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Morale et vie économique ?

Publié le 22/03/2004

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morale
 A)   Nous assistons, ces quelques dernières années, à ce qui ressemble à une intégration de la morale ou de l'éthique dans l'économie. Nous parlons aujourd'hui de « commerce équitable », « d'éthique de l'entreprise » etc. On cherche non plus le profit à tout prix, mais à réinstaurer un semblant d'égalité dans les rapports économiques. Les pays du nord ne peuvent plus exploiter les petits producteurs du sud, et les entreprises commerciales doivent respecter certaines règles déontologiques afin que le commerce devienne responsable. Il semble donc que la morale puisse avoir sa place dans les rapports économiques. B)   Doit-on vraiment voir le commerce équitable et l'éthique d'entreprise comme une intégration de la morale pour la morale ? Ne peut-on pas soupçonner derrière tout cela un intérêt personnel et économique ? L'éthique d'entreprise en particulier, semble n'exister que pour donner à l'entreprise concernée une meilleure image. Clamer haut et fort que son entreprise traite correctement les petits producteurs, tente d'instaurer une égalité dans les rapports (qui pour l'instant d'ailleurs est bien loin d'être effective), n'est-ce pas se faire sa propre publicité dans un monde de plus en plus critique par rapport au capitalisme ? Il semblerait que l'éthique rapporte beaucoup ; or comme le dit Kant, celui qui agit par intérêt personnel ne peut être moral.

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« • Dans la Théorie de la justice, Rawls énonce des principes sur lesquels il y aurait un consentement de tous. Supposons que chacun juge « sous un voile d'ignorance », c'est-à-dire sans connaître la position, plus oumoins privilégiée, qu'il occupe dans la société.

Deux principes feraient alors l'adhésion de tous : le principe deliberté, selon lequel chaque personne doit avoir un droit égal au système le plus étendu de libertés de basecompatible avec le même système pour les autres, et le principe de différence, selon lequel les inégalitésdoivent être telles qu'elles soient au bénéfice des plus désavantagés, et attachées à des fonctions oupositions ouvertes à tous. « Le voile d'ignorance » Neutralité des principes de justice. Sa théorie de la justice se situe dans le courant de pensée de l'individualisme* libéral.

L'individu libéral estcelui qui se fixe librement ses objectifs et qui tente, selon un « calcul des plaisirs et des peines », de lesatteindre. Cependant, contrairement au libéralisme téléologique dont l'utilitarisme est un bon exemple, le libéralisme deRawls est, à l'instar de celui de Kant, un libéralisme déontologique* : il donne la priorité au juste sur le bien.La société étant composée d'individus - chacun avec ses propres fins et ses propres intérêts - doit pouvoirêtre organisée selon des principes qui ne présupposent aucune conception particulière du bien.

Ici, c'est lejuste qui, défini d'une façon indépendante, va imposer des contraintes au bien et le limiter.

La conduite del'individu, si elle est régulée par des principes ne reposant sur aucune fin particulière, peut poursuivre desobjectifs particuliers tout en étant compatible avec les autres libertés individuelles.

Mais comment est-ilpossible de dégager ainsi des principes de justice qui soient neutres sur un plan moral ou métaphysique?Pour le résoudre, Rawls modifie le problème posé par la recherche des principes de justice.

Il ne s'agit plusdésormais d'analyser et de fonder les contenus de ces principes (tâche infinie) mais de décrire la situationqui préside au choix de ces principes.

Comme souvent, une bonne façon de résoudre une question difficileest de la reposer d'une autre manière.

Rawls opère ici une «révolution copernicienne»: l'analyse ne porte passur l'objet mais sur les sujets de la justice.

Que se passerait-il en effet si les individus étaient amenés àchoisir les principes de justice ordonnant la communauté en ignorant tout de leur position respective àl'intérieur de cette communauté? « La position originelle » Imaginons une situation dans laquelle les membres d'une société débattent sur les principes de justice quirégulent la structure sociale.

Si chacun se présente avec ses conditionnements sociaux et historiques, prêt àuser de force ou de ruse pour mieux profiter de la négociation, l'accord unanime est impossible.

Les individussont soumis à l'hétéronomie de leur détermination sociale et n'agissent pas comme des êtres libres: ils sont enclins àdéfendre leurs intérêts privés.

Il faut donc imaginer une autre procédure qui les empêche de tourner le débatà leur profit.

Rawls imagine donc une «position originelle» hypothétique, dans laquelle chacun ignore tout desa place dans la société «Je pose que les partenaires sont situés derrière un voile d'ignorance.

Ils ne savent pas comment lesdifférentes possibilités affecteront leur propre cas particulier et ils sont obligés de juger les principes sur laseule base de considérations générales » (Théorie de la justice, p.

168). L'individu qui délibère ne sait rien de son statut social, de ses capacités physiques ou intellectuelles, de sesinclinations, de sa psychologie; riennon plus de son idée du bien, de son projet rationnel de vie.

Il juge donc placé sous ce « voile » en situationde stricte égalité avec les autres partenaires.

Cette fiction permet de représenter l'égalité des êtres humainsen tant que personne morale et les implications de cette égalité.

Dans la mesure où l'individu ne sait pas laplace qu'il va occuper dans la société, il sera enclin à considérer certaines choses comme étant nécessairespour mener une vie satisfaisante.

Celle-ci ne peut en effet être menée que grâce à un certain nombre de «biens premiers ».

Parmi ces biens, Rawls inclut entre autres le revenu, les droits et les libertés de base, etcelui qu'il classe en premier, les «bases sociales du respect de soi-même ».Cette «position originelle» joue le même rôle que l'hypothèse de l'état de nature dans les théories du contrat(Locke, Rousseau, Kant...).

Il s'agit évidemment d'une expérience de pensée et non pas d'une situation réelleet historique, qui permet de considérer le problème de la justice en neutralisant les intérêts privés sans pourautant retomber dans des conceptions métaphysiques abstraites.

Dès lors, la justice sociale est d'une natureprocédurale.

Elle n'est pas définie par son contenu mais par une forme : le simple fait de résulter d'uneprocédure équitable.

La situation est comparable à celle d'un jeu: les concurrents acceptent des règlesidentiques pour tous et sans rien connaître de la manière dont la partie va se jouer et se conclure. La stratégie du «maximin » Mais quel sera, pour l'individu situé dans cette « position originelle », le choix le plus rationnel? Le « voiled'ignorance » exclut que nous connaissions les tendances individuelles.

Nul ne sait quelle sera sa nature. »

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