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Nietzsche: La nature du travail philosophique

Publié le 21/04/2005

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nietzsche
Il me semble de plus en plus que le philosophe, étant nécessairement l'homme de demain ou d'après-demain, s'est de tout temps trouvé en contradiction avec le présent; il a toujours eu pour ennemi l'idéal du jour. Tous ces extraordinaires pionniers de l'humanité qu'on appelle des philosophes et qui eux-mêmes ont rarement cru être les amis de la sagesse mais plutôt des fous déplaisants et de dangereuses énigmes, se sont toujours assigné une tâche dure, involontaire, inéluctable, mais dont ils ont fini par découvrir la grandeur, celle d'être la mauvaise conscience de leur temps. [...] En présence d'un monde d'« idées modernes » qui voudrait confiner chacun de nous dans son coin et dans sa « spécialité », le philosophe, s'il en était encore de nos jours, se sentirait contraint de faire consister la grandeur de l'homme et la notion même de la « grandeur » dans l'étendue et la diversité des facultés, dans la totalité, qui réunit des traits multiples ; il déterminerait même la valeur et le rang d'un chacun d'après l'ampleur qu'il saurait donner à sa responsabilité. Aujourd'hui la vertu et le goût du jour affaiblissent et diluent le vouloir, rien n'est plus à la mode que la débilité du vouloir. NietzscheAnalyse thématique succincte Deux thèmes généraux sont abordés par les deux paragraphes du texte. • La vocation constante du philosophe dans toute la tradition (« être la mauvaise conscience de [son] temps »). • L'application de cette vocation au « monde moderne » et aux tendances néfastes qui s'y manifestent. Thèse centrale La fonction critique traditionnelle du philosophe, qui le situe toujours en rupture avec les préjugés de son époque, doit le conduire aujourd'hui tout à la fois à contester l'enfermement à courte vue dans la spécialisation et à combattre l'affaiblissement du vouloir qui lui est lié.

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