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MOURIR POUR UNE CAUSE PLAIDE-T-IL EN FAVEUR DE CETTE CAUSE ?

Publié le 15/03/2004

Extrait du document

Que des martyrs prouvent quelque chose quant à la vérité d'une cause, cela est si peu vrai que je veux montrer qu'aucun martyr n'eut jamais le moindre rapport avec la vérité. Dans la façon qu'a un martyr de jeter sa certitude à la face de l'univers s'exprime un si bas degré d'honnêteté intellectuelle, une telle fermeture d'esprit devant la question de la vérité, que cela ne vaut jamais la peine qu'on le réfute. La vérité n'est pas une chose que l'un posséderait et l'autre non (...). Plus on s'avance dans les choses de l'esprit, et plus la modestie, l'absence de prétentions sur ce point deviennent grandes : être compétent dans trois ou quatre domaines, avouer pour le reste son ignorance (...). Les martyrs furent un grand malheur dans l'histoire : ils séduisirent. Déduire (...) qu'une cause pour laquelle un homme accepte la mort doit bien avoir quelque chose pour elle - cette logique fut un frein inouï pour l'examen, l'esprit critique, la prudence intellectuelle. Les martyrs ont porté atteinte à la vérité. Il suffit encore aujourd'hui d'une certaine cruauté dans la persécution pour donner à une secte sans aucun intérêt une bonne réputation. Comment ? Que l'on donne sa vie pour une cause, cela change-t-il quelque chose à sa valeur ?

  • I) MOURIR POUR UNE CAUSE PLAIDE EN FAVEUR DE CELLE-CI.

a) La cause défendue est plus digne de valeur que la vie. b) La mort est un exemple pour les autres hommes. c) Par sa mort le martyr fait triompher son idéal.

  • II) MOURIR POUR UNE CAUSE NE PLAIDE PAS EN FAVEUR DE CELLE-CI.

a) La mort ne plaide pour aucune cause. b) La mort ne prouve pas la valeur de la cause. c) Mourir pour une cause est une lâcheté.

.../...

« Même si l'individu n'a aucun autre pouvoir d'action que le don de sa vie, la force qu'il oppose à la tyrannie estla plus puissante.

L'idéal triomphe par la mort du héros.

Les premiers chrétiens ont été suppliciés, mais n'ontfait que renforcer l'esprit du christianisme. Point de vue religieux : Jésus et le « Sermon sur la montagne ».

Jésus révèle un Dieu non violent, un Dieud'amour.

Il prêche la sagesse et la loi morale, ainsi que l'amour de l'ennemi.

Jésus valorise les pauvres, lesopprimés et les persécutés parce qu'ils ne font de tord à personne.

Il fait le choix de la non violence etenseigne contre la loi du talion qu'il vaut mieux « tendre l'autre joue ».

« Ainsi, tout ce que vous voulez queles hommes vous fassent, faites-le vous-même pour eux » (Matthieu, VII, 12). [Aucune cause ne vaut qu'on lui sacrifie la vie humaine.

Mourir pour une cause est un acte vain, car ilaboutit seulement à la négation de l'être.

Aucune cause ne saurait être défendue par un avocat absent.] La mort ne plaide pour aucune causeCe n'est pas en mourant, mais en luttant, que l'on sert le mieux une cause.

Seule la vie peut réaliser un idéalet, pour cela, elle doit tenir la mort en respect.

En mourant pour une cause, je ne suis que son esclave.Simple moyen au service d'une cause, je deviens une chose.

Or l'homme a une dignité personnelle qui luiconfère une valeur incomparable.

Nous ne devons pas consentir à notre destruction, car conserver la vie estun devoir.

Ma mort peut être un plaidoyer pour moi-même, mais je ne suis plus là pour entendre.

Si je suismort, où est ma victoire? La mort ne prouve pas la valeur de la causeLes attentats-suicides des extrémistes ne démontrent pas la valeur de la cause des terroristes.

Tout au pluspassent-ils pour des fanatiques et des fous.

Diadore Cronos est mort de honte pour ne pas avoir su résoudreun argument.

L'exemple du hara kiri, pratique qui, pour les Japonais, n'est pas un suicide, mais un sacrificeconsenti à l'empereur-soleil, montre que la valeur pour laquelle on engage sa vie peut être dérisoire etinhumaine. "Que des martyrs prouvent quelque chose quant à la vérité d'une cause,cela est si peu vrai que je veux montrer qu'aucun martyr n'eut jamais lemoindre rapport avec la vérité.

Dans la façon qu'a un martyr de jeter sacertitude à la face de l'univers s'exprime un si bas degré d'honnêtetéintellectuelle, une telle fermeture d'esprit devant la question de la vérité,que cela ne vaut jamais la peine qu'on le réfute.

La vérité n'est pas unechose que l'un posséderait et l'autre non (…).

Plus on s'avance dans leschoses de l'esprit, et plus la modestie, l'absence de prétentions sur cepoint deviennent grandes : être compétent dans trois ou quatre domaines,avouer pour le reste son ignorance (…).Les martyrs furent un grand malheur dans l'histoire : ils séduisirent.Déduire (…) qu'une cause pour laquelle un homme accepte la mort doitbien avoir quelque chose pour elle - cette logique fut un frein inouï pourl'examen, l'esprit critique, la prudence intellectuelle.

Les martyrs ont portéatteinte à la vérité.

Il suffit encore aujourd'hui d'une certaine cruauté dansla persécution pour donner à une secte sans aucun intérêt une bonne réputation.

Comment ? Que l'on donne sa vie pour une cause, cela change-t-il quelque chose à savaleur ? (…) Ce fut précisément l'universelle stupidité historique de tous les persécuteurs quidonnèrent à la cause adverse l'apparence de la dignité." NIETZSCHE.

QUESTIONNEMENT INDICATIF• Qu'est-ce qui justifie, dans le texte, que — selon Nietzsche « aucun martyr » n'a jamais eu « le moindrerapport avec lavérité » ?• Y a-t-il nécessairement contradiction entre dire « être compétent dans trois ou quatre domaines » et « lavérité n'est pas une chose que l'un posséderait et l'autre non »?• En quoi, selon Nietzsche, « les martyrs furent un grand malheur dans l'histoire »?• Quel est l'enjeu de ce texte ?— Une appréciation des martyrs ?— Une appréciation (ou mise en valeur) de la conditionminimale d'un rapport « véridique » à la vérité ? Une caractérisation de la vérité ?. »

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