'abord du mécanisme de la contrainte, du châtiment et de la récompense. L'homme, qui à l'origine est naturellement un être sauvage, libre et vagabond, se trouve dressé contre lui-même, par l'interdit social qui lui est fait de conduire ses instincts jusqu'à leur terme, en allant jusqu'au bout de ses propres pulsions. Lorsque sa propre liberté lui est ainsi confisquée et dérobée, peut naître la mauvaise conscience, soit le sentiment de rancoeur, de cruauté, de persécution.
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« que dans la décadence, quand la souffrance, la peine et la douleur ont vaincu les sentiments vitaux de l'affirmationspontanée de soi. Freud expliquera, à son tour, dans Malaise dans la civilisation, que les pulsions sexuelles et agressives dont lacivilisation interdit la satisfaction se retournent contre le sujet, provoquant inhibition, culpabilité, en un mot :névrose. Si la civilisation impose d'aussi lourds sacrifices, non seulement àla sexualité mais encore à l'agressivité, nous comprenons mieuxqu'il soit si difficile à l'homme d'y trouver son bonheur.

En ce sens,l'homme primitif avait en fait la part belle puisqu'il ne connaissaitaucune restriction à ses instincts.

En revanche, sa certitude dejouir longtemps d'un tel bonheur était très minime.

L'hommecivilisé a fait l'échange d'une part de bonheur possible contre unepart de sécurité.

[...] Si nous reprochons à juste titre à notrecivilisation actuelle de réaliser aussi insuffisamment un ordre vitalpropre à nous rendre heureux, [...] nous nous familiariseronspeut-être avec cette idée que certaines difficultés existantes sontintimement liées à son essence et ne sauraient céder à aucunetentative de réforme. Dans notre civilisation, la sociabilité exige que chacun s'efforce de limiterses pulsions, notamment sexuelles et agressives, pour que la sécurité detous soit garantie.

Dans les sociétés primitives au contraire, certainsindividus, les chefs, jouissaient d'une liberté pulsionnelle sans limites, etpar conséquent de moins de sécurité. Problématique La vie dans nos sociétés modernes place l'individu dans une situation contradictoire.

D'un côté elle lui promet lasatisfaction de ses besoins, grâce à la production de biens de consommation, grâce aux techniques, mais del'autre elle impose des limitations à ses pulsions.

Dans cette perspective, l'exigence de bonheur paraîtimpossible à satisfaire. Enjeux L'homme a-t-il perdu la possibilité de vivre selon ses pulsions primitives en quittant l'état de nature ? Lasociété moderne offre de nombreuses occasions ou de nombreux dérivatifs à la sexualité, à l'agressivité.

Onpeut cependant se demander si la société est bien faite pour l'homme, pour le libre déploiement de l'individu.Freud condamne-t-il alors toutes les utopies ? Un sujet peut même devenir criminel par sentiment de culpabilité pour satisfaire son besoin de punition.

La mauvaiseconscience peut donc être paradoxalement à l'origine de la faute.

Ainsi la mauvaise conscience serait le résultat denotre impuissance à être heureux dans une société qui exige des comportements incompatibles avec notre héritagepsychique. L'exigence d'un plus-être. L'agressivité retournée contre soi, le besoin de punition, tout cela témoigne au fond d'une exagération et d'uneperversion de la mauvaise conscience.

Mais on peut penser que la mauvaise conscience du mal (lorsque le mal estréel) est un bien, si elle est sincère et sans complaisance, si elle s'accompagne de repentir et non de remords, si elleest tournée vers l'avenir comme exigence d'un plus-être.. »

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