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La moralité consiste-t-elle à se contraindre soi-même ?

Publié le 27/02/2004

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Ce que j'affirme, c'est que cette volonté de puissance fait défaut à toutes les valeurs supérieures de l'humanité -c'est que, sous les noms les plus saints, règnent sans partage des valeurs de décadence, des valeurs nihilistes ». « Je fus le premier à voir la véritable opposition qui existe entre, d'une part l'instinct en voie de dégénérescence qui se dresse contre la vie dans une rancune souterraine [...] et d'autre part, une formule d'acquiescement supérieur, née de la plénitude et de la surabondance, un oui sans réserve à la vie, et même à la douleur, et même à la faute, à tout ce qu'il y a de déroutant et de problématique dans la vie... » La morale ne doit pas brimer le corps Une mauvaise conception de la morale, en effet, tend à brimer le corps et à culpabiliser toute personne qui tente de s'affirmer. Cela produit des caractères austères, rigides, intolérants, ennemis de la vie. Il est moral au contraire de favoriser l'épanouissement physique et spirituel de l'individu. Être moral, ce n'est pas s'autocensurer, c'est savoir bien diriger ses instincts. L'homme, en tant que vivant, est fortement incliné à poursuivre des buts premiers, ceux qui sont induits par son corps : manger, boire, jouir de son corps sexué. Tout le pousse à chercher son bien-être, à désirer ce qui le favorise, à fuir ce qui lui apporte désagrément et douleur. C'est ce que l'hédonisme antique, qui affirmait que l'accès au bonheur passait nécessairement par le plaisir, avait compris.

« tour être scindés en deux, selon le fondement de la morale que l'on retient.

Si ce fondement est la raison, entant qu'instance capable de discerner le bien et le mal, il nous renvoie au critère précédent.Mais s'il s'agit d'une morale religieuse, il s'articule soit autour du concept de « désir », soit autour de celui du« péché ».

Le « péché » exprime la rupture des relations avec Dieu, de la part d'un homme qui se voudrait «autonome » alors même qu'il n'est que créature.

Saint Augustin déterminera trois vices matriciels : la volontéde puissance, la jouissance, et la possession, issus du péché originel, et qui sont à la base de nombre depassions « immorales ».A ces différents griefs, Épicure ajoute une liste qui pourrait sans doute s'allonger indéfiniment : la passionconstitue une menace envers les lois, les conventions sociales, la santé, la gestion économique, etc. [Les instincts ne sont pas coupables.

Une authentique morale ne doit pas les réprimer.] Être moral, c'est affirmer ses instincts, sa volonté de puissanceDeleuze a commenté remarquablement Nietzsche en faisant valoir que si la morale aristocratique (dontNietzsche se réclame) s'énonce « je suis bon donc tu es méchant », la morale des esclaves et des décadentsse délivre par « tu es méchant donc je suis bon ».La première formule débute par une pleine affirmation de soi, une auto-exaltation, dont le « tu es méchant »n'est que la conséquence.

Les esclaves, les faibles se reconnaissent à ce qu'ils réagissent, sont des hommesdu ressentiment et de la vengeance. Le désir de vengeance et le ressentimentCette tension de la vie pour se surmonter elle-même sous la forme de la volonté de puissance peut-elle aller àl'infini ? Une ascension infinie n'est pas possible parce que la volonté vient se heurter au temps : la volonté depuissance vient achopper sur l'essence du temps comme sur sa limite.

Elle peut bien vouloir l'avenir mais nonpas le passé.

Si l'avenir est le domaine qui lui est ouvert, le passé semble lui échapper pour toujours : « Enarrière ne peut vouloir la volonté.

»La volonté ne peut vouloir en arrière que sous les formes morbides du désir de vengeance et du ressentiment.Cette volonté réactive ne veut pas simplement abolir ou annuler ceci ou cela, c'est contre le devenir lui-mêmedans ce qu'il a d'irréversible et d'inexorable qu'elle s'exerce, parce que c'est à sa propre impuissance à vouloirpour le passé qu'elle se trouve confrontée. Pour parvenir à se supporter eux-mêmes, ils ont besoin de s'opposer à d'autres.Ainsi, ils commencent par poser l'autre comme « méchant », et c'est parce qu'ils ne supporter pas l'autre qu'ilsse nomment « bons ».

Le caractère de « bon » n'est pas ici une affirmation de soi, mais une réaction, lamarque du ressentiment, de la vengeance, devant autrui.On comprend le mot de Nietzsche, la religion « a fait de toute valeurune non valeur », en elle il n'y a « que des fins mauvaises : lacontamination, le dénigrement, la négation de la vie, le mépris du corpset l'auto-avilissement de l'homme par l'idée de péché.

» Ce quiengendre une inversion des valeurs.

Les valeurs affirmatives d'actions,de conquêtes, d'extériorisation...

sont dévaluées (méchanceté,brutalité, vanité...) et remplacées par les valeurs nihilistes de passivité,d'adaptation, d'intériorisation...

Le prêtre est le grand artiste duressentiment qui, par la mystification d'un Dieu et d'un mondesuprasensibles, déprécie la vie et assurer le triomphe de l'existenceréactive.En fait, la religion chrétienne porte à son comble un mouvement déjàprésent chez Socrate : l'idée que la vie doit être justifiée, jugée,évaluée par une idée.

Tout « idéalisme » est un symptôme de manquede force.Or, c'est face à ces symptômes qu'il faut comprendre le projet deNietzsche..

Il n'agit pas que d'une critique des « arrières-mondes » etde la religion.

Il s'agit aussi de « transmuer les valeurs », d'effacer lemouvement chrétien qui fait de toute valeur une non valeur, defavoriser les forces actives, la puissance, l'expansion de la vie.

En cesens le « surhomme » ‘est pas la caricature qu'on en a fait, mais ce quidoit dépasser l'homme moderne, fatigué et décadent, créer d'autresvaleurs, non pas « négatrices » de la vie ou dévalorisantes, mais servant l'acceptation de l'existence.Il paraît nécessaire de rapprocher un passage de « L'Antéchrist » d'un extrait d' « Ecce homo » (1888).« La vie est à mes yeux instinct de croissance, de durée, d'accumulation de force, de puissance : là où lavolonté de puissance fait défaut, il y a déclin.

Ce que j'affirme, c'est que cette volonté de puissance faitdéfaut à toutes les valeurs supérieures de l'humanité –c'est que, sous les noms les plus saints, règnent sans. »

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