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Merleau-Ponty: Contingence et nihilisme

Publié le 27/02/2008

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« La contingence de l'événement humain n'est pas comme un défaut dans la logique de l'histoire, elle en est la condition. Sans elle, il n'y a plus qu'un fantôme d'histoire. Si l'on sait où l'histoire va inéluctablement, les événements un à un n'ont plus d'importance ni de sens, l'avenir mûrit quoi qu'il arrive, rien n'est vraiment en question dans le présent, puisque, quel qu'il soit, il va vers le même avenir. Quiconque, au contraire, pense qu'il y a dans le présent des préférables implique que l'avenir est contingent. L'histoire n'a pas de sens si son sens est compris comme celui d'une rivière qui coule sous l'action de causes toutes-puissantes vers un océan où elle disparaît. Tout recours à l'histoire universelle coupe le sens de l'événement, rend insignifiante l'histoire effective et est un masque du nihilisme. » M. MERLEAU-PONTY

QUESTIONNEMENT INDICATIF    • Que signifie « contingence «? A quoi s'oppose le concept de « contingence «?  — N'est-il pas pour le moins paradoxal d'affirmer que la contingence est « la condition « de « la logique de l'histoire «?  • Pourquoi, sans la contingence, n'y aurait-il plus, selon Merleau-Ponty, qu' « un fantôme d'histoire «.  • « L'histoire effective « inclut quoi selon Merleau-Ponty ?  • Qu'est-ce qui est désigné par l'expression « l'histoire universelle«?  • En quoi le recours à « l'histoire universelle « serait-il « un masque du nihilisme «?  Que signifie « nihilisme « ici ? (confronter ce terme à « Si l'on sait où l'histoire va inéluctablement, les événements un à un n'ont plus d'importance ni de sens «).  • Quel est l'enjeu de ce texte ?  • En quoi la problématique de Merleau-Ponty est-elle originale ? Sur quoi est-elle fondée ?

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« humaine.

D'une certaine manière c'est même nier la possibilité d'une réelle histoire de l'homme.

Si tout doit advenir,la contingence n'a pas le droit de citer.

Mais penser l'histoire d'un point de vue téléologique est une illusion qui sedéveloppe dans l'esprit grâce au mouvement rétrograde du jugement vrai.

II – La valeur de la contingence a) Il est donc nécessaire de concevoir le futur comme contingent, c'est-à-dire laissant la possibilité de préférerentre divers solution.

C'est dire avec Merleau-Ponty que le futur est affaire de choix, d'élection d'un moyen, certes en vue d'une fin, mais d'une fin personnelle et individuelle qui n'est pas noyée dans le flot téléologique de l'histoire.C'est donc aussi m'intéresser au présent et à mon sort ; reprendre possession de ma liberté et de ma responsabilité.Du point de vue individuelle, mon action m'importe parce qu'elle me touche et qu'elle a des conséquences pour monavenir.

Que cette action puisse avoir une influence sur l'ensemble du cours de l'histoire, je ne peux le prévoir, ou dumoins cela fait partie de ma responsabilité, si l'on suivait une théorie du chaos ce que n'a pas en vue Merleau- Ponty ici.

Ainsi l'avenir est contingent.

Pour reprendre un exemple plus que connu dans la question des futurs contingents, on peut reprendre le cas de la bataille navale d' Aristote dans De l'interprétation I, 9 .

On sait que demain il y a aura une bataille navale ou pas : l'alternative est nécessaire mais le fait qu'il y ait soit une bataille soitpas n'est contingent.

Plus simplement, il n'est pas nécessaire que la bataille ait lieu demain comme il est contingentque la bataille ait lieu.

C'est pour cela que le présent m'intéresse, parce que j'y participe et qu'il relève de madécision.

Dans ce cas, c'est dire alors que je suis un acteur à part entière de l'histoire et non qu'elle se déroulemalgré moi.b) L'histoire dans ce cas est avant tout mon histoire à l'aune d'une histoire au-delà de l'individu.

Mais je suis affectépar l'histoire et je l'affecte moi-même de par chacune des décisions que je prends.

Si l'on utilise la métaphorefluviale, on peut effectivement dire que l'historie l'écoule comme une rivière, mais la comparaison doit s'arrêter là.

Larivière coule d'amont en aval suivant une nécessité stricte et physique.

Dans ce cas, on peut dire que rienn'échappe au hasard dans le mouvement de la rivière ce qui explique que l'on peut prévoir ses crues etc.

Mais lagrande différence ; la différence essentielle est le fait que l'histoire ou la rivière ainsi comprise n'a pas de volonté nide conscience et ne peut pas effectuer de choix.

Comprendre ainsi l'histoire ce serait faire de l'homme un automatedont les buts et les sens n'auraient aucune valeur contenu du flux dans lequel il est pris.

Ce serait reconnaîtrel'absence de sens de l'ensemble des actions humaines.

En effet, l'homme et sa volonté se plierait à une volontétoute puissante et supérieure que l'on pourrait appeler la Providence, Dieu ou le Destin.

En ce sens, l'histoire seferait malgré lui.

Il y aurait une cause sous-jacente et inconsciente dans toutes les actions des hommes qui lesconduirait inexorablement vers un but déterminé à l'avance.

En d'autres termes, le sens de la vie de l'homme ou deses choix n'aurait aucun intérêt du point de vue de cette grande rivière.

L'homme et sa volonté ne serait qu'unegoutte d'eau dans l'océan.c) Or le sens ne peut se percevoir que pour une conscience ; mais si l'homme est incapable d'avoir une influence surle présent et qu'il n'a pas conscience de causes sous-jacentes alors l'histoire n'a pas de sens pour lui.

L'histoiren'aurait plus de sens dans la mesure où elle transcenderait l'homme et ne pouvant en avoir conscience, son sens luiéchappe.

C'est pourquoi Merleau-Ponty refuse le recours à une explication de l'histoire en terme d'histoire d'universelle comme c'est le cas pour la philosophie de Kant ou de Hegel par exemple.

Cette conception de l'histoire universelle correspond à une recherche herméneutique, c'est-à-dire à recherche ou deviner un sens a priori del'histoire qui devrait nous guider.

Ainsi comprise, l'homme n'est qu'un instrument de l'histoire et le rôle de l'historienest alors de rechercher les traces et les manifestations attestant du progrès vers ce but.

On peut dire alorslittéralement que l'homme ne connaît pas l'histoire qu'il fait.

Il n'y a donc plus d'événement en tant que l'événementest la manifestation présente d'une action qui semble marquer l'histoire et l'orienter dans un sens ou dans l'autre.

Eneffet il n'y a plus d'événement parce que tout doit concourir à une fin donnée.

Dès lors tout se vaut : une révolutionou le fait que le nez de Cléopâtre fut de telle longueur ou que je rate mon train.

A partir de chaque moment del'histoire on peut dire que se dessine un événement particulier.

Et puisque tout peut faire sens alors rien ne sedistingue donc rien n'a de valeur particulier ce qui prive finalement de sens tout événement.

C'est pourquoi Merleau-Ponty parle de nihilisme.

En effet, le nihilisme est la conception nietzschéenne selon laquelle tout chose manquecruellement de sens et n'a pas de valeur en soi.

Le nihilisme doit aboutir à une remise en cause de conception et iciil s'agit tout simplement de la destruction de l'histoire même ainsi que de la liberté de l'homme.

Conclusion : L'histoire n'est donc pas nécessaire dans son déroulement.

Le futur est nécessairement contingent et l'onne peut produire a priori une histoire universelle ni même lire a posteriori l'histoire afin de justifier son déroulementcomme s'il s'agissait d'un invincible enchaînement.

L'histoire ne doit pas être une herméneutique ni mêmetéléologique au risque rien d'annihiler tout sens dans l'histoire, tout sens de l'événement ainsi que la liberté et laresponsabilité de l'homme.

Faire ce type d'histoire c'est faire l'objet d'une illusion rétrograde du jugement vrai, c'est-à-dire une illusion retrospective.. »

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