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Y a-t-il une nature humaine ?

Publié le 05/03/2004

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  • LA NÉGATION DE L'IDÉE DE NATURE HUMAINE

Elle peut se faire au nom du peuple, au nom de la race, au nom de l'individu, au nom de la culture ou au nom de l'histoire.

  • Au nom du peuple : l'ethnocentrisme

■ La terre habitée la plus éloignée de toute autre terre habitée, l'île de Pâques, s'est appelée, en langue indigène « le nombril du monde «, et de nombreux peuples (les Inuits, les Bantous) se désignent d'un nom qui signifie aussi « Homme « en général, sous-entendu que pour ceux qui sont Bantous, les non-Bantous ne sont pas vraiment des hommes. Ouvrons un atlas chinois : la Chine sera représentée au milieu de la terre (le mot chinois signifiant Chine dit d'ailleurs « empire du Milieu «) alors qu'à nos yeux de Français, la Chine est en Extrême-Orient. Chaque pays est « milieu « pour lui-même, mais « extrémité « pour un autre pays.On appelle « ethnocentrisme « la tendance que chaque peuple a de se considérer comme la référence de l'humanité, et de voir son pays comme le centre du monde. Il s'agit d'un préjugé universel qui exalte la seule culture à laquelle on appartient et méprise les autres cultures au point de leur dénier leur caractère de culture : ainsi, la langue que l'on parle est la seule belle, celle des autres est une suite de borborygmes (de là le mot de « barbare « forgé par les anciens Grecs), les lois que l'on a sont les seules justes (celles des autres sont scandaleuses), la nourriture que l'on mange est la seule bonne, etc.

  • B - Au nom de la race : le racisme

Le racisme n'est pas seulement un préjugé ; il est une idéologie, et, à la différence de l'ethnocentrisme, il ne se contente pas de mépriser, il hait. Le mépris rabaisse l'autre mais le laisse exister ; la haine, quant à elle, désire rester seule, donc vise l'extermination.Le racisme nie la nature humaine au nom d'une prétendue race supérieure.

Y a-t-il un être de l'être humain, ce qu'on appelle proprement une « nature humaine « ? L'expression de nature humaine appelle deux idées : celle d'une naturalité, qu'éventuellement l'être humain partagerait avec les autres êtres naturels que sont les animaux, et celle d'une universalité d'essence. S'il y a une nature humaine, cela signifie que par-delà les différences individuelles et socioculturelles, il existe un universel humain, identique à lui-même dans les temps (« toujours «) et dans les lieux (« partout «). Dans l'expression de « nature humaine «, nature renvoie à l'universel de l'essence plutôt qu'au particulier de la naturalité. Il s'agit donc de savoir si le concept d'homme (l'Homme) a une réalité consistante ou bien s'il ne correspond qu'à une illusion ou à une abstraction vide de sens.  Les hommes ont découvert tard l'universel humain, c'est pourquoi la négation de la nature humaine sera évoquée en premier lieu.

  • I) Il n'y a une nature humaine.

a) L'essence précède l'existence. b) Il y a des propriétés exclusivement humaines. c) La nature humaine est constante.

  • II) Il n'y a pas de nature humaine.

a) L'existence précède l'essence. b) La "nature" psychologique n'existe pas. c) Même ce qui semble inné est, au final, acquis.

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« 2.

L'AFFIRMATION DE L'IDÉE DE NATURE HUMAINE L'essentialisme. L'essentialisme est une position qui affirme l'existence d'une nature humaine (nature prise au sens d'essence).

Ainsi, pour le spiritualisme chrétien classique, toute existence présuppose une essence.

LaNature, l'homme ne peuvent se comprendre que lorsqu'on remonte à un être transcendant.

Dieu a pensé l'homme à la manière d'un ébéniste qui conçoit la table avant de la construire et cette pensée divine del'homme, c'est la nature ou l'essence humaine.

La création, c'est l'existence donnée à cette pensée.L'essence, chez l'homme, est donc préalable à l'existence.

En Dieu seul, l'existence est inséparable de l'existence.

Il est dans la nature de Dieu d'exister.

Dieu est sa propre cause.

Il est celui qui a créé et qui donc explique, fonde et justifie l'homme et le monde. Cette idée que l'essence précède l'existence ou que l'homme avant de naître a une nature ou une essence toute fixée n'est pasl'apanage exclusif des spiritualistes chrétiens.

On la retrouve, ditSartre , chez les philosophes athées du XVIII ième siècle : « Dans l'athéisme des philosophes, la notion de Dieu est supprimée, mais non pas pour autant l'idée que l'essence précède l'existence.

Cette idéenous la retrouvons un peu partout : chez Diderot , chez Voltaire et même chez Kant .

» Pour les philosophes, dit Sartre , « l'homme est possesseur d'une nature humaine ; cette nature humaine, qui est leconcept humain, se retrouve chez tous les hommes, ce qui signifie quechaque homme est un exemple particulier du concept universel,l'homme.

» (« L'existentialisme est un humanisme. ») Elle peut se soutenir de plusieurs points de vue. A - Le point de vue religieux Les plus anciennes religions ont fait de l'homme le fils de la terre, leproduit de la nature : dès lors, chaque peuple se pensait commeradicalement éloigné des autres. En substituant Dieu à la nature, en faisant de l'homme le produit de l'Esprit et non plus celui de la terre, les religions monothéistes ont inventé cette idée nouvelle de genrehumain qui serait comme une famille immense : sont frères ceux qui ont le même père.

Or les monothéistesont donné à tous le même Père.

De ce point de vue, la nature humaine existe : elle est ce que Dieu a conçu. B - Le point de vue scientifique Contre l'aberration raciste, la science a prouvé l'unité de l'espèce humaine.

Si les races existaient chez leshommes et si elles étaient séparées comme par des murs, comment expliquer l'efficacité d'un même vaccin àtravers le monde ? Tous les hommes font partie d'un même genre (Homo), d'une même espèce (sapiens),d'une même variété (sapiens, une deuxième fois).

La terre est peuplée de six milliards d'Homo sapienssapiens.

La couleur de la peau est la différence la plus visible (c'est pourquoi elle a pris une telle importance),mais au-delà de ces apparences, il existe entre tous les hommes une profonde unité biologique.

Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de nos gènes sont communs : nos différences individuelles tiennent seulement dansle dernier pour cent.

Sur le plan de l'esprit, l'unité du genre humain n'est pas moins grande : tous les hommes appartiennent à unesociété, obéissent à des lois qui ne sont plus celles de la nature, parlent une langue, ont des idées, desprojets, des rêves, créent des oeuvres d'art, chantent et dansent, etc.

Des travaux d'anthropologie etd'histoire ont montré que des peuples très éloignés dans le temps et dans l'espace pouvaient aboutir à dessolutions (techniques, artistiques, religieuses...) analogues. C - Le point de vue ethico-juridique Les valeurs morales de la dignité et du respect sont corollaires.

La dignité est la valeur attachée à unepersonne : elle signifie son caractère irremplaçable d'être humain.

Le respect est la reconnaissance de ladignité de l'autre. Comment le respect et la dignité pourraient-ils être élargis aux dimensions de l'humanité entière si n'existaitpas la notion d'une nature humaine universelle ? Cet élargissement est observable dans le domaine du droitavec les concepts de « droits de l'homme » (nés au XVIII siècle), et de « crime contre l'humanité » (1945).Si la violation d'un droit, à l'autre bout de la terre, nous scandalise, c'est bien parce que nous concevonsl'humanité totale comme sujet de droit. Il semble donc nécessaire, pour les raisons éthiques et juridiques évoquées ci-dessus, d'admettrel'existence d'une nature humaine même si, par ailleurs, sur le plan théorique de la connaissance, cette. »

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