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Le monde sensible est-il l'objet de la science ?

Publié le 23/07/2005

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Et il ne s'agit pas de considérer des obstacles externes, comme la complexité et la fugacité des phénomènes, ni d'incriminer la faiblesse des sens et de l'esprit humain : c'est dans l'acte même de connaître, intimement, qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C'est là que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression, c'est là que nous décèlerons des causes d'inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques. La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres. Elle n'est jamais immédiate et pleine. Les révélations du réel sont toujours récurrentes. Le réel n'est jamais " ce qu'on pourrait croire " mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser. La pensée empirique est claire, après coup, quand l'appareil des raisons a été mis au point. En revenant sur un passé d'erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel. En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui, dans l'esprit même, fait obstacle à la spiritualisation.     TRANSITION Si le monde sensible fait l'objet d'une science, c'est la raison qui construit et forme les objets sensibles.

Pour construire une science il faut lui attribuer un objet qu'elle puisse soumettre à examen, à observation. L'objet de la science est un objet qui se donne aux sens : ainsi la médecine travaille sur le corps, les sciences de la vie et de la terre sur le vivant en général. Tout laisse croire que le monde sensible, celui qui se donne aux sens, soit l'objet de la science. Comment expliquer que le monde sensible, changeant et mobile, puisse faire l'objet d'une science, stable et visant l'objectivité? Quels sont les objets possibles pour les sciences? Lorsque l'objet devient objet de science, de quelobjet s'agit-il?

« toutes les choses qui peuvent distinctement faire connaître un corps, se rencontrent en celui-ci. Mais voici que, cependant que je parle, on l'approche du feu : ce qui y restait de saveur s'exhale, l'odeur s'évanouit,sa couleur se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe, à peine le peut-ontoucher, et quoiqu'on le frappe, il ne rendra plus aucun son.

La même cire demeure-t-elle après ce changement ? Ilfaut avouer qu'elle demeure; et personne ne le peut nier.

Qu'est-ce donc que l'on connaissait en ce morceau de cireavec tant de distinction ? Certes ce ne peut être rien de tout ce que j'y ai remarqué par l'entremise des sens,puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, ou l'odorat, ou la vue, ou l'attouchement, ou l'ouïe, setrouvent changées, et cependant la même cire demeure.

Peut-être était-ce ce que je pense maintenant, à savoirque la cire n'était pas ni cette douceur du miel, ni cette agréable odeur des fleurs, ni cette blancheur, ni cettefigure, ni ce son, mais seulement un corps qui un peu auparavant me paraissait sous ces formes, et qui maintenantse fait remarquer sous d'autres.

Mais qu'est-ce, précisément parlant, que j'imagine, lorsque je la conçois en cettesorte ? Considérons-le attentivement, et éloignant toutes les choses qui n'appartiennent point à la cire, voyons cequi reste.

Certes il ne demeure rien que quelque chose d'étendu, de flexible et de muable.

Or qu'est-ce que cela :flexible et muable ? N'est-ce pas que j'imagine que cette cire étant ronde est capable de devenir carrée, et depasser du carré en une figure triangulaire ? Non certes, ce n'est pas cela, puisque je la conçois capable de recevoirune infinité de semblables changements, et je ne saurais néanmoins parcourir cette infinité par mon imagination, etpar conséquent cette conception que j'ai de la cire ne s'accomplit pas par la faculté d'imaginer. Qu'est-ce maintenant que cette extension ? N'est-elle pas aussi inconnue, puisque dans la cire qui se fond elleaugmente, et se trouve encore plus grande quand elle est entièrement fondue, et beaucoup plus encore quand lachaleur augmente davantage ? Et je ne concevrais pas clairement et selon la vérité ce que c'est que la cire, si je nepensais qu'elle est capable de recevoir plus de variétés selon l'extension, que je n'en ai jamais imaginé.

Il faut doncque je tombe d'accord, que je ne saurais pas même concevoir par l'imagination ce que c'est que cette cire, et qu'iln'y a que mon entendement seul qui le conçoive; je dis ce morceau de cire en particulier, car pour la cire engénéral, il est encore plus évident.

Or quelle est cette cire, qui ne peut être conçue que par l'entendement oul'esprit ? Certes c'est la même que je vois, que je touche, que j'imagine, et la même que je connaissais dès lecommencement.

Mais ce qui est à remarquer, sa perception, ou bien l'action par laquelle on l'aperçoit, n'est pointune vision, ni un attouchement, ni une imagination, et ne l'a jamais été, quoiqu'il le semblât ainsi auparavant, maisseulement une inspection de l'esprit, laquelle peut être imparfaite et confuse, comme elle était auparavant, ou bienclaire et distincte, comme elle est à présent, selon que mon attention se porte plus ou moins aux choses qui sont enelle, et dont elle est composée. TRANSITION Le monde sensible à lui seul est insuffisant pour constituer une science.

La raison doit effectivement y apporter sescadres et structures. II.

Le monde sensible doit être construit et unifié 1.

Le travail de la raison pure TEXTE Kant Critique de la raison pure Préface deuxième édition "Lorsque Galilée fit descendre sur un plan incliné des boules avec une pesanteur choisie par lui-même, ou queTorricelli fit porter à l'air un poids qu'il avait d'avance pensé égal à celui d'une colonne d'eau à lui connue, ou que,plus tard, Stahl transforma des métaux en chaux et celle-là à son tour en métal, en y retranchant ou en yrestituant certains éléments [...], alors ce fut une illumination pour tous les physiciens, ils comprirent que la raisonn'aperçoit que ce qu'elle produit elle-même d'après son propre projet." 2.TEXTE Bachelard La Formation de l'esprit scientifique, Vrin 1970, pp.

10-14. On a dit souvent qu'une hypothèse scientifique qui ne peut se heurter à aucune contradiction n'est pas loin d'êtreune hypothèse inutile.

De même, une expérience qui ne rectifie aucune erreur, qui est platement vraie, sans débat,à quoi sert-elle ? Une expérience scientifique est alors une expérience qui contredit l'expérience commune.

D'ailleurs,l'expérience immédiate et usuelle garde toujours une sorte de caractère tautologique, elle se développe dans lerègne des mots et des définitions ; elle manque précisément de cette perspective d'erreurs rectifiées quicaractérise, à notre avis, la pensée scientifique.

(...) Quand on cherche les conditions psychologiques des progrèsde la science, on arrive bientôt à cette conviction que c'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problème de laconnaissance scientifique.

Et il ne s'agit pas de considérer des obstacles externes, comme la complexité et lafugacité des phénomènes, ni d'incriminer la faiblesse des sens et de l'esprit humain : c'est dans l'acte même deconnaître, intimement, qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles.

C'estlà que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression, c'est là que nous décèlerons des causesd'inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques.

La connaissance du réel est une lumière qui projettetoujours quelque part des ombres.

Elle n'est jamais immédiate et pleine.

Les révélations du réel sont toujoursrécurrentes.

Le réel n'est jamais " ce qu'on pourrait croire " mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser.

La penséeempirique est claire, après coup, quand l'appareil des raisons a été mis au point.

En revenant sur un passé d'erreurs,. »

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