Devoir de Philosophie

MERLEAU-PONTY et la liberté

Publié le 17/04/2009

Extrait du document

merleau
Il y a [...] deux vues classiques. L'une consiste à traiter l'homme comme le résultat des influences physiques, physiologiques et sociologiques qui le détermineraient du dehors et feraient de lui une chose entre les choses. L'autre consiste à reconnaître dans l'homme, en tant qu'il est esprit et construit la représentation des causes mêmes qui sont censées agir sur lui, une liberté acosmique (1). D'un côté l'homme est une partie du monde, de l'autre, il est conscience constituante du monde. Aucune de ces deux vues n'est satisfaisante. A la première on opposera toujours [...] que, si l'homme était une chose entre les choses, il ne saurait en connaître aucune, puisqu'il serait, comme cette chaise ou comme cette table, enfermé dans ses limites, présent en un certain lieu de l'espace et donc incapable de se les représenter tous. Il faut lui reconnaître une manière d'être très particulière, l'être intentionnel, qui consiste à viser toutes choses et à ne demeurer en aucune. Mais si l'on voulait conclure de là que, par notre fond, nous sommes esprit absolu, on rendrait incompréhensibles nos attaches corporelles et sociales, notre insertion dans le monde, on renoncerait à penser la condition humaine.

• Merleau-Ponty critique et souligne les insuffisances des deux conceptions classiques de l'homme : le matérialisme et l'idéalisme. — Contre le matérialisme : sans doute par son corps l'homme fait-il partie du monde (cf. Sartre : il est chose, parmi les choses, ustensile parmi les ustensiles). Cependant il est aussi une conscience, c'est-à-dire une intentionnalité capable de représentation. — Contre l'idéalisme : l'homme ne peut être affirmé comme pur esprit puisqu'il est dans et par le monde. • Les deux thèses classiques pèchent donc par excès de simplification et ne retiennent chacune qu'un des aspects de l'homme, qu'elles privilégient aux dépens de l'autre. Ainsi l'idéalisme néglige nos « attaches corporelles et sociales « et le matérialisme ne rend pas compte de la conscience « constituante du monde «.

merleau

« IV - UNE DEMARCHE POSSIBLE A - Les deux "vues" qui se contredisent et s'entre-détruisent sont en effet le MATERIALISME et le SPIRITUALISME. Elles ont quelque chose en commun : toutes deux font d'une composante relative ou d'une moitié de la conditionhumaine un ABSOLU, le tout de cette condition. Le matérialisme considère l'homme comme un être entièrement absorbé dans les choses, voire comme une chose lui-même. C'est le règne des "influences". L'homme est déterminé par les choses : autrement dit, son être intérieur est gouverné par les causes extérieures, etil finit par être transformé en chose, "chose entre les choses", écrit l'auteur. Le spiritualisme pose brutalement le contraire : l'essence de l'homme, c'est son esprit, et celui-ci possède une"liberté acosmique".

"Cosmos" signifie "monde" en grec, "acosmique" signifie "qui est séparé du monde, qui ne dépendpas ou n'a pas besoin du monde". L'action humaine, les fins visées et les réalisations de ces fins, pour le spiritualiste, dépendent uniquement del'"esprit", c'est-à-dire d'une réalité non matérielle qui est l'essence de l'homme et qui échappe au monde. B - Les conséquences absurdes des deux conceptions. 1.

Le matérialisme est faux, parce qu'il ne permet pas de RENDRE COMPTE d'un fait : le fait même de laCONNAISSANCE. Connaître, cela suppose une mise à distance entre le sujet connaissant et l'objet connu.

Plus généralement, lareprésentation mentale d'une réalité demande à la fois une distance vis-à-vis de la chose représentée, et unedifférence de nature entre l'esprit et la chose. MERLEAU-PONTY désigne cette faculté qu'a l'homme de PRENDRE POUR OBJET de sa visée mentale, une réalité qu'ilDISTINGUE DE LUI-MEME : "l'être intentionnel". 2.

A l'inverse, le spiritualisme est incapable de rendre compte de "notre insertion dans le monde".

Par cette formule,l'auteur désigne les "attaches" qui nous relient au monde.

Il ne faut prendre ce mot seulement au sens affectif("être attaché à quelqu'un").Il faut au contraire donner un sens très matériel à la relation de l'homme au monde.

L'homme est lié au mondecorporellement : par la PERCEPTION des choses, et socialement, par son TRAVAIL et ses relations à AUTRUI. L'esprit est donc bien pour l'auteur, une réalité, mais en aucun cas une réalité "absolue", c'est-à-dire une réalitépouvant exister sans s'INCARNER au sein du monde, NI S'OUVRIR à ses influences. On peut formuler de manière synthétique la pensée de l'auteur, en réunissant les deux aspects de cette critique.L'homme est esprit, mais n'est pas simplement esprit en ce sens que celui-ci ne peut pas se représenter le mondeen étant extérieur à ce monde : l'homme ne peut se représenter le monde que s'il est immergé en lui, ou encoreENGAGE en lui. V - QUELQUES REFERENCES POSSIBLES - MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, dernier chapitre - SARTRE, L'Etre et le Néant , chapitre sur la liberté VI - LES FAUSSES PISTES - Attribuer à l'auteur l'une ou l'autre des conceptions qu'il critique.- Lui attribuer les deux à la fois, sans considérer la critique mutuelle qu'il leur fait exercer.- Réciter la conception propre de MERLEAU-PONTY à partir du cours, sans prêter attention au détail du texte. VII - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles