Moïse et le Monothéisme de Freud

« le Père primordial de la horde primitive, transfiguré et ayant, en tant que fils, pris la place du père.

5 Ce sentiment de culpabilité n'était pas demeuré l'apa­ nage des juifs.

A l'époque de la naissance du chris­ tianisme, il affectait, sous la forme d'un vague malaise, tous les peuples méditerranéens.

Dans l'esprit du juif Saül de Tarse, appelé Paul en tant que citoyen romain, jaillit l'idée que, par le sacrifice de Jésus, tous les hommes étaient rachetés de leurs péchés.

Selon Freud, derrière le péché originel se dissimule le meurtre de Dieu.

6 Dans la nouvelle religion, le fait principal était la réconciliation avec Dieu le PêFe et l'expiation du crime commis envers lui.

Mais, en même temps, le Fils en pre­ nant sur lui le poids du péché devient lui-même Dieu et, finalement, élimine le Père.

Parce que les juifs n'admet­ tent pas la nouvelle religion, ils sont les seuls à ne pou­ voir être lavés du meurtre de Dieu, et Freud y voit l'une des racines de l'antisémitisme.

Cette haine du peuple juif émane de l'Inconscient des peuples.

7 D'autre part, la coutume juive de la circoncision, en rappelant la menace d'une castration, évoque de façon inquiétante une partie d'un passé primitif refoulé.

Enfin, et ceci est écrit par Freud au moment où il fuit les persécutions hitlériennes, des peuples récemment conver­ tis au christianisme et " mal baptisés " projettent sur le judaïsme leur aversion pour la religion qui a été imposée à leurs ancêtres polythéistes.

Leur haine des juifs ne serait au fond qu'une haine du christianisme.. »