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Y a-t-il un mythe de la science ?

Publié le 05/02/2004

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2)    Auguste Comte a dressé un tableau du développement de l'esprit humain : Il y a d'abord eu un « âge théologique » ou mythologique, le temps d'Homère et des dieux grecs. Puis vient un « état métaphysique », celui des philosophes grecs, de Platon et d'Aristote. Enfin, l'humanité se délivre de toute superstition et entre dans « l'état positif », celui du règne de la science. 3)    On peut considérer les mythes comme ce que Gaston Bachelard appelle des « obstacles épistémologiques », c'est-à-dire des explications données du réel, des images héritées de la culture, qui empêchent l'esprit du scientifique de découvrir, de s'interroger. II : Les mythes de la science 1)    Le mythe du progrès : l'idéologie « positiviste » a cru que la science permettrait un progrès linéaire de l'humanité qui guiderait peu à peu celle-ci vers un paradis terrestre. Le grand représentant et le théoricien de cette idéologie est Auguste Comte (cité en I, 2). La science apparaît comme le sauveur de l'humanité et comme sa destination métaphysique, nous sommes dans un mythe. 2)    La science comme connaissance de la vérité : « c'est scientifiquement prouvé » apparaît aujourd'hui comme le plus fort argument d'autorité pour attester de la fausseté ou de la vérité d'une proposition. Cependant, l'épistémologie a montré que la science a une histoire et que la vérité scientifique est déterminée par des facteurs historiques extérieurs à la science elle-même. 3)    Pour Nietzsche, il y a une foi dans la science qui est au fond la même que la foi dans la religion : c'est la croyance à une vérité nécessaire et transcendante.

« « On dit avec juste raison que, dans le domaine de la science, les convictionsn'ont pas droit de cité : c'est seulement lorsqu'elles se décident à adoptermodestement les formes provisoires de l'hypothèse, du point de vueexpérimental, de la fiction régulatrice, qu'on peut leur concéder l'accès dudomaine de la connaissance et même leur y reconnaître une certaine valeur(...).

- Mais cela ne revient-il pas, au fond, à dire que c'est uniquementlorsque la conviction cesse d'être conviction qu'elle peut acquérir droit de citédans la science ? La discipline de l'esprit scientifique ne commencerait-ellepas seulement au refus de toute conviction ?...

C'est probable ; reste àsavoir si l'existence d'une conviction n'est pas déjà indispensable pour quecette discipline elle-même puisse commencer.

(...) On voit par là que lascience elle-même repose sur une croyance; il n'est pas de science sanspostulat.

» Nietzsche.

Analyse du sujet: Quand bien même la connaissance scientifique exclut la notion de convictionau profit de celle de vérité démontrée, cad expérimentalement confirmée, ellerepose sur des postulats (cad des propositions acceptées comme vraies sansdémonstration). Articulation des idées. - Une idée admise: les convictions n'ont pas de place dans la science.Explication: la science rejette toute opinion, c'est-à-dire toute croyance non démontrée, non vérifiée.

Or laconviction est une opinion ferme.

Elle ne peut donc être admise dans la science, sinon d'une manière provisoire, àtitre d'hypothèse, de point de vue expérimental, de «fiction régulatrice», c'est-à-dire en n'étant plus posée commevéritable conviction (puisqu'elle est posée comme douteuse, non sûre).Une dénonciation de cette conception de la science.

Elle est illusoire : c'est en effet la science elle-même quirepose sur une croyance, une conviction fondamentale.

[Cette conviction fondamentale n'est pas explicitée dans cetexte tiré du Gai Savoir (§ 344), mais nous pouvons la retrouver.

Toute science affirme non seulement l'existenced'une vérité, qu'elle se propose d'atteindre, mais encore la nécessité de connaître cette vérité.

La conviction, lepostulat qui constitue la base même de la science, c'est donc la croyance en la nécessité de la vérité.

C'estpourquoi, selon Nietzsche, la science n'est jamais qu'une foi.] Intérêt philosophique du texte L'intérêt philosophique du texte est de poser le problème des motivations et des implications non avouées de lascience. La science contre la vie Pourquoi, en effet, demande Nietzsche, veut-on connaître la vérité ? Pourquoi la science pose-t-elle que la « véritéest plus importante que toute autre conviction » ? Est-ce pour ne pas se laisser tromper par la vie ? Mais pourquoine pas désirer être trompé, pourquoi ne pas préférer l'erreur, l'apparence et l'illusion à la vérité? L'erreur et l'illusionsont-elles toujours nuisibles ? Bien au contraire ! C'est souvent la volonté de connaître la vérité « à tout prix » quise révèle dangereuse quand elle n'est pas simplement inutile.

Ainsi la vie pourrait être non du côté de la vérité, maisdu côté de « la duperie, de la dissimulation, de l'éblouissement, de l'aveuglement ».

Bref, l'illusion pourrait être uneerreur vitale.

Dès lors, observe Nietzsche, la volonté de vérité, en s'acharnant à vouloir détruire l'illusion et mettantdu même coup en danger la vie, ne serait pas une « Volonté de vie », mais elle « cacherait une volonté de mort.

-En sorte que la question : pourquoi la science ? se réduit au problème moral : pourquoi de toute façon la morale ? sila vie, la nature, l'histoire sont « immorales » ? Il n'y a aucun doute, le véridique, au sens le plus hardi et le plusextrême, tel que le prévoit la foi en la science, affirme ainsi un autre monde que celui de la vie, de la nature et del'histoire.

» (Le Gai Savoir, § 344) Une croyance métaphysique au monde de la vérité. En prétendant dévoiler la vérité, la science nie d'une certaine manière ce monde-ci, notre monde, et supposel'existence d'un autre monde : le monde de la vérité.

La science se révèle ainsi être au fond une croyanceproprement métaphysique en un monde métaphysique: celui de la vérité.

La science « c'est la croyancemétaphysique à la dignité absolue de la "vérité".

Or cette volonté du "vrai" à tout prix recouvre la simple aspiration àun "monde permanent" conforme au "schéma de l'être", avec tous ses prédicats qui, dans la tradition métaphysique,appartiennent à la définition de l'Absolu.

La science a certes renoncé à la figuration de l'Absolu sous sa formethéologique, comme Dieu personnel, mais elle a divinisé le "vrai" en reportant sur lui les attributs qui servaient jadis àdéterminer l'essence de Dieu.

En un mot la foi en Dieu s'est changée en la foi dans la "vérité".

L'impulsioninconditionnelle à connaître a seulement relayé l'impulsion morale et religieuse » (J.

Granier, Le problème de la véritéchez Nietzsche, p.

82). L'illusion de la vérité.. »

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