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Est-on moralement obligé de travailler ?

Publié le 05/01/2004

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Pour Aristote, l'esclave n'est qu'un instrument animé qui met en mouvement les instruments inanimés que sont les navettes et les cithares. Cette affirmation est d'abord une boutade, à l'époque où l'automatisation du travail est évidemment impensable. Mais elle n'est pas insignifiante pour autant : le travail manuel est réservé aux esclaves, parce que l'homme vit pour le loisir. Pour Aristote l'esclavage est une donnée naturelle. L'esclave fait partie de la famille, il s'y achève et il l'achève. Pour le bien-vivre du maître, il est une propriété instrumentale toujours disponible et indispensable.

Le travail est souvent présenté comme un obligation vitale à laquelle aucune société n’a pu échapper, parce qu’il est la condition même de l’existence humaine. Mais l’homme n’en est jamais resté au niveau de cette constatation. Il a toujours cherché à donner sens à son activité. La Bible, par exemple fait du travail le résultat d’un châtiment divin et une malédiction dont l’homme est responsable par son pêché de désobéissance à Dieu. « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front «. C’est par un labeur pénible que tu tireras de la terre ta subsistance. « Voilà la dure nécessité à laquelle l’homme se trouve condamnée. Le caractère pénible et contraignant du travail a donc toujours été perçu. De là pouvons nous tirer la justification d’une quelconque obligation morale de travailler ?

Nous verrons en premier lieu que le travail est une obligation sociale et morale puisque en travaillant je participe à l’épanouissement de la communauté, mais également au mien.

Seulement, si le travail est envisagé au regard des nécessités naturelles qui nous  contraignent à mener une telle activité, cette obligation morale de travailler perd tout son sens et peut même apparaître comme un acte contre nature.

Enfin, il conviendra dés lors d’analyser à nouveaux frets cette glorification du travail. Ne cache-t-elle pas une volonté de maîtriser, contrôler les destins individuels.

« Nous verrons en premier lieu que le travail est une obligation sociale et morale puisque en travaillant je participe àl'épanouissement de la communauté, mais également au mien. Seulement, si le travail est envisagé au regard des nécessités naturelles qui nous contraignent à mener une telleactivité, cette obligation morale de travailler perd tout son sens et peut même apparaître comme un acte contrenature. Enfin, il conviendra dés lors d'analyser à nouveaux frets cette glorification du travail.

Ne cache-t-elle pas unevolonté de maîtriser, contrôler les destins individuels. Le travail comme obligation sociale et morale Platon au cours du livre 2 de la République examine l'origine de la société. C'est semble-t-il, la pluralité des besoins de l'individu qu'il est dansl'incapacité de satisfaire seul qui amène les hommes à vivre en communauté.« Ce qui donne naissance à une cité (…) c'est (…) je pense, l'impuissance oùse trouve chaque homme de se satisfaire à lui-même et le besoin qu'il éprouved'une multitude de choses ».

Pour satisfaire tous ses besoins, l'homme setrouve dans la nécessité de recourir au concours de ses semblables et, enparticulier, il a besoin des produits de leur travail.

Le travail tisse le lien socialen un sens et celui-ci est fait d'obligations pour chacun des membres de lacommunauté.

C'est en ce premier sens que l'on paut parler d'une obligationmorale de travailler puisqu'il en va de la réalisation de la communauté sociale. Pour Kant le travail est ce qui nous permet de nous libérer de notreasservissement à l'égard des contraintes naturelles.

Mais plus encore letravail constitue une obligation morale envers nous-mêmes puisqu'il nouspermet de nous élever à notre humanité.

Ainsi il écrit: « La nature semblemême avoir trouvé du plaisir à être la plus économe possible, elle a mesuré ladotation animale des hommes si court et si juste pour les besoins si grandsd'une existence commençante, que c'est comme si elle voulait que l'hommedût parvenir par son travail à s'élever de la plus grande rudesse d'autrefois àla plus grande habileté, à la perfection intérieure de son mode de penser etpar là (autant qu'il est possible sur terre) au bonheur), et qu'il dût ainsi enavoir tout seul le mérite et n'en être redevable qu'à lui-même ; c'est aussi comme si elle tenait plus à ce qu'il parvîntà l'estime raisonnable de soi qu'au bien-être ».

Kant, Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique.

A travers le travail, il en va de notre estime de nous-mêmes, et donc de notre dignité.

Tel est l'enjeu moral de tout travail pour Kant. Le travail : une activité contre nature Pour Rousseau l'homme à l'état de nature ne travail, parce qu'il n'est paspoussé par les circonstances à le faire.

Le travail n'est donc pas un besoininné, pas plus qu'il ne saurait être l'expérience insigne de notre humanité.

Ilécrit ainsi: « Il est inconcevable à quel point l'homme est naturellementparesseux.

On dirait qu'il ne vit que pour dormir, végéter et resterimmobile…Rien ne maintient les sauvages dans l'amour de leur état que cettedélicieuse indolence.

Les passions qui rendent l'homme inquiet, prévoyant,actif ne naissent que dans la société…Si l'on y regardait bien, l'on verrait quemême parmi nous, c'est pour parvenir au repos que chacun travaille, c'estencore la paresse qui nous rend laborieux », Discours sur l'origine des langues. Ce n'est donc pas une obligation morale qui conduit à travailler, mais l'originedu social est davantage d'ordre sociale et naturelle.

C'est la rareté desressources qui nous conduisent à travailler.

Dans l'état de nature l'hommed'ailleurs n'a aucunement besoin ou de devoir de travailler.

En atteste letableau que nous en fait Rousseau quand il écrit à propos de l'homme à l'étatde nature : « je le vois se rassasiant sous un chêne, se désaltérant aupremier ruisseau, trouvant son lit au pied du même arbre qui lui a fourni sonrepas, et voilà ses besoins satisfaits », Discours sur le fondement et l'origine des inégalités. Si l'homme doit travailler c'est que à certain moment les besoins se raréfient : « A mesure que le genre humain s'étendit, les peines se multiplièrent avec les hommes ».

C'est à cet égard ce que résume Michel Foucault dans Les mots et les choses quand il écrit : « Le travail c'est-à-dire l'activité économique n'est apparue dans l'histoire du monde que du jour oùles hommes se sont trouvés trop nombreux pour pouvoir se nourrir des fruits spontanés de la terre … A chaqueinstant l'humanité ne travaille plus que sous la menace de la mort : toute population, si elle ne trouve pas deressources nouvelles est vouée à s'éteindre ».. »

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