Devoir de Philosophie

L'obéissance au devoir peut-elle s'accompagner de la recherche du bonheur ?

Publié le 27/03/2004

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Si le bonheur est le but de l'homme et si le devoir est une obligation, ne peut-on être heureux en faisant son devoir ? N'entre-t-il pas dans le devoir d'être heureux (Épicure) ? Ou le devoir, envisagé comme contrainte, empêche-t-il d'être heureux ? Moralement, devoir et bonheur sont-ils incompatibles ? Si le devoir est un choix (reposant sur la liberté), est-ce que ce choix implique le renoncement au bonheur ? L'obligation par principe ne suppose-t-elle pas l'impossibilité de se laisser aller au bonheur qui se présente de manière contingente ? Le devoir n'est-il que pure contrainte ? S'il est choix, il est aussi adhésion à un choix, donc pas aussi antinomique qu'il n'y paraît avec le bonheur. Il peut exister aussi un plaisir de faire son devoir, voire le bonheur du devoir accompli. Le bonheur est-il forcément incompatible avec la modération, la réflexion dans ses choix ? N'existe-t-il pas un bonheur relevant de la raison, de la morale ? Kant refuse tout sentiment dans la définition du devoir, tout plaisir ou satisfaction à avoir face au devoir bien fait, car ensuite on pourrait faire son devoir pour retrouver cette sensation de joie. Pour lui, devoir et bonheur ne peuvent être en rapport, mais exister indépendamment.

Le devoir se définit comme l’obéissance à une loi morale. Donc obéir au devoir c’est obéir à la loi morale. Le bonheur se définit comme un état stable de bien être. La question est donc de savoir comment ou si un devoir a un rapport avec la recherche du bonheur : but de tout homme dans sa vie d’une manière ou d’une autre. Dès lors l’enjeu du sujet est bien la question de la morale, de son fondement ; et c’est en ce que la question « l’obéissance au devoir peut-elle s’accompagner de la recherche du bonheur ? « En effet, établir un lien entre le devoir est le bonheur c’est faire dépendre la morale de quelque chose qui lui est extérieur. Ce serait faire dépendre et conditionner la morale à une maxime extérieur c’est bien là que l sujet prend toute son acuité.

 

« si elle permet d'apporter un plaisir et d'éviter une douleur.

Et c'est bien ce que développe John Stuart Mill dans l'Utilitarisme dans la droite ligne de Bentham.

Comme il le dit : « Le principe d'utilité pose que les actions sont moralement bonnes dans la mesure où elles tendent à promouvoir le bonheur.

» Donc l'obéissance au devoirs'accompagne donc nécessairement de la recherche du bonheur car est moral ce qui est bon et procure du plaisir.Mill effectivement définit le bonheur comme le plaisir et l'absence de douleur ; et le malheur comme la douleur et laprivation de plaisir.

Le plus grand bonheur est donc la fin ultime. c) L'obéissance au devoir est d'autant plus corrélée à la recherche du bonheur, qu'en tant qu'individu je doisrechercher le plus grand bien possible, la somme la plus importante, en faisant le moins de mal possible.

Et en cesens, Mill précise dans l'Utilitarisme que ma propre recherche de bonheur augmente aussi la possibilité pour les autres de poursuivre ce qu'ils ont définis comme étant leur bonheur.

Autrement dit, la société se polarise autour dela maximisation du bonheur qui passe par la recherche de son propre intérêt comme devoir.

C'est pourquoi d'avoirMill verra dans la liberté de commerce notamment une des libertés fondamentales permettant l'accroissement du bonheur dans la société dans De la liberté . Transition : Cependant, comme on le remarque, dire que le devoir est conditionné à l'intérêt donc à la recherche du bonheur,pose la question de savoir si l'on ne serait pas prêt d'un égoïsme moral ou si l'on est pas proche d'un solipsisme enmorale.

En effet, dire que l'obéissance au devoir doit être conditionné à la recherche du bonheur, ou s'enaccompagne c'est faire dépendre le devoir et la morale à autre chose qu'à eux-mêmes.

Cela pose le problème alorsde l'universalisation de l'obéissance au devoir, mais aussi du calcul en morale c'est-à-dire qu'un mal est acceptablepourvu qu'un plus grand bien en sorte.

En d'autres termes, dire que l'obéissance au devoir s'accompagne ou peuts'accompagner de la recherche du bonheur ne serait-ce pas méconnaître les fondements de la morale et de l'idée dedevoir ? II – Exclusion conceptuelle : le devoir s'accompagne de lui-même, le bonheur est un idéal de l'imagination,redéfinition de la morale a) En effet, le problème est que l'obéissance au devoir peut s'accompagnerde la recherche du bonheur c'est donc faire dépendre le devoir à autre choseque le devoir lui-même, donc le rendre conditionnel à ma propre définition dubonheur.

Or comme le précise Kant dans les Fondements de la Métaphysique des Mœurs , « le bonheur est un idéal de l'imagination.

» Autrement dit, le bonheur se définit de façon personnel et ne correspond pas à une loiuniverselle.

Le fondement de la morale est alors impossible.

En d'autrestermes c'est conditionner le devoir, donc dire que la volonté est soumise àdes impératifs qui lui permettent pas d'affirmer son autonomie. b) En effet, comme Kant le précise dans les Fondements de la Métaphysique des Mœurs , le concept de devoir n'est pas apporté par l'expérience.

Il est un idéal de la raison pure et une valeur a priori.

L'expérience en tant que telle nenous fournit jamais de normes universelles et nécessaires.

Or, le devoircommande absolument.

Cette exigence ne découle pas de l'empirie.

Si nousvoulions fonder la morale sur des faits, elle serait rapidement ruinée.

Ledevoir, loin d'être une réalité, représente une norme de la raison, valable pourtous les êtres raisonnables.

En ce sens, le pur devoir a priori commande catégoriquement.

Et l'impératif catégorique est le seul purement moral.L'obéissance au devoir doit donc se faire non pas par devoir, ce qui serait unecontrainte, mais pour le devoir lui-même. c) Le devoir est donc sans condition, et exprime l'autonomie de la volonté face aux passions et tendancespathologiques ; et c'est en ce sens que l'impératif catégorique s'exprime suivant la formule : « Agis comme si lamaxime de ton action devait être érigée par ta volonté comme loi universelle.

» ( Fondements de la Métaphysique des Mœurs ) En ce sens, faire accompagner l'obéissance au devoir de la recherche du bonheur c'est faire un contresens sur le sens même de la morale et du devoir.

En effet, comme le remarque Kant dans la Critique de la raison pratique : « Devoir ! Nom sublime et grand, toi qui renferme rien en toi d'agréable… ».

Et c'est bien ce que Kant prouve dans l'exemple sur le mensonge, et son interdiction catégorique, comme on peut le voir dans Sur le droit de mentir en vertu même de l'idée de devoir (on voyait déjà cela dans la Critique de la raison pure ).

Mais plus simplement, l'obéissance du devoir se montre avec l'exemple de Régulus qui est renvoyé à Rome depuis les geôlesdes Carthaginois pour négocier la paix, mais qui revient se constituer prisonnier, et mourir, pour respect sa parole,et l'obéissance au devoir.

Pour autant, comme Kant le montrera dans la Fondements de la Métaphysique des Mœurs l'obéissance au devoir si elle ne s'accompagne de la recherche du bonheur, elle ne s'en accompagne pas moins de ladignité de ce bonheur. Dans la Critique de la raison pratique, Kant montre que le bonheur individuel, recherché par tout un chacun suivantses propres penchants, ne peut être une finalité morale.

La recherche du bonheur peut fournir des maximespersonnelles d'action, mais non des lois à la volonté, même si l'on prend pour finalité le bonheur de tous.

Ladéfinition générale du bonheur est subjective, donc variable et changeante.

On pourrait au mieux en tirer des règlesgénérales, mais jamais des règles universelles (valables toujours et nécessairement), car la base en est l'expérience. »

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