La nature humaine est-elle toujours et partout la même ?
Publié le 07/03/2004
Extrait du document
NATURE (lat. natura; de nasci, naître)
Terme équivoque qui connaît deux grandes acceptions selon qu'il désigne la nature d'un être ou la nature en général. Désignant la nature d'un être, le terme renvoie d'abord à l'idée d'une existence qui se détermine d'elle-même, sans l'intervention d'une cause étrangère : 1. s'oppose à ce qui résulte de l'art ou de la technique : « La nature est principe dans la chose même » (Aristote); 2. est synonyme d'essence d'un genre dès lors qu'il désigne l'ensemble des propriétés qui le définissent : « La nature d'un gouvernement est ce qui le fait être tel » (Montesquieu); 3. désignant ce qui est inné, s'oppose à l'acquis, c.-à-d. chez l'homme à la culture ; désignant ce qui est spontané, s'oppose à ce qui est réfléchi. Désignant la nature en général, le terme renvoie à l'idée d'un ensemble organisé et régi par des lois : 1. ainsi la nature comme ensemble des choses qui présentent un ordre et réalisent des types s'oppose pour Aristote au hasard : « La nature ne fait rien en vain » ; 2. la Nature en tant que s'y exprime une Absolue nécessité s'oppose au Monde - humain soumis à la contingence; 3. la nature où toute cause est elle-même l'effet d'une cause extérieure s'oppose pour Kant à la liberté qui suppose l'autonomie morale de l'agent.
ART (lat. ars, habileté, talent, savoir-faire)
Soit syn. de technique, ou savoir-faire constitué d'un ensemble de procédés visant un résultat pratique (ex. des arts et métiers), soit syn. de beaux-arts, terme qui désigne la pratique artistique en tant qu'elle produit une oeuvre incarnant la beauté selon des règles propres au génie de son auteur. Dans le premier cas, « art »," se distingue de science et de nature. Dans le second, « art » se distingue depuis le xviiie siècle d'artisanat.
«
La nature humaine n'est pas toujours et partout la même
-~[.]~•
La diversité des lois et des coutumes
révèle l'inexistence d'une constante dans la nature
humaine.
Les hommes
ne sont pas partout
et
en tout temps les mêmes.
Il n'y a pas
de loi constante
(( M ais ils sont plai-
san ts quand ,
pour donner quelque
cer
titude aux lois, ils disent
qu 'il y en a aucunes
fermes, perpétuelles et
immuables , qu'ils nom
ment naturelles, qui sont
empreintes
en l 'humain
genre par la condition
de leur propre essence.
»
Pour
Montaigne (Essais) ,
il est impossible de
•Il est croyable qu'il y a des lois naturelles, comme il se
voit dans les autres créa
tures; mais en nous elles sont perdues ( ..• ).~ Michel Eyquem
de Montaigne,
Essais
trouver une loi cons
tante de l'humanité
sous la diversité des
mœurs et des cou
tumes.
L'homme n'est pas
partout le même
1 'idée d'une univer
L salité de la nature
humaine , ou du moins
de l'existence
d'un « hom
me » abstrait qui serait le
même en tout temps et
en tous lieux , a été remise
en cause par les phi lo
sophes communautariens
dans les années 1980.
Pour ceux-ci, les indivi
dus s'enracinent dans
des communautés tra
ditionnelles et sont déter
minés
par des modes de pensée
, des valeurs , des
croyances différents mais
tous aussi valables.
On
ne peut établir un seul
modèle d'humanité.
Les minorités
sont différentes
E
n se fondant s ur ce
principe,
certaines
minorités revendiquent
aujourd'hui, notam
ment aux États-Unis,
une identité et une his
toire spécifiques: les
femmes , les Noirs, les
h omosexuels , les Indiens
ne se reconna issent pas
dans le paradigme uni
versaliste établi par
l'homme blanc occiden
tal et se réclament d'
une
autre «nature ».
Contrairement à ce que pensaient les philosophes
du xvme siècle, il n'y a pas qu'un seul modèle d'humanité ,
qu 'une seule nature humaine..
»
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