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La morale est-elle l'arme des faibles ?

Publié le 10/03/2004

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morale
Cette croyance, qui fait de l'homme le fondateur des valeurs, a été perdue. D'où l'idée d'un « retour » et même d'un « nouveau retour », qui marque que ce retour s'est déjà produit autrefois. Mais d'un retour qui ne saurait être une simple reprise. D'un retour dont il faut profiter pour mieux connaître l'homme, aller plus au fond, dans la perspective d'un « approfondissement ». 2) Mais pourquoi aujourd'hui ? C'est l'effet d'une mise en question de la morale traditionnelle par des hommes porteurs de la rupture, race nouvelle des « immoralistes », parmi lesquels Nietzsche se range (« chez nous »). Cet aujourd'hui sert de borne, de point de passage, entre l'ancien & le nouveau. Partout dans le texte, Nietzsche parle du nouveau et le valorise : le nouveau retour, un approfondissement nouveau, une nouvelle période. Aux temps anciens correspond l'ancienne morale. Aux temps futurs correspondra sans doute une nouvelle morale quil convient d'annoncer.
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« son père ont agi, j'en suis sûr, conformément à la nature du droit - c'est-à-dire conformément à la loi, oui, parZeus, à la loi de la nature -, mais ils n'ont certainement pas agi en respectant la loi que nous établissons,nous ! Chez nous, les êtres les meilleurs et les plus forts, nous commençons à les façonner, dès leur plus jeune âge,comme on fait pour dompter les lions ; avec nos formules magiques et nos tours de passe-passe, nous enfaisons des esclaves, en leur répétant qu'il faut être égal aux autres et que l'égalité est ce qui est beau etjuste.

Mais, j'en suis sûr, s'il arrivait qu'un homme eût la nature qu'il faut pour secouer tout ce fatras, leréduire en miettes et s'en délivrer, si cet homme pouvait fouler aux pieds nos grimoires, nos tours de magie,nos enchantements, et aussi toutes nos lois qui sont contraires à la nature - si cet homme, qui était unesclave, se redressait et nous apparaissait comme un maître, alors, à ce moment-là, le droit de la naturebrillerait de tout son éclat." PLATON, Gorgias, 483b-484a, trad.

Canto, Garnier-Flammarion, 1987, pp.

212-213. (1) allusion à la seconde guerre médique conduite par Xerxès, roi des Perses, qui envahit la Grèce en 480 av.JC Le discours de Calliclès (Gorgias 483b - 484a) Introduction Calliclès entend pratiquer une critique " généalogique " des lois en débusquant le type de vie qui se dissimulederrière leur apparente impartialité. Les arguments de Calliclès Faite par la masse, la loi en exprime forcément les intérêts et les valeurs.

Elle n'est donc universelle qu'enapparence.Cette loi est un instrument d'oppression non par la force mais par un mécanisme d'intériorisation.

Elle n'estdonc juste qu'en apparence.Les valeurs prônées par cette loi n'ont pas de réalité propre : elles consistent dans le retournementaxiologique de la réalité de la force, et l'égalité de droit n'est que la dénégation de l'inégalité de fait.

Elle estdonc sans consistance.Les meilleures dispositions sont laminées par l'éducation égalitariste.Le vrai droit est celui de la nature qui est foncièrement inégalitaire.

En effet, il est universel, nécessaire,irrécusable.Cette fausse loi sous laquelle nous vivons est intrinsèquement fragile, puisqu'elle se maintient en s'appuyantsur un verbiage sans répondant, et grâce à l'absence momentanée d'un individu suffisamment fort pour larenverser en lui et hors de lui. La morale est bonne pour les faiblesLa règle de conduite commune aux individus est la réciprocité, à la condition qu'ils appartiennent au mêmecorps social, avec les mêmes valeurs et les mêmes critères.

Chacun considère ainsi la volonté d'autrui commeégale à la sienne, s'abstient par conséquent de commettre des actes de violence, d'offenser ou de voler, afinqu'il ne lui soit pas fait de même.

Nous vivons d'ordinaire sous l'impératif de la moralité évangélique : "Ne faispas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse." Cependant, il faut considérer que ce principe établi aufondement de la vie sociale est une négation de la vie, un principe de décadence et de dissolution : "Vivre,c'est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l'étranger, l'opprimer, lui imposer durement sesformes propres, l'assimiler, ou tout au moins, l'exploiter." L'essence de la vie est la volonté de puissance,absolue et démesurée : elle vise la conquête, le déploiement de la force jusqu'à ses limites extrêmes, et nesouffre ni pondération, ni mesure, ni limitations d'aucune sorte.

Si dans une société vivante les individuss'abstiennent de faire le mal entre eux, c'est cette société elle-même qui exploitera ou tyrannisera une autresociété plus faible.

Si la moralité des moeurs est un principe de civilisation qui dompte la volonté vitale en sestendances barbares ou violentes, la vie reprend nécessairement le dessus, motivée par une volonté depuissance par laquelle les forts dominent les faibles, et par laquelle le destin de toute force est d'aller jusqu'aubout d'elle-même. L'impératif de la vie contre l'obligation morale. »

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