La morale s'apprend-elle ?

« intelligence ou son instruction.

La conscience d'un « tu dois » absolu doit pouvoir être supposée en chacun; enrevanche il y a bien des différences entre les sujets dans la finesse du jugement; mais ce dernier, à nouveau, nepeut guère s'apprendre, il s'agit surtout d'un talent naturel. Un gène moral? Les progrès de la connaissance en matière de psychisme humain n'apporteraient-ils pas une réponse à ceshypothèses ? Ne pourra-t-on prouver qu'il y a une « bosse de la morale » comme il y a celle des mathématiques ?On aurait alors montré que l'enseignement de la morale ne pourrait apporter que peu de chose par rapport à une «nature » que l'on ne pourrait changer que par une intervention médicale III.

La morale et l'éthique Étant donné la plasticité de notre psychisme, et le caractère spécifique de la conscience et de la perception dusens, il est douteux que la science puisse répondre tout à fait à notre question.

Il est possible de mettre enperspective l'idée d'apprentissage de la morale au sein du cadre plus large de l'éthique. La lettre et l'esprit « Aime et fais ce que tu veux », disait saint Augustin.

Souvent on pense que ce qui compte c'est l'élan spontané ducoeur et non l'apprentissage des règles.

Mais le premier reste souvent vague et velléitaire lorsqu'il ne s'appuie passur une structuration de l'action par des règles et des principes. Le problème de la technique Nous sommes d'autre part confrontés à des problèmes tout à fait inédits en matière de morale, en raison de latransformation massive et rapide de notre cadre de vie par la technique : chacun doit-il se fier à son impression,faut-il laisser la décision aux experts ou encore créer des « comités » chargés de trouver des consensus par lesméthodes de « l'éthique de la discussion » ? L'élaboration de « chartes », de « codes de déontologie » ou de «procédures de décision » est souvent laborieuse et décevante. Apprentissage et création Henri Bergson a eu le mérite de montrer que la question de l'apprentissage de la morale ne peut épuiser la réflexiondans ce domaine, pour la simple raison que, en morale comme dans les domaines scientifique et artistique, c'est à lacréation, à l'innovation que les hommes sont appelés.

La tendance à figer des coutumes et des traditions estrégulièrement désorganisée par des conduites innovantes, imprévisibles et qui fondent de nouvelles valeurs. Conclusion On peut donc dire que la morale s'apprend à peu près comme les autres dimensions de la culture : apprendre laphysique de façon à être un honnête technicien, ou devenir un savant de génie.

Il en va de même en morale; maisla question la plus cruciale aujourd'hui est celle des structures dans lesquelles les enfants et les adolescentspeuvent structurer leur agir et trouver des modèles de vie réussie : l'apprentissage de la morale est dans toutes lescivilisations une affaire familiale et sociale; la réflexion sur l'articulation de ces deux structures en pleinbouleversement est donc une urgence.. »