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Merleau-Ponty: Dans l'experience du dialogue...

Publié le 28/03/2005

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merleau
Dans l'expérience du dialogue, il se constitue entre autrui et moi un terrain commun, ma pensée et la sienne ne font qu'un seul tissu, mes propos et ceux de mon interlocuteur sont appelés par l'état de la discussion, ils s'insèrent dans une opération commune dont aucun de nous n'est le créateur. Il y a là un être à deux, et autrui n'est plus ici pour moi un simple comportement dans mon champ transcendantal", ni d'ailleurs moi dans le sien, nous sommes l'un pour l'autre collaborateurs dans une réciprocité parfaite, nos perspectives glissent l'une dans l'autre, nous coexistons à travers un même monde. Dans le dialogue présent, je suis libéré de moi-même, les pensées d'autrui sont bien des pensées siennes, ce n'est pas moi qui les forme, bien que je les saisisse aussitôt nées ou que je les devance, et même, l'objection que me fait l'interlocuteur m'arrache des pensées que je ne savais pas posséder, de sorte que si je lui prête des pensées, il me fait penser en retour. C'est seulement après coup, quand je me suis retiré du dialogue, et m'en souviens, que je puis le réintégrer à ma vie, en faire un épisode de mon histoire privée, et qu'autrui rentre dans son absence, ou, dans la mesure où il me reste présent, est senti comme une menace pour moi. Merleau-Ponty

Tout l’intérêt du texte consiste à montrer à quel point le dialogue est l’occasion d’une expérience tout à fait privilégiée d’autrui.    L’expérience courante que nous faisons de l’existence des autres autour de nous est relativement restreinte.    Qu’est-ce qu’autrui pour moi ? Tout d’abord un simple "comportement dans mon champ transcendantal" (lignes 4-5). Comprendre ici : "dans mon champ de perception". Autrui, c’est d’abord ce que je vois de lui. Un corps, des gestes, des attitudes. Descartes disait bien que l’on voit des chapeaux et des manteaux, c’est-à-dire surtout des apparences.    Au fond, on perçoit autrui d’abord comme on perçoit n’importe quel objet, on le perçoit sur le mode de l’objet. On ne le perçoit pas en lui-même, comme une personne à part entière. Perçu, autrui n’en reste pas moins absent (ligne 14).  

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