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De la nature de Lucrèce

Publié le 27/02/2008

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Épopée philosophique, le De rerum natura de Lucrèce (traduction H. Clouard, Garnier-Flammarion, 1964) fait l'éloge de la pensée d'Épicure. À sa mort, en 55 avant Jésus-Christ, Lucrèce laisse un manuscrit presque achevé que Cicéron se serait chargé de mettre au net et de publier. La vigueur de la pensée et l' audace de l' auteur font de ce poème de sept mille quatre cents vers une oeuvre originale, véritable manifeste destiné à déraciner la crainte des dieux, au sein même d'une époque troublée, tout en élevant un chant grandiose à l'infini de l'univers et à la puissance de la vie. Mais donnons la parole au poète : « Je parcours des régions non frayées [...]. J'aime aller puiser aux sources vierges ; j'aime cueillir des fleurs inconnues. [...] C'est que d'abord je donne de grandes leçons, et tâche à dégager l'esprit des liens étroits de la superstition ; c'est aussi que sur un sujet obscur je compose des vers lumineux, le parant tout entier des grâces de la Muse » (préambule du livre IV).

« 2.

L'ÂME HUMAINE (LIVRES III, IV) A.

Les caractères de l'âmeL'âme humaine, objet du livre III, est essentielle dans la philosophie d'Épicure.I L'ignorance des hommes sur la nature de leur âme leur inspire la crainte de la mort, qui est l'unique source, liée àl'ignorance, de tous les maux et de tous les crimes.I L'âme est une partie réelle de nous-mêmes, et non une affection générale de notre organisme, une « harmonie ».Elle forme une même substance avec l'esprit.Âme et esprit sont corporels, formés des atomes les plus subtils.Loin d'être simples, esprit et âme résultent de l'association de quatre principes : souffle, air, chaleur et principe desensibilité.

Mélangés et combinés, sans jamais agir séparément, ces principes dominent plus ou moins ; de là naît ladifférence des caractères. B.

La mortL'âme et le corps sont si unis qu'ils ne peuvent subsister l'un sans l'autre – mais on ne peut faire correspondre unélément de l'âme à chaque élément du corps, contrairement à ce que pensait Démocrite.En conséquence, l'âme naît et meurt en même temps que le corps.

La mort n'est doncpas à craindre, ce n'est qu'un état qui fait de l'homme ce qu'il était avant de naître. C.

Théorie des sensations (livre IV)Il s'agit d'expliquer l'action des objets extérieurs sur l'âme, par le canal des sens.

Nos sensations sont produites pardes corpuscules invisibles, répandus dans l'atmosphère, qui, en s'introduisant dans les divers conduits de nos corps,affectent diversement nos âmes.Ces simulacres se divisent en plusieurs classes : envoyés par les corps mêmes, ce sont des émanations de lasurface ou de l'intérieur des objets ; d'autres se forment dans l'air.

D'autres sont un mélange des uns et des autres,que le hasard réunit souvent dans l'atmosphère.

Tous sont d'une finesse et d'une subtilité inconcevables, et sontdonc animés d'une très grande vitesse.La vision est produite par des simulacres qui émanent de la surface même des corps.Nos erreurs, fréquentes, ne viennent pas de la sensation précise qui est éprouvée, mais de la précipitation del'esprit.

Nos sens sont donc des guides infaillibles, seuls juges de la vérité.L'audition est provoquée par des corpuscules détachés des corps, qui viennent frapper l'organe de l'ouïe.

Façonnéspar la langue et le palais, ces sons sont des paroles ; répercutés par des corps solides, ils produisent des échos.La saveur vient des sucs exprimés par les aliments lorsqu'ils sont mâchés ; la sensation peut différer selonl'organisation des différentes espèces animales, ainsi que selon les molécules qui produisent ces sucs.

Les odeurssont des corpuscules émanés de l'intérieur des corps, eux aussi ressentis différemment par des organes différents(ce qui est vrai de tous les sens).Le toucher n'est pas une émanation, mais provient de l'impression immédiate des choses. D.

Théorie des idéesLes idées proviennent, elles aussi, des simulacres dont l'atmosphère est sans cesse remplie.Mais leur texture est si déliée qu'ils s'insinuent par tous les pores du corps, et leur succession et leur combinaisonsont si rapides qu'une foule d'idées assiègent nos esprits à chaque instant — images chimériques de centaures etmille autres illusions qui nous égarent. E.

Remarques critiques et processus naturelsIl faut rejeter les causes finales, car nos organes n'ont pas été faits en vue de nos besoins.

Les hommes en ont uséparce qu'ils les ont trouvés constitués ainsi.Manger et boire relèvent d'un besoin naturel pour tous les animaux ; mais l'âme, substance déliée, peut mouvoir unemasse aussi pesante que celle de notre corps.Le sommeil parvient à engourdir toutes les facultés de l'âme et du corps, et les songes s'y produisent naturellement.Mais il faut se méfier de l'amour, si l'on se rappelle les malheurs des amants.Un traité de la génération clôt cette étude des propriétés des corps et des âmes.

g e Sur les sensations et leurvaleur de vérité, voir livre IV, vers 26-109, p.

120-131. 3.

L'UNIVERS : FORMATION ET PHÉNOMÈNES CÉLESTES (LIVRES V, VI) A.

La formation de l'univers (livre V)Dans l'enthousiasme, le poète célèbre Épicure et annonce son projet d'expliquer maintenant la formation de l'universpar le concours fortuit des atomes.I Mais il faut d'abord établir contre certains, que le monde a eu un commencement et qu'il aura une fin.

Ceci réfutel'idée que les corps célestes et la terre dont des divinités, mais aussi la thèse affirmant que, demeure des dieux, ilsseraient indestructibles — enfin celle selon laquelle ouvrage de la Divinité même, ce monde doit subsisteréternellement.Les éléments, terre, feu, eau et air, sont en effet soumis à des vicissitudes et à des altérations perpétuelles – deplus ils se combattent : embrasements, inondations, déluges, tremblements de terre sont comme des maladies duglobe.

Les corps les plus solides connaissent la ruine, et des causes travaillent constamment à la destruction du. »

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