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Le mexique tire-t-il profit de l'ALENA ?

Publié le 13/04/2011

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Sommaire Introduction : Le Mexique p.3 A. L'historique du pays p.3 B. Présentation géographique p.3 C. Présentation économique p.3 D. Présentation Politique p.4

I. Accord de libre-échange nord-américain p.5 A. Présentation de l’accord p.5 B. Le but de l’ALENA p.5 C. Les principales institutions de l'ALENA p.6

II. Mexico versus ALENA p.7 A. Le bilan économique p.7 1. Le commerce du Mexique avec ses partenaires de l'ALENA a augmenté 2. L'investissement étranger direct au Mexique a pris son essor 3. L'ALENA a contribué à la performance globale de l'économie mexicaine 4. Toute la performance de l'économie mexicaine depuis 1994 ne saurait être attribuée à l'ALENA B. Le bilan social et environnemental p.8 1. Inégalités en hausse, et disparités régionales 2. Les préoccupations concernant l'emploi, les salaires et la pauvreté 3. L'émigration 4. Les répercussions sur l'agriculture 5. Aggravation des problèmes environnementaux C. Les impacts de l'ALENA sur les relations internationales du Mexique p.10

Conclusion p.12 Sources p.13

Introduction : Le Mexique A. L'historique du pays L’histoire du Mexique est longue et riche. De grandes civilisations se succédèrent dans le territoire de l'actuel Mexique : Olmèques, Mayas, Zapotèques, Mixtèques, Toltèques et Aztèques, entre autres et qui ont formé l’empire Aztèque avant l’arrivée des conquistadors espagnols. Au XVIème siècle, les espagnols sous l’impulsion du conquistador Hernán Cortés envahissent le pays sans trop de résistance de la part des locaux qui les prenaient, conformément aux anciennes légendes toltèques, pour des envoyés des dieux. Quelques batailles eurent cependant lieu, comme la Noche Triste du 30 juin 1520, qui aboutirent à la division par 25 de la population mexicaine (25 millions en 1520 contre 1 million en 1650) Les espagnols régnèrent durant 300 ans sur ce territoire jusqu’à l’indépendance du Mexique en 1821. Miguel Hidalgo, un créole curé du village de Dolores, fut un pionnier de la guerre d'indépendance. Le 16 septembre 1810, il pousse le fameux Grito de Dolores qui appelle les habitants de la Nouvelle Espagne à se libérer des Espagnols alors gouvernés par Joseph Napoléon. L'arrivée d'un gouvernement libéral en Espagne convainquit les créoles qui voulaient s'approprier les privilèges des espagnols de proclamer l'indépendance. En 1821, 11 ans après le déclenchement de la guerre d'indépendance, l'armée \"Trigarante\" entra dans la capitale. Le 24 août 1821, le traité de Córdoba confirme l'indépendance au Mexique. Le Mexique disposait de belles villes, d'une haute société évoluée. Le patriotisme était vigoureux dans les élites créoles, mais pas dans la masse indigène qui ignorait l'existence d'une Nation mexicaine. Ce sentiment n'était cependant pas suffisamment développé pour conduire les esprits à une politique commune. L'histoire du Mexique entre 1820 et 1848 pourrait presque se résumer à une succession de troubles qui suscitèrent les réactions des puissances européennes, inquiètes des dettes non remboursées. En 1838, le gouvernement de Louis-Philippe, qui ne pouvait obtenir les réparations qu'il demandait, envoya une flotte bombarder Saint-Jean d'Ulua et s'emparer de Veracruz, cet épisode a été nommé guerre de la pâtisserie. A la suite de la guerre contre les États-Unis entre 1846 et 1848, un apaisement se fit sentir. En 1853, les troubles reprirent, nouvelle guerre civile. En 1855, le Mexique s'engageait dans la Réforme, violemment anticléricale. En 1857, une nouvelle constitution était promulguée. Porfirio Díaz, au pouvoir depuis une trentaine d'années, voulait à nouveau se représenter à l’élection présidentielle de 1910, mais Francisco Madero annonça aussi sa candidature. Díaz fit emprisonner Madero, puis le relâcha. Les autorités déclarèrent que Díaz avait aisément et que Madero n'avait recueilli que quelques centaines de voix à travers tout le pays. De nombreuses personnes estimèrent qu'il y avait eu une fraude flagrante dans les élections et se rebellèrent. Ainsi débuta la guerre civile mexicaine, aussi appelée révolution mexicaine. B. Présentation géographique Le Mexique est un pays situé en Amérique du Nord. Il partage des frontières terrestres avec les États-Unis (3 326 km) au Nord et avec le Belize (193 km) et le Guatemala (962 km) au Sud. Il possède de nombreuses façades maritimes (10 143 km) notamment avec l’océan Pacifique et le golfe de Californie (7 338 km) à l’Ouest et avec la mer des Caraïbes et le golfe du Mexique (2 805 km) à l’Est. La superficie totale du pays est de 1 972 550 km² en incluant environ 6 000 km² d’îles dans l’océan Pacifique, le golfe de Californie, la mer des Caraïbes et le golfe du Mexique. La zone économique exclusive (ZEE) mexicaine s’étend sur 370 km à partir de chaque côte et totalise environ 2,7 millions de km². Le territoire comporte aussi quelques îles comme Guadalupe et Revillagigedo (Pacifique). On trouve aussi de nombreux volcans. Le pic de Orizaba culmine à 5 700 4 mètres, tandis que le point le moins élevé est la Laguna Salada qui se trouve à 10 mètres en dessous du niveau de la mer. Le pays est sujet aux tremblements de terre, parfois très violents. Le Mexique est traversé par deux principales chaînes de montagne : La Sierra Madre Occidentale et la Sierra Madre Orientale. La Sierra Madre Occidentale à l’ouest est le prolongement de la Sierra Nevada de Californie et la Sierra Madre Orientale à l’est est le prolongement des Montagnes Rocheuses du Nouveau-Mexique et du Texas. Entre les deux principales chaînes de montagnes se trouve le plateau mexicain. La cordillère néovolcanique marque la limite sud des Sierra Madres occidentale et orientale. Le Mexique compte également d’autres chaînes de montagne moins importantes comme la chaîne californienne, la Sierra Madre del Sur, la Sierra Madre de Oaxaca, la Sierra Madre de Chiapas, et la Meseta Central de Chiapas. C. Présentation économique Douzième puissance économique dans le Monde et membre de l’OCDE, le Mexique présente, à la fois, les caractéristiques d’un pays en développement et à la fois d’une base solide industriellement et commercialement parlant. Avec un PIB de plus de 883 milliards de dollars US $ et un revenu par tête supérieur à 8400 US $ (2007). Le dynamisme de l’activité économique mexicaine intervient dans un contexte de stabilité financière et de stabilité des prix. L’agriculture, l’élevage, l’exploitation des forêts, la pêche et la chasse font partie du secteur primaire. C’est 4% du PIB total et 18% de la population active. Le PIB de ce secteur a enregistré une hausse de 4,4% en 2008, grâce à une augmentation de la surface récoltée pour la période automne-hiver, et par une production plus importante de cultures comme le chili vert, la pomme, le mais, les fourrages, les haricots, les oranges, les pommes de terre, la tomate, le café cerise, l’avocat, le raisin, la mangue, le blé et l’orge en grain, le sorgho fourrager, ainsi que l’élevage. L’extraction minière, l’électricité, l’eau et l’approvisionnement en gaz, la construction et l’industrie manufacturière relèvent du secteur secondaire. Il représente 26,5 % du PIB et emploie 24 % de la population active. Ce secteur a connu en 2008 une croissance de 1,3% en raison de hausses de trois de ses quatre branches : l’électricité, l’eau et l’approvisionnement en gaz avec une hausse de 7,1%, les industries manufacturières avec une hausse de 3,7% et la construction avec une hausse de 1,7%. Mais dans le même temps l’extraction minière a fléchi de 9,1%. Enfin le secteur tertiaire, dont font partie le tourisme, l’audiovisuel ou les télécommunications représente environ 69% du PIB du Mexique et emploi 58% de la population active. D. Présentation Politique Le Mexique est une république fédérale composée de 31 États et d'un district fédéral. Le nom officiel du pays est Estados Unidos Mexicanos (« États-unis mexicains »). Toutes les personnes de plus de 18 ans ont le droit de vote. La séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire) est garantie par la Constitution de 1917. Le pouvoir exécutif est détenu par le président de la République. Il est élu pour une période de 6 ans, non renouvelable, au suffrage universel direct à un seul tour et à la majorité relative. Il n’y a pas de Premier ministre. Le président nomme et révoque les ministres, le procureur général (ministre de la Justice), les ambassadeurs et les consuls généraux. En cas de démission ou de décès, le Congrès désigne un président intérimaire. Le président peut émettre des décrets dans le domaine économique et financier grâce aux pouvoirs que lui délègue le Congrès. Depuis le 1er décembre 2006, Felipe Calderón est le président du Mexique 5 Le pouvoir législatif est détenu par le Congrès, divisé en deux chambres : Le Sénat : Les sénateurs sont élus tous les 6 ans. Le Sénat compte 128 sénateurs, soit 4 sénateurs par entité fédérative La Chambre des députés : les députés sont élus au suffrage universel direct tous les 3 ans. La Chambre compte 500 représentants. 300 circonscriptions électorales désignent chacune un député et 200 autres députés sont élus au suffrage proportionnel à travers tout le pays. Les 200 sièges désignés de façon proportionnelle ont été créés pour permettre aux petits partis d’accéder plus facilement à la Chambre I. Accord de libre-échange nord-américain A. Présentation de l’accord. L'Accord de libre échange Nord-américain (ALENA) appelé North American Free Trade Agreement (NAFTA) en anglais et Tratado de Libre Comercio de América del Norte (TLCAN) en espagnol a été signé entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, et est entré en vigueur le 1er janvier 1994. Cet accord est destiné à favoriser les échanges commerciaux et les investissements entre les partenaires. Il comprend un large programme d'élimination des droits de douane et de réduction des barrières non-tarifaires. L'ALENA s'accompagne de dispositions relatives à l'investissement, aux services, à la propriété intellectuelle, à la concurrence et au règlement des différents. Il est important de noter qu’il s'agit d'un accord de libre échange, sans intégration politique. L'ALENA est aujourd'hui la plus grande zone de libre-échange du monde avec 21 311 000 km², 380 millions d'habitants et un PIB de 1700 milliard $ pour l’année 2008. B. Le but de l’ALENA L’ALENA met en avant sept axes de coopérations entre les trois acteurs que sont les États-Unis, le Canada et le Mexique. - Élimination des droits de douane : Les droits de douane sur les exportations vers les États-membres seront éliminés progressivement sur une période de 10 ans. Le Mexique a accordé l'accès immédiat en franchise à de nombreux produits d'exportation canadiens et importants, tandis que 60% des produits mexicains sont déjà totalement exonérés de droits. - Traitement national : Le Canada, les États-Unis et le Mexique traitent les produits, les services et les investisseurs des deux autres parties de la même façon que les leurs. Par ailleurs, les investisseurs étrangers sont couverts par l'ALENA, s'ils se servent d'un des États membres comme \"pays d'origine\" pour faire des investissements aux États-Unis, au Canada ou au Mexique. - Accès garanti au marché : Grâce à l'ALENA, les produits canadiens, américains ou mexicains ont un accès assuré aux marchés de leurs partenaires de la zone. - Règlement des différends : Ce sont des groupes spéciaux binationaux et non des tribunaux nationaux qui règlent les différends ou déterminent les voies de recours contre les mesures antidumpings ou compensatoires. 6 Les désaccords entre les investisseurs et les États signataires de l'ALENA peuvent être réglés par voie d'arbitrage international. - Marchés publics : Chacun des trois pays a convenu d'accroître sensiblement les possibilités d'accès aux marchés publics, non seulement dans le cas des produits mais aussi des services, y compris les services dans le domaine de la construction. -Voyages d'affaires : Grâce à des procédures simplifiées, les voyages d'affaire s'effectuent plus rapidement. Les gens d'affaires admissibles peuvent entrer temporairement dans l'autre pays sans procédure d'approbation préalable. - Propriété intellectuelle : L'ALENA traite également des droits de propriété intellectuelle et prévoit la normalisation des règles et la protection des droits. Parallèlement a la signature de cet accord, a été signé deux autres accords. L'Accord Nord-américain de coopération dans le domaine du travail qui a pour objet d'encourager l'application effective des législations nationales du travail L'Accord Nord-américain sur la coopération dans le domaine de l'environnement qui a pour mission de réduire les risques de conflits commerciaux et environnementaux et de promouvoir l'application effective des législations nationales sur l'environnement. C. Les principales institutions de l'ALENA. - La Commission du libre échange : La Commission du libre échange est l'institution centrale de l'ALENA. Elle est composée de représentants de rang ministériel des trois pays. C’est elle qui dirige l'application de l'Accord et supervise son développement. Elle a, également, pour fonction d'aider à régler les différents liés à l'interprétation de l'Accord et de surveiller l'activité des comités et des groupes de travail institués dans le cadre de l'ALENA. - Le secrétariat de coordination de l'ALENA : Le Secrétariat, établi dans la capitale du Mexique, Mexico, seconde les travaux de la Commission. Il est le dépositaire officiel des dossiers de l'ALENA. - Les comités et groupes de travail : Depuis la mise en place de l’ALENA plus d'une trentaine de comités et groupes de travail ont vu le jour. Ces comités sont en charge des questions relatives aux règles d'origine applicables aux secteurs concernés : agriculture, services, marchés publics Ces comités et groupes de travail rendent compte annuellement de leur activité à la Commission de l'ALENA. Ils peuvent formuler des propositions relatives à une libéralisation plus poussée encore du marché. 7 II. Mexico versus ALENA A. Le bilan économique 1. Le commerce du Mexique avec ses partenaires de l'ALENA a augmenté Au niveau le plus élémentaire, l’objectif des accords de libéralisation du commerce est d’accroître les interactions commerciales et économiques entre les pays signataires. Dans cette optique, comme l’a affirmé Mme Andrea Lyon (directrice générale, ministère des Affaires étrangères et du Commerce international), l’ALENA a été un franc succès pour le Mexique. En effet, de 1990 à 2003, les importations et les exportations du Mexique ont augmenté d’environ 300 %. Avant tout grâce à la hausse de ses échanges avec le Canada et les États-Unis, mais aussi du fait des ententes commerciales qu’il a conclues avec trente autres pays, le Mexique est devenu le pays commerçant le plus important en Amérique latine, est à ce jour la quatorzième économie mondiale et, le deuxième partenaire des États Unis (derrière le Canada mais devant la Chine). Bien que tous les témoins n’aient pas été disposés à mettre cette croissance au seul crédit de l’ALENA, aucun n’a nié que l’ALENA eût joué un rôle important. Même si le commerce du Mexique avec le reste de l’Amérique du Nord connaissait déjà une vigoureuse croissance avant la ratification de l’ALENA, le mouvement s’est accéléré après 1994. Les données canadiennes et américaines sur les importations montrent que, en dollars canadiens, les exportations mexicaines vers le marché de l’ALENA ont plus que quadruplé depuis la mise en place de l’accord, car elles sont passées de 55,2 milliards de dollars en 1993 à 205,7 milliards en 2003. Le Mexique se retrouve donc de plus en plus étroitement lié à l’économie nord-américaine 2. L'investissement étranger direct (IED) au Mexique a pris son essor Pour ce qui est des investissements américains directs, le Mexique a vu ces derniers tripler en sept ans. Selon la CNUCED, le Mexique est le deuxième pays d’accueil d’IDE en Amérique latine, après le Brésil, et dans les premières places parmi les économies émergentes. Les flux d’investissements étrangers vers le Mexique sont en augmentation depuis la moitié des années 1980, grâce à une politique active d’ouverture commerciale menée par les autorités. L’adhésion du Mexique au GATT en 1986 et l’entrée en vigueur du Traité de libre-échange nord-américain (ALENA) en 1994 ont permis l’essor des flux d’IDE qui, entre 2001 et 2008, se sont situé en moyenne à 23 Md USD. Leur évolution a cependant été irrégulière avec une variation annuelle moyenne de 4,2% entre 1999 et 2009. La part des flux d’IDE dans le PIB reste limitée: 2,1% en 2008 et 1,3% en 2009. En termes de stock accumulé au cours des dix dernières années le Mexique détient 230 Md USD. Le Canada et les États-Unis sont la source principale de l’IED au Mexique, mais la rapide croissance de l’investissement ne tient pas uniquement à l’augmentation de l’apport en provenance de ces deux pays. Si rapide qu’ait été la croissance de l’investissement provenant de ses partenaires de l’ALENA, l’investissement venant de l’extérieur de l’Amérique du Nord a progressé encore plus vite. Le Mexique a notamment bénéficié d’une rapide croissance de l’IED venant de l’Union européenne (UE). 3. L'ALENA a contribué à la performance globale de l'économie mexicaine L’ALENA peut être considérée comme une réussite pour le Mexique dans la mesure où il y a contribué à la croissance du commerce et de l’investissement. Toutefois, l’échange de biens et de 8 services et l’investissement ne constituent pas l’objectif ultime des accords de libéralisation des échanges, mais seulement un moyen pour les partenaires commerciaux de devenir plus efficaces et ainsi de connaître une croissance plus rapide et de s’enrichir. Autrement dit, ce n’est pas l’augmentation du commerce et de l’investissement qui donne leur valeur à des accords comme l’ALENA, ce sont les retombées économiques qui en découlent. Plus précisément, qu’est-il advenu de la productivité, de l’emploi, des revenus, de la pauvreté et de la croissance économique au Mexique depuis 1994? Il a été largement reconnu que le secteur manufacturier du Mexique est le grand gagnant. Grâce en grande partie au généreux apport d’IED au Mexique, ce secteur s’est modernisé, la production et l’emploi y ont augmenté. Une étude de la fondation Carnegie (NAFTA’s Promise and Reality: Lessons from Mexico for the Hemisphere) donne à penser que les diminutions de droits de douane prévues par l’ALENA ont probablement permis la création de 250 000 emplois dans le secteur manufacturier. De plus, l’importance des exportations de produits manufacturés a augmenté tandis que la dépendance à l’égard des exportations de pétrole et d’autres matières premières diminuait de façon radicale. Dans les années 1980, les minéraux et le pétrole représentaient en gros 70% des exportations, et les produits manufacturés moins de 25%. En 2002, la proportion des produits manufacturés était de 89% et celle des minerais et du pétrole n’était plus que de 8%. L’ALENA a également contribué à des gains de productivité considérables au Mexique, notamment dans le secteur manufacturier où la productivité a progressé de 60 % depuis 1993. La productivité est essentielle si on veut améliorer à long terme la compétitivité de l’économie mexicaine et relever les salaires et le niveau de vie. Plus les travailleurs mexicains sont productifs, plus ils deviennent une ressource précieuse. 4. Toute la performance de l'économie mexicaine depuis 1994 ne saurait être attribuée à l'ALENA Ainsi, il a été largement reconnu que l’augmentation des échanges commerciaux et de l’investissement déclenchée par l’ALENA avait été bénéfique pour l’économie mexicaine. Toutefois, beaucoup ont fait une mise en garde : il serait trompeur d’attribuer toute la croissance qui s’est produite au Mexique depuis 1994 aux effets de l’ALENA. En réalité, dans l’optique du Mexique, l’ALENA ne représentait qu’un élément – si important fût-il – parmi une grande série de réformes économiques et politiques. Et, il est bien évidemment difficile de dissocier les effets de l’ALENA de ceux des réformes économiques sous-jacentes dont il faisait partie. Une étude récente tente de rendre compte des effets de chacun de ces facteurs de façon à calculer la part de l’augmentation des échanges qui est directement attribuable à l’ALENA. Sa conclusion est que l’ALENA explique de 25 à 30% de l’augmentation des exportations du Mexique depuis 1993. D’après la même étude, si l’ALENA n’avait pas été en place, l’IED au Mexique serait d’environ 40 % inférieur aux niveaux actuels, et il y aurait eu une diminution modérée du revenu par habitant. Il serait passé de 5 920 $ à 5 624 $ (dollars américains). B. Le bilan social et environnemental 1. inégalités en hausse et disparités régionales Selon le classement des pays par PIB établie par le FMI et la banque mondiale, le Mexique se positionne en 2010 au 14e rang mondial. Cependant, compte tenue d’une richesse nationale qui n'est pas répartie équitablement dans le pays, le Mexique se caractérise par de grandes disparités régionales qui s'expriment notamment par l'accès à l'éducation, à la santé, au logement et à la culture. Selon la Banque mondiale, les avantages de l’ALENA n’ont pas été répartis uniformément au sein du Mexique, les États situés près de la 9 frontière méridionale ont très peu profité de l’entrée en vigueur de l’ALENA, tandis que ceux du nord ont vu le taux de croissance du revenu par habitant augmenter. Les États plus pauvres du Mexique se situent au sud du pays, où il y a beaucoup de richesses naturelles qui ne sont pas mises à profit. La répartition de la richesse a de plus empiré : si l'on compare 2010 avec 1984, on observe que 50% des mexicains les plus pauvres possède 19% de la richesse nationale quand en 1984 ils en possédaient 21%. Les 40% restants de la population, les familles de classe moyenne, ont vu aussi leurs revenus diminuer, puisqu'elles détiennent en 2010 43% de cette richesse, contre 47% en 1984. 2. Les préoccupations concernant l'emploi et les salaires Depuis l’instauration de l’ALENA, le pays n’a pas connu de croissance notable de l’emploi. En fait, cette croissance a été étonnamment faible et certainement décevante compte tenu des besoins du pays en raison de la poussée démographique. Si certes le Mexique a connu un bond de l’emploi dans le secteur manufacturier après l’ALENA, il a été compensé par des pertes massives (1,3 million d’emplois) dans le secteur agricole. Pour ce qui est des salaires, selon la Banque mondiale, la forte croissance de la productivité mexicaine depuis le début des années 1990 n’a pas encore porté ses fruits : les salaires réels dans le secteur manufacturier sont inférieurs à leur niveau d’avant ALENA. Ainsi, faute de croissance salariale et en raison de la perte d’emplois dans le secteur agricole, les taux de pauvreté demeurent élevés et la demande des consommateurs n’a pas augmenté de manière appréciable. Le Mexique n’a non seulement pas obtenu les avantages économiques qu’il espérait de l’ALENA mais en plus l’absence d’accroissement significatif de la demande de consommation au Mexique a limité les exportations du Canada et des États-Unis vers ce pays et accru la dépendance de l’économie mexicaine vis-à-vis de l’énorme marché des États-Unis. 3. Les profondes répercussions sur l’agriculture Bien que le secteur agricole ait enregistré certains gains, les syndicats agricoles, les agriculteurs et les partis de l’opposition juge l’ALENA comme en partie responsable des problèmes agricoles du pays en contestant les importations agricoles massives. En effet, les barrières douanières sur les biens agricoles importés ont été éliminées et le Mexique s’est vu contraint de subir la concurrence des agriculteurs américains, qui étaient non seulement plus efficaces, mais également lourdement subventionnés. Ainsi, En plus de profiter des avantages sur le plan de l’efficacité, les récoltes américaines sont bien souvent vendues au Mexique à un prix inférieur à leur coût de production. C’est notamment le cas du maïs, ce qui a exercé des pressions à la baisse sur les prix de cette denrée au Mexique. Cependant, en raison de la chute des prix, les revenus agricoles ont largement baissé et bien des Mexicains ont dû chercher du travail ailleurs qu’à la ferme.En conséquence, l’emploi dans le secteur agricole mexicain a chuté de façon spectaculaire. Toutefois, du point de vue de la production, le secteur agricole a beaucoup profité de l’ALENA. En effet, même si le Mexique importe plus de produits agricoles des États-Unis (et du Canada), sa production agricole a très nettement augmenté depuis l’entrée en vigueur de l’ALENA. De même, le Mexique exporte davantage de biens agricoles, son horticulture étant particulièrement dynamique. La production et l’exportation de fruits, de légumes et de fleurs ont vivement progressé, de même que l’emploi dans les exploitations commerciales spécialisées dans ces produits. 4. L’émigration Malgré l'ALENA, les progrès sociaux n'ont pas pu réduire le flux régulier de migrants à la recherche de meilleures conditions de vie. Le Mexique est le premier pays d’émigrants au monde, 10 avec 10.1 millions de personnes vivant à l’étranger soit environ 10% de la population mexicaine. Les Etats-Unis constituent le principal pays d'accueil des Mexicains avec 7,5% des émigrés, le reste des migrants, 2,5%, se répartit principalement entre le Canada, l'Espagne, la Bolivie, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Italie. La Banque Mondiale a indiqué que les Mexicains quittent leur pays du fait de la crise économique qui a touché plus particulièrement les secteurs les plus pauvres de la population. Ainsi, incapables de subvenir à leurs besoins selon les méthodes agricoles traditionnelles, des centaines de milliers de paysans mexicains pauvres tentent chaque année d’entrer aux États-Unis. Toutefois, les sommes que les émigrants mexicains vivant aux États-Unis renvoient chez eux contribuent en grande partie à soutenir l’économie du pays. En fait, ces sommes sont la deuxième source de revenus du Mexique, derrière celles provenant du secteur énergétique avec 11 milliards de dollars injectés chaque année dans l’économie mexicaine. 5. Aggravation des problèmes environnementaux La dégradation de l’environnement est un grave problème au Mexique. Depuis l’instauration de l’ALENA, le Mexique a connu une croissance importante basée sur l’exploitation des ressources naturelles et le développement industriel sans se préoccuper des effets négatifs sur l’environnement. Les pratiques agricoles non durables ont entraîné une forte érosion des sols et une forte désertification, la pêche est à l’origine de la surexploitation et de la diminution de nombreuses espèces marines à valeur commerciale. La gestion des ressources en eau pose l’un des plus graves problèmes environnementaux du Mexique. Concernant la qualité de l’air, les taux de pollution ont dans l’ensemble considérablement diminué en milieu urbain ces dix dernières années, notamment à Mexico, bien que la quantité relativement élevée des émissions de l’industrie, de la production énergétique et des transports demeure problématique. Ainsi pour faire face à cette situation, Le gouvernement a fixé des objectifs en faveur de la gestion durable des ressources et un certain nombre d’entreprises entendent désormais adopter un comportement en conformité avec un développement durable. En outre, la Commission européenne juge la protection de l’environnement cruciale pour le développement du Mexique et reconnaît la nécessité de maintenir l’aide extérieure pour concilier la croissance économique et une gestion durable des ressources naturelles. C. Les impacts de l’ALENA sur les relations internationales du Mexique Le Mexique, deuxième partenaire commercial des Etats-Unis, n’a pas tout gagné en devenant membre de l’accord de libre échange nord américain. C’est en grande partie grâce aux ressources minières et en pétrole du Mexique et à la main d’oeuvre bon marché fournit par le Mexique, que les Etats-Unis sont très compétitifs. De l’autre côté, les Etats-Unis continuent à exploiter les travailleurs mexicains et à renforcer leur précarité. Il s’agit d’un contentieux très ancien concernant le statut des travailleurs mexicains aux Etats-Unis. L’ALENA n’a pas impacté ce contentieux car cet accord n’inclut pas la libre circulation des hommes et des travailleurs. En octobre 2006, les Etats-Unis ont décidé de construire un double mur de plus de mille kilomètres de long entre la Californie et le Texas à la frontière mexicaine. Luis Ernesto Derbez, Ministre mexicain des Relations extérieures de l’époque a réagit ainsi : c’est « une décision qui va sérieusement détériorer les relations diplomatiques entre les deux pays : une mesure qui ne va pas garantir une meilleure sécurité ni résoudre le problème migratoire. Cette mauvaise décision prise par Washington nous préoccupe car elle va à l’encontre de l’esprit de coopération qui doit prévaloir pour garantir la sécurité de la frontière commune. » 11 L‘opposition de gauche et les défendeurs des sans papiers voient dans la construction du mur l’échec de la politique extérieure de Vicente Fox, ancien Président du Mexique. Pour eux, il a négligé le problème de l’emploi au profit de l’ALENA en mettant en place une politique ultra libérale afin d’attirer les investissements étrangers directs. La conséquence est le sous développement du marché intérieur, un marché qui n’offre pas d’emplois bien payés aux Mexicains et qui encourage ou du moins qui ne freine pas la migration des Mexicains aux Etats-Unis. Le mur s’impose à la place d’un accord migratoire éventuel entre les deux pays. Le plus grand défi pour Fox était surement de trouver le moyen de faire profiter au peuple mexicain des retombées de l’ALENA. D’un autre côté, sous le gouvernement de Vicente Fox, le Mexique s’est accordé un rôle ambitieux sur la scène internationale. Après 20 ans d’absence, le Mexique est revenu au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent en 2002-2003. Le Mexique a pris également des décisions concernant la crise irakienne, la résolution condamnant Cuba dans le cadre de la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies, etc. C’est le seul pays qui a signé des accords de libre échange avec les Etats-Unis, le Japon, et l’Union Européenne. 12 CONCLUSION Cela fait déjà dix-sept ans que le Mexique, les États-Unis et le Canada ont conclu l’Accord de Libre-Echange Nord-Américain (ALENA). Pour ces trois pays, ce traité s’est révélé être l’occasion d’entamer une véritable intégration économique, avec pour objectif entre autres de d’éliminer les barrières douanières et faciliter les échanges transfrontaliers de biens et de services, d’assurer les conditions d’une concurrence équitable au sein de la zone de libre-échange et d’attirer les investissements. Pour le Mexique, cette entente a représenté un point tournant dans le processus de libéralisation économique et commerciale que le gouvernement a mis en oeuvre depuis le début des années 1980. En effet, le passage d’une économie dirigiste à une économie libérale a entraîné de profondes transformations structurelles, visant, par exemple, à atteindre une plus grande efficacité dans l’utilisation des ressources du pays, à favoriser sa croissance et son développement économique. Bien que la libéralisation économique du Mexique, liée à la signature de l’ALENA, ait entraîné des bénéfices pour son développement socio-économique, elle semble aussi avoir contribué à exacerber les inégalités régionales qui prévalaient dans le pays avant même le début des réformes économiques, soit une démarcation évidente entre le développement des États du Nord et ceux du Sud. Par exemple, le 1er janvier 2008, le chapitre agricole de l’ALENA est entré en vigueur au Mexique, permettant une ouverture commerciale totale de produits sensibles pour l’économie et l’alimentation mexicaine, entre autre le maïs et les haricots. Les organisations sociales et paysannes se mobilisent à travers le pays pour dénoncer cette nouvelle attaque à la sécurité alimentaire et à la survie même de la paysannerie. Alors il est facile d’imputer tous les ennuis économiques et sociaux que peut traverser le Mexique à l’ALENA comme l’inégalité des revenus, la pauvreté ou encore les disparités régionales. Aujourd’hui, l’ALENA au Mexique est un bouc émissaire que l’on blâme pour avoir un responsable. Mais en fait, la prospérité a été ralentie, selon des observateurs et des économistes, par le fait que les leaders politiques ont été incapables de tirer profit de cet accord de libre-échange en termes d’avantages économiques pour investir dans l’innovation, l’éducation, les télécommunications, etc. L’ALENA n’est après tout pas une panacée pour le pays surtout si rien n’est fait pour en profiter pleinement. L’ALENA n’a malheureusement pas été inscrit dans un environnement propice au Mexique : les réformes complémentaires n’ont pas été mises en place pour accompagner l’accord de libre-échange. Ainsi, les problèmes de disparités et inégalités dans les salaires, les problèmes d’immigration ou encore de disparition de fermes et de perte d’emplois dans le secteur agricole ne peuvent être pleinement et justement imputé à l’ALENA. Cet accord n’est pas une solution à tous les problèmes que le Mexique peut traverser ou a traverser mais un moyen de permettre au pays de se développer. Cependant, tout développement ne peut se faire sur des fondations instables et approximatives. 13 SOURCES http://fr.wikipedia.org/wiki/Mexique http://www.revemexicain.com/economie_mexique.php http://users.tvcablenet.be/personal/tvcn163870/ipsma/documents/3co/Accords%20ALENA.pdf http://www.ceri-sciencespo.com/archive/2010/decembre/art_ir.pdf http://www.ubifrance.fr/mexique/001B1001656A+les-investissements-directs-etrangers-au-mexique.html http://www.irenees.net/es/fiches/analyse/fiche-analyse-915.html http://cridho.cpdr.ucl.ac.be/documents/Working.Papers/CRIDHO.WP.2007-2.pdf http://www.irenees.net/es/fiches/analyse/fiche-analyse-915.html www.cei-ulaval.cawww.alterinter.org www.wikipedia.org http://www.parl.gc.ca

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