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LA MÉTHODE DE PROUST

Publié le 05/04/2011

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proust

Marcel Proust posséda, très jeune, une immense, culture littéraire et artistique. Son premier livre, Les Plaisirs et les Jours, en témoigne : il est imprégné de littérature, et certains morceaux furent écrits à vingt ans. En témoignent aussi ses pastiches de Balzac, Flaubert, Sainte-Beuve, Henri de Régnier, Goncourt, Michelet, Faguet, Renan, Saint-Simon, qui montrent à quel point il les connaissait, et comme il avait saisi leur mécanisme mental, non point dans un but parodique (comme d'autres pasticheurs pleins d'esprit et de talent), mais à l'usage de sa propre investigation. On peut donc se demander si certains écrivains n'ont pas exercé sur lui une influence, à laquelle son œuvre doit quelques-uns de ses caractères.

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« Il avait horreur des thèses artificiellement établies, et autour desquelles on bâtit l'affabulation romanesque.

Uneoeuvre où il y a des théories, écrivait-il, est comme un objet sur lequel on laisse la marque du prix. Il n'a pas fait « un tableau de la société entre 1880 et 1914 » mais il a montré comme cette société évoluait dans ladurée même de la France.

L'aristocratie, tout au moins l'ensemble des familles portant des titres nobiliaires et desnoms historiques, n'ayant plus, comme caste, de fonction sociale ni politique, est dévorée par la bourgeoisie richeenvahissante et les juifs millionnaires. Il faut noter que l'œuvre est dans le sens où d'autres écrivains du même temps ont cherché une voie : Joyce,Pirandello, Lawrence.

Marcel Proust seul a donné à ces problèmes d'introspection psychologique une explication etune signification universelles.

Il faut noter que tous ses personnages sont français, que toute l'action se passe enFrance (sauf un court intermède vénitien) et que Proust a vécu en France toute sa vie, ses déplacements àl'étranger ayant été rares et de peu de durée. Le génie, écrit-il, [consiste] dans le pouvoir réfléchissant et non dans la qualité intrinsèque du spectacle reflété.Cependant l'artiste sait quelles situations, s'il est romancier, quel paysage, s'il est peintre, lui fournissent la matière,indifférente en soi, mais nécessaire à ses recherches comme serait un laboratoire ou un atelier.

(J.

F., 1) — (J.

F.,2) Il revient constamment sur cette notion de laboratoire, cependant il ne classait pas.

Le laboratoire était entièrementdans son cerveau qui comprenait et adaptait.

Sa documentation n'était pas un fichier méthodique et glacé, maistoujours, et dans ce qu'elles pouvaient avoir de plus scientifique : des observations, chaudes de vie, animées,colorées et lumineuses. Il ne néglige rien (car rien n'est négligeable dans la nature).

C'est ainsi qu'il tient compte du « potin » : Le potinempêche l'esprit de s'endormir sur la vue factice qu'il a de ce qu'il croit les choses et qui n'est que leur apparence.

Ilretourne celle-ci avec la dextérité magique d'un philosophe idéaliste et nous présente rapidement un coininsoupçonné du revers de l'étoffe.

(S.

G., 3) Clinicien véritable de la psychologie, il assimile les passions à des états morbides, plus ou moins graves, depuis lanaissance de la maladie jusqu'à sa fin, en passant par tous les états de crise, d'amélioration, de rechute, et jusqu'àla contagion.

Il s'est servi de lui-même comme sujet d'expérience, il a analysé objectivement ses souffrancesphysiques et morales, leurs causes, leurs effets intellectuels et psychiques. Lorsqu'il entreprit d'étudier Sodome et Gomorrhe, nous le verrons, il le fit avec l'esprit d'un naturaliste se proposantde découvrir les lois d'une espèce, ses principales variétés et ses sous-variétés. Enfin il employait volontiers des comparaisons médicales, qui lui paraissaient propres à la rigueur de ses définitions : Les gens non-amoureux trouvent qu'un homme d'esprit ne devrait être malheureux que pour une personne qui envalût la peine; c'est à peu près comme s'étonner qu'on daigne souffrir du choléra par le fait d'un être aussi petit quele bacille virgule.

(S., 2) Les neurasthéniques ne peuvent croire les gens qui leur assurent qu'ils seront peu à peu calmés en restant au lit,sans recevoir de lettres, sans lire les journaux.

De même les amoureux, le considérant du sein d'un état contraire,n'ayant pas commencé de l'expérimenter, ne peuvent croire à la puissance bienfaisante du renoncement.

(J.F., 2).. »

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