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MIEUX VAUT SE PERDRE DANS LA PASSION QU'AVOIR PERDU TOUTE PASSION ?

Publié le 15/03/2004

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Dans le premier cas, il procède avec calme et patience, dans l'autre il subit l'entraînement des passions. » Cournot, Revue sommaire des doctrines économiques, 1877. Deuxième partie : La passion motrice  « Suivant la définition des stoïciens, la sagesse consiste à prendre la raison pour guide; la folie, au contraire, à obéir à ses passions; mais pour que la vie des hommes ne soit pas tout à fait triste et maussade, Jupiter leur a donné bien plus de passions que de raison. » Érasme, Éloge de la folie, 1511. La folie désignée tout à l'heure n'est donc pas synonyme d'aliénation, mais peut mettre en évidence certaines facultés individuelles que la raison fait taire. Érasme présente avec une certaine ironie la contradiction abritée par chaque homme qui oppose sagesse, vertu d'une part, et fébrilité, pulsion, d'autre part. Ce sont les grandes passions qui sont fondatrices : passion de la science chez les grands chercheurs, passion du pouvoir chez les politiques, passion de la découverte chez les premiers voyageurs, etc... « On peut généralement nommer passions toutes les pensées qui sont [...] excitées en l'âme sans le secours de sa volonté. » Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 oct.

 

Le mot « passion « vient du latin pati qui signifie « souffrir «. L’origine de terme est donc péjorative, mauvaise. Elle renvoie en effet en premier lieu à tous les phénomènes passifs de l’âme. La passion semble donc être subie plutôt qu’agie ou réfléchie. Les premiers philosophes ont par suite tous, mis en garde contre les dangers de la passion qui enlève toute puissance à la raison. Le sujet nous demande s’il est préférable, pratiquement mais aussi moralement, de vivre sa passion au point de ne plus être ouvert à autre chose ou de ne plus avoir de passion. Le terme « perdu « renvoie à une absence totale de la raison et semble s’accorder avec la critique de la passion qui ne permet plus au sujet d’être raisonnable et de réfléchir. La passion altère donc la partie la plus noble de l’homme. Pourtant, l’homme ne se définit-il pas aussi par les passions ? N’est-ce pas elles qui lui permettent d’agir, de concentrer ses forces et son énergie sur un objectif ? Ne peut-on pas trouver un juste milieu et vivre sa passion sans sombrer dans la folie et l’irraisonnable ?   

 

« chaque homme qui oppose sagesse, vertu d'une part, et fébrilité, pulsion, d'autre part.

Ce sont les grandes passionsqui sont fondatrices : passion de la science chez les grands chercheurs, passion du pouvoir chez les politiques,passion de la découverte chez les premiers voyageurs, etc... « On peut généralement nommer passions toutes les pensées qui sont [...] excitées en l'âme sans le secours de savolonté.

» Descartes, Lettre à Elisabeth , 6 oct.

1645. On retient une fois encore que la passion correspond à une forme de l'activité, qu'elle contraint donc à sortir de saréserve et nécessite un engagement.

« J'appelle ici passions toutes les émotions que l'âme ressent naturellement àl'occasion des mouvements extraordinaires des esprits animaux.

» Malebranche, De la recherche de la vérité , 1674- 1675. Le sujet est donc dépassé par cette impulsion, mais elle le pousse quelquefois très loin dans la découverte, lesavoir, les acquisitions. Troisième partie : Se perdre ou se trouver « Les passions sont toutes bonnes de leur nature et nous n'avons rien à éviter que leurs mauvais usages ou leursexcès.

» Descartes, Les Passions de l'âme , 1649. La question que soulève Descartes ne passe donc plus par une appréciation négative ou positive mais participe de lanotion de mesure.

Ce qui l'emporte dans ce jugement est d'éviter l'excès qui seul est préjudiciable. « Quoi qu'en disent les moralistes, l'entendement humain doit beaucoup aux passions, qui, d'un commun aveu, luidoivent beaucoup aussi.

C'est par leur activité que notre raison se perfectionne; nous ne cherchons à connaître queparce que nous désirons de jouir.

» Rousseau, Sur l'origine de l'inégalité , 1755.

Les passions sont donc à l'origine de nombreux progrès et leur condamnation unilatérale est mensongère. Conclusion : « Tout homme qui se réfugie derrière l'excuse de ses passions, tout homme qui invente un déterminisme est unhomme de mauvaise foi.

» Sartre, L'existentialisme est un humanisme , 1946.

En dernière instance il convient de mettre un terme à l'idée facile de perte liée à la passion : en effet, la passion peut faire l'objet d'une plus grandeconnaissance que le sujet ne le prétend.

Donc, la passion est motrice, créatrice, elle n'est pas un emportementdénué de sens.. »

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