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Michel Schneider & Marc Fumaroli: Dans quelles mesures la politique culturelle menée par J. Lang peut –elle être considérée comme un échec ?

Publié le 28/11/2019

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Les deux auteurs sont donc de fervents opposants à Jack Lang. La nouvelle politique culturelle que mène la gauche dans les années 80 est une petite révolution qui amène à reconsidérer la place de l'Etat au sein de ce « Tout culturel ». A la lumière des textes de Scheider et de Fumaroli, on est en droit de se demander dans quelles mesures la politique culturelle de Lang a été un échec, et quelles sont les alternatives proposées par les deux auteurs ?

Ce n'est ni le philosophe Michel Foucault (1926-1984), ni l'historien Raoul Girardet (1917-), mais l'académicien et professeur au Collègue de France, spécialiste de la rhétorique, Marc Fumaroli (1932-), qui est l'auteur de L'État culturel : une religion moderne, publié en 1991, pour dénoncer le contrôle de la culture par l'État, plus particulièrement depuis le gouvernement de Vichy. Ce contrôle favorise le développement de la culture de masse médiocre au détriment de la production de qualité qui exige une indépendance de la pensée. Marc Fumaroli a publié d'autres ouvrages : L'Âge de l'éloquence : rhétorique et « res literaria » de la Renaissance au seuil de l'époque classique (1980), Héros et Orateurs, rhétorique et dramaturgie cornélienne (1990), La Diplomatie de l'esprit : de Montaigne à La Fontaine (1995), Histoire de la rhétorique dans l'Europe moderne : 1450-1950 (1999), Quand l'Europe parlait français (2001), Chateaubriand : Poésie et Terreur (2003), Maurice Quentin de La Tour et le siècle de Louis XV (2005), Exercices de lecture : De Rabelais à Paul Valéry (2006), Peinture et Pouvoirs aux xviie et xviiie siècles : de Rome à Paris (2007).

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« la solution de difficulté sur lesquelles il ne peut agir ».

La tâche de l'Etat, et particulièrement celle du ministère,apparaît trop importante pour pouvoir gérer une politique culturelle.

D'un autre coté, Michel Schneider s'attaque aumécanisme des relations entre différents acteurs lorsqu'il dit « il faut considérer l'articulation globale entre lesinterventions publique et la vie intellectuelle et artistique, qui elle non plus n'est pas sans responsabilité dansl'étatisation et la « culturation » du champ artistique ».

Dans son ouvrage, Schneider désigne ceux qu'il considèreêtre acteurs: les hommes politiques, les fonctionnaires « culturels » et l'artiste.

Ils adopteraient des comportementsparticuliers sur lesquels l'auteur porte un jugement négatif.

L'artiste pense n'exister que parce qu'il reçoit unfinancement et des aides de l'Etat ou l'attention des politiques et par conséquent, l'artiste ne crée plus une œuvreavec ce que cela implique.

Le fonctionnaire « culturel » qui attribue les subventions s'imagine, par ce geste, être uncréateur et se permet de décider ce qui est ou non artistique.Marc Fumaroli dénonce dans ce texte et son ouvrage ce qu'il nomme « la culture d'État », « une religion moderne »dont André Malraux serait l'instigateur.

L'État culturel dans son excroissance ne ferait que retrouver un modèlearchaïque « qui a fait réapparaitre le régime des pensions, des prébendes et des sinécures de l'Ancien régime » selonFumaroli.

En France, l'Etat aurait canalisé cette « religiosité » avec les loisirs, sans avoir de concurrence.

L'État lesorganise lui-même comme il veut, malgré son manque de goût et de jugement.

Fumaroli critique toutes lesinterventions de l'État depuis les années 1930, il est partisan d'un libéralisme culturel issu de la IIIème République,où l'Etat n'a qu'un rôle restreint.

2) Synergie entre culture et économie Dans l'extrait de L'État culturel , Marc Fumaroli dresse un portrait négatif de la vision économique de la culture instaurée par Jack Lang.

Il prend l'exemple des établissements patrimoniaux qui « ont été ou vont être plongés dansle marché, la publicité, le tourisme ».

On parle donc, ici, d'une marchandisation de la culture.

Les musées prennentun tournant commercial.

Ces établissements et les grands évènements culturels attirent le public.

De plus en plusles musées se rénovent, s'agrandissent, se dynamisent.

Ce phénomène entraine une multiplication des musées etdes nouvelles techniques de publicité.

Les constructions en France sont nombreuses, à l'exemple d'Orsay, ou encorele centre Pompidou, ouvert en 1977, qui symbolise la première étape vers cette marchandisation.

Fumaroli parle de« matraquage publicitaire » du à l'explosion d'une culture de masse et de nombreux évènements mis en œuvre.L'auteur s'attache à montrer la perversion du champ culturel, conséquence de la transformation de la culture en unesimple entité économique créatrice d'emplois, de retombées financières et de tourisme.

Il va même plus loin dans sacritique en assimilant la Culture au « shopping », en parlant d'une démocratie réduite à la « société deconsommation ».

Une logique marchande s'installe dans la gestion des établissements, où des lieux de consommationapparaissent (boutiques, galeries marchandes, cafétérias,...).

Il devient alors possible d'acheter une copie d'œuvre,des ouvrages ou autres affiches.

Le projet du Grand Louvre est un exemple flagrant de ce phénomène.

L'État semblealors se cantonner dans une « gestion de la consommation économique et culturelle » comme le dit Fumaroli.Cette vision sous-entend que la marchandisation représente un danger selon les analystes, comme François Mairesse (spécialiste de l'économie des musées).

Dans une logique économique de marché, le succès se jauge surles résultats obtenus.

L'État se met à croire que seuls les évènements rentables et qui attirent sont valables.

Lesrisques peuvent être nombreux: les petits musées n'intéressent plus, la création peut être mise à mal et certainspublics seraient oubliés (jeunesse, immigrés,...).

Marc Fumaroli rejette l'action de l'État démocratique qui auraitperdu son âme et le respect qui lui est du en s'accordant avec la « société de consommation » et la « gestion de laconsommation économique et culturelle ».

Dans son ouvrage, Fumaroli tient ces propos : « On a privilégié uneculture qui loin de faire contrepoids au dynamisme du marché et à l'hédonisme consommateur, les redouble et lesautorise par l'autorité même de l'État ».Au delà de l'ouverture au marché, Marc Fumaroli juge le mécénat privé tel qu'il est sous le ministère de Jack Lang.Fumaroli ne rejette pas l'idée de mécénat qui permettrait de mettre en place des institutions importantes pour laCulture, il parle de « fondations durables », « des institutions de hautes études », « de chaires d'enseignement ».Sa critique porte sur ce qu'il nomme des sponsorisations éphémères ».

Ce sponsoring artistique et culture commenceà acquérir une visibilité certaine en France au début des années 1980.

Les entreprises s'engagent dans le soutienprovisoire aux institutions culturelles ou à des projets artistiques.

Cependant, Marc Fumaroli regrette que cesponsoring soit un outil de communication, une vitrine publicitaire pour ces entreprises.

Il parle de « spotspublicitaires qui allient Verdi et la poudre à récurer, Victor Hugo et les machines à laver », et par ces mots, ildénonce la présence des logos d'entreprises sur les affiches d'évènements culturels. 3.

Les limites de la démocratisation culturelle Les deux auteurs abordent la question de l'accès à l'art et la culture, ainsi qu'au « tout culturel » mis en place sousle ministère Lang.Schneider parle « d'une vraie politique d'accès à la culture » qu'il faudrait mettre en place car, selon lui, l'idéologiedu ministère n'est que pure démagogie.

On a substitué l'égalité des personnes devant la culture à l'égalité desgenres de la culture.

Cette ouverture n'aurait qu'un seul but: séduire et non faire découvrir l'art pour ce qu'il est.Par ailleurs la culture dite des élites n'a pas été élargie et cela Fumaroli le soutien aussi lorsqu'il dit que « souscouvert de « démocratisation » des Arts et Lettres anciens, le pouvoir fait mine en effet de réserver pourl'exportation et la consommation d'une « élite » un secteur privilégié […] indemne de la vulgarité pour tous ».

Lesdeux hommes se retrouvent sur l'idée que loisirs et divertissements sont devenus des activités culturelles.

Lesnouvelles manifestations en matière de création comme la« culture rock », « culture rap », « culture tag » sontdevenues des arts par la seule volonté du ministère qui serait « la campagne de Russie de l'esprit français » pourFumaroli.

Dans son ouvrage, Schneider dit que cet élargissement de l'espace culturel à été fait afin d'y intégrer despopulations qu'il faut séduire.

Par ces actions médiatiques et populaires, Jack Lang assoit la légitimité du ministèreauprès de l'opinion publique et c'est cette politique médiatique que lui reproche aussi Fumaroli.Ce qui ressort de ces textes c'est l'échec de la démocratisation culturelle.

Cependant Schneider part de l'idée queles états démocratiques doivent faciliter l'accès à la culture, sans démagogie ni concessions sur le contenu.

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