Mémoire et habitude

Position de la question. Mémoire et habitude sont toutes deux des résurrections du passé. Sont-elles donc identiques ? I. Définitions. Pour répondre à cette question, il est nécessaire d'abord de bien définir les deux termes. Le terme mémoire surtout a été employé en une multitude de sens divers. Nous le prendrons ici au sens propre comme la faculté du souvenir, c'est-à-dire la prise de conscience du passé comme passé. Quant à l'habitude, nous l'entendrons surtout ici au sens (le plus courant) de l'habitude motrice, comme une disposition permanente, acquise par l'homme, à réagir de telle sorte qu'il accomplit sans difficulté un acte auquel il n'était pas adapté primitivement. II. Points communs. Les points communs entre la mémoire et l'habitude ainsi définies sont évidents. A. — L'une et l'autre sont une restauration du passé. B. — Si la mémoire n'est pas, comme l'avait soutenu RIBOT, une fonction purement organique, elle semble bien supposer, en dépit de la dualité absolue affirmée par BERGSON, certaines conditions organiques : persistance dans le cerveau et le système nerveux de certaines dispositions fonctionnelles. C. — Comme l'a reconnu BERGSON, mémoire-habitude et mémoire vraie s'entrepénètrent et collaborent sans cesse; peut-être s'agit-il donc plutôt. entre elles, d'une différence de niveau que d'une différence essentielle.