MONTAIGNE, Les Essais, III, VI.
Publié le 13/10/2011
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Après avoir fait selon votre préférence un résumé ou une analyse de cette page de Montaigne, commentez-en un ou plusieurs thèmes qui vous paraissent essentiels. Notre monde vient d'en trouver un autre (...) non moins grand, plein et membru que lui, toutefois si nouveau et si enfant qu'on lui apprend encore son a, b, c; il n' y a pas cinquante ans qu'il ne savait ni lettres, ni poids, ni mesure, ni vêtements, ni blés, ni vignes. Il était encore tout nu au giron, et ne vivait que des moyens de sa mère nourrice. Si nous concluons bien de notre fin, et ce poète de la jeunesse de son siècle, cet autre monde ne fera qu'entrer en lumière quand le nôtre en sortira. L' univers tombera en paralysie; l'un membre sera perclus, l'autre en vigueur. Bien crains-je que nous aurons bien fort hâté sa déclinaison et sa ruine par notre contagion, et que nous lui aurons bien cher vendu nos opinions et nos arts. C' était un monde enfant; si ne l'avons-nous pas fouetté et soumis à notre discipline par l'avantage de notre valeur et forces naturelles, ni ne l'avons pratiqué par notre justice et bonté, ni subjugué par notre magnanimité. La plupart de leurs réponses et des négociations faites avec eux témoignent qu' ils ne nous devaient rien en clarté d'esprit naturelle et en pertinence. L'épouvantable magnificence des villes de Cusco et de Mexico, et, entre plusieurs choses pareilles, le jardin de ce roi où tous les arbres, les fruits et toutes les herbes, selon l'ordre et grandeur qu'ils ont en un jardin, étaient excellemment formés en or; comme, en son cabinet, tous les animaux qui naissaient en son État et en ses mers; et la beauté de leurs ouvrages en pierrerie, en plume, en coton, en la peinture, montrent qu'ils ne nous cédaient pas non plus en l'industrie. Mais, quant à la dévotion, observance des lois, bonté, libéralité, loyauté, franchise, il nous a bien servi de n'en avoir pas tant qu'eux : ils se sont perdus par cet avantage, et vendus, et trahis eux-mêmes. Quant à la hardiesse et au courage, quant à la fermeté, constance, résolutions contre les douleurs et la faim et la mort, je ne craindrais pas d'opposer les exemples que je trouverais parmi eux aux plus fameux exemples anciens que nous avons aux mémoires de notre monde par-deçà.
MONTAIGNE, Les Essais, III, VI.
Notre monde vient d'en trouver un autre très jeune. Il vivait encore il y a peu de temps de façon très élémentaire si bien qu'il était appelé à s'épanouir quand nous nous flétrirons. Mais nous l'avons contaminé. C'était un monde enfant mais nous ne l'avons pas bien éduqué.
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o Résumé
Notre monde vient d'en trouver un autre très jeune.
Il vivait
encore
il y a peu de temps de façon très élémentaire si bien qu'il
était appelé à s'épanouir quand nous nous flétrirons.
Mais nous
l'avons contaminé .
C'était un monde enfant mais nous ne l'avons
pas bien éduqué.
Ces hommes étaient aussi intelligents et habiles
que nous, mais
ils se sont perdus par leur bonté et leur honnêteté .
Pourtant leur courage égalait celui de nos fameux héros anciens.
0 Analyse
L'auteur part de la découverte du Nouveau Monde qu'il décrit
comme un
monde encore très ignorant .
Il en tire 1 'idée de la jeune sse de cette civilisation opposée au
déclin de la nôtre .
Mais il annonce que nous l'avon s contaminée et
nous accuse de ne pas avoir été de bons éducateurs.
Puis
il énonce toutes les qualités de ces peuples : intelligence,
habileté, valeur morale.
Il accuse cette dernière qualité de les avoir
perdus .
L'hommage qu'il rend enfin à leur courage est un moyen de
rappeler implicitement les cruautés que notre
« civilisation » leur
a fait subir.
0 Discussion
Cette construction du texte est donc centrée autour de deux thè
mes :la vie mortelle des civilisations; le rôle néfaste de
la nôtre.
Il
convient de les traiter l'un et l'autre , en montrant les rapports que
Montaigne établit entre eux.
Introduction
Cette page est l'une des plus prophétique s et des plus courageu
ses des
Essais de Montaigne.
En effet au moment où il écrit sur ce.
»
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