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EST-IL NÉCESSAIRE D'ÊTRE CULTIVÉ POUR APPRÉCIER UNE OEUVRE D'ART ?

Publié le 14/03/2004

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  • APPROCHE:

Nécessaire (ce qui ne peut pas ne pas être) s'oppose à contingent (ce qui peut ne pas être). La culture (être cultivé) serait indispensable pour goûter à sa juste valur une oeuvre d'art. Apprécier = estimer, évaluer, juger.

Tout jugement de goût est un jugement de valeur. Le sentiment du beau naît à l'occasion de sensations causées par un objet extérieur à moi. Ce sentiment est un plaisir qui accompagne ma perception. Ce sentiment dépendrait-il de mon niveau culturel ?

  • PROBLEMATIQUE:

Est-il possible de goûter un tableau de Van Gogh, de Picasso, une musique de Vivaldi, une statue de Michel-Ange sans avoir jamais appris la peinture, la musique, la sculpture ? Faut-il être instruit, cultivé, posséder certaines connaissances, pour apprécier une oeuvre d'art ? Bref, le plaisir esthétique dépend-il essentiellement du degré d'instruction ? EST-IL NÉCESSAIRE D'ÊTRE CULTIVÉ POUR APPRÉCIER UNE OEUVRE D'ART ? Il semble que nous ayons ici affaire à un paradoxe : d'une part, le plaisir ressenti devant une oeuvre est de l'ordre de la sensibilité donc de la subjectivité, et d'autre part, le degré de jouissance esthétique serait proportionnel au niveau culturel de chacun, sous-entendant que selon notre culture nous apprécierons ou non à sa juste valeur l'oeuvre d'art.

« "...

En ce qui concerne l'art on sait que certaines époques de floraisonartistique ne sont nullement en rapport avec l'évolution générale de lasociété, ni donc avec le développement de la base matérielle qui est commel'ossature de son organisation.

Par exemple les Grecs comparés aux modernes,ou encore Shakespeare.

Pour certaines formes de l'art, l'épopée par exemple,on va jusqu'à reconnaître qu'elles ne peuvent jamais être produites dans laforme classique où elles font époque.

Dès que la production de l'art fait sonapparition en tant que telle; on admet par là, que dans la propre sphère del'art, telles de ses créations insignes ne sont possibles qu'à un stade peudéveloppé de l'évolution de l'art.

Si cela est vrai du rapport des divers genresd'art à l'intérieur du domaine de l'art lui-même, on s'étonnera déjà moins quecela soit également vrai du rapport de la sphère artistique dans son ensembleà l'évolution générale de la société.

La seule difficulté c'est de formuler uneconception générale de ces contradictions.Prenons par exemple l'art grec...

dans son rapport à notre temps.

Il est bienconnu que la mythologie grecque fut non seulement l'arsenal de l'art grecmais aussi sa terre nourricière.

L'idée de la nature et des rapports sociaux quialimente l'imagination grecque...

est-elle compatible avec les métiers à filerautomatiques, les locomotives et le télégraphe électrique? Qu'est-ce queVulcain auprès de Roberts et Cie, Jupiter auprès du paratonnerre?...

Toutemythologie dompte, domine, façonne les forces de la nature, dansl'imagination et par l'imagination; elle disparaît donc au moment où ces forces sont dominées réellement...

D'autre part, Achille est-il possible à l'âge de la poudre et du plomb?...

Les conditionsnécessaires de la poésie épique ne s'évanouissent-elles pas?Mais la difficulté n'est pas de comprendre que l'art grec et l'épopée sont liées à certaines formes du développementsocial, la difficulté, la voici : ils nous procurent encore une jouissance artistique et à certains égards ils servent denorme, ils nous sont un modèle inaccessible......

Un homme ne peut redevenir enfant sans être puéril.

Mais ne se réjouit-il pas de la naïveté de l'enfant et ne doit-il pas lui-même s'efforcer à un niveau plus élevé de reproduire sa vérité? Est-ce que, dans la nature enfantine, nerevit pas le caractère de chaque époque, dans sa vérité naturelle? Pourquoi l'enfance historique de l'humanité auplus beau de son épanouissement n'exercerait-elle pas l'attrait éternel du moment qui ne reviendra plus ?" MARX Ce fragment sur le problème de l'art appartient à un texte de 1857 Introduction générale à la Critique de l'économiepolitique que Marx ne fit pas publier.

Marx écrira deux ans après dans l'Avant-propos de la Critique de l'économiepolitique.

« J'avais ébauché une introduction générale, mais je la supprime.

Réflexion faite, il serait gênant d'anticipersur des résultats non encore établis.

» Le texte a été publié pour la première fois par Kautsky en 1903.

Le problèmede l'art est, nous allons dire pourquoi, un des plus épineux qui puissent se poser à un marxiste.

Les marxistescontemporains qui s'y sont attaqués (Georg Lukacs, professeur d'esthétique à Budapest, Henri Lefebvre en France,Contribution à l'esthétique, Ed.

Sociales) ne l'ont pas eux-mêmes pleinement résolu.Pour aborder ce texte sur l'art il faut d'abord rappeler le principe général de la philosophie marxiste, c'est-à-dire dumatérialisme historique.

Les forces productives (l'état des techniques et des moyens de production économiques, àtel moment de l'histoire) et les rapports de production (c'est-à-dire les relations et les conflits des classes socialesqui en dérivent) constituent l'infrastructure de la société.

L'état et l'évolution de cette infra-structure déterminenten dernier ressort l'état et l'évolution des superstructures culturelles : les institutions politiques, juridiques, les idéesphilosophiques et religieuses, les créations artistiques par lesquelles la société prend une conscience plus ou moinsdéformée d'elle-même, ne constituent pas des domaines autonomes mais traduisent de façon plus ou moinscomplexe l'évolution de l'infrastructure économique et sociale.

Marx signale quelques lignes avant le fragment quenous proposons que l'un des points délicats à examiner est celui du « rapport inégal entre le développement de laproduction et celui de l'art ».

Les choses ne sont pas simples et « il ne faut pas concevoir l'idée de progrès dans sonabstraction vulgaire ». Explication et commentaire « ...

Certaines époques de floraison artistique ne sont nullement en rapport avec l'évolution générale de la société,ni donc avec le développement de la base matérielle...

Par exemple les Grecs ou encore Shakespeare...

»Constatation d'un fait.

L'art grec, la poésie homérique par exemple représente une réussite exceptionnelle, un dessommets de la culture universelle, et pourtant la société de la Grèce antique est économiquement peu développée.De même le théâtre de Shakespeare domine le théâtre de tous les temps et il a surgi dans une civilisation beaucoupmoins développée que la nôtre.

Tandis que le progrès de la science et des techniques, si on le regarde d'assez haut,est un progrès continu, l'histoire de l'art avec ses sommets éclatants se lit difficilement comme un progrès.

Il nesuffit pas d'écrire après Homère pour écrire mieux qu'Homère.

Une société médiocrement développée peut voir surgirdes créations artistiques d'une grande richesse.

Il ne suffit pas de constater les faits il faut comprendre que cesfaits posent dans la philosophie marxiste un problème redoutable.

Les superstructures artistiques offrent uneapparence d'autonomie contraire au principe du matérialisme historique : l'histoire de l'art ne paraît pas refléter leprogrès matériel des sociétés.« ...

Cela est vrai du rapport de divers genres d'art à l'intérieur du domaine de l'art lui-même...

également vrai durapport de la sphère artistique dans son ensemble à l'évolution générale de la société .» Marx distingue ici deuxdistorsions dans l'évolution de la « superstructure » artistique.

Tout d'abord à l'intérieur du domaine de l'art lui-même, des formes d'art très primitives peuvent donner lieu à des créations sublimes dont le génie ne sera pas. »

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