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Nos désirs constituent-ils notre identité?

Publié le 08/04/2005

Extrait du document

. En effet, poser la question de cette manière revient à l'imposture grammaticale que Nietzsche avait dénoncé, c'est-à-dire, revient à supposer que l'homme est essentiellement identique à lui-même, alors même que c'est ce qui justement est mis en question. Au contraire, il faut demander « Qui est le Dasein ? ». La réponse de Heidegger est que le Dasein n'est justement pas le « je », le sujet identifié attaché à un individu, mais le « on », c'est-à-dire un sujet impersonnel, flottant, jamais identique à lui-même. Concrètement, cela signifie que nos désirs ne sont jamais les nôtres mais ceux du « on », par exemple, ceux de la publicité qui édicte ce que nous devons aimer, ce qui est à la mode et ce qui ne l'est plus. Au quotidien, « Je » pense et désire exactement ce que « on » pense et désire. Le « on » exerce sa dictature sur le « je ». Nos désirs peuvent alors bien constituer notre identité, mais ils sont eux-mêmes déterminer par le « on » massif. Autant dire que mon identité est celle de tout le monde : je m'habille de telle ou telle manière en manifestant mon appartenance à un groupe, en suivant telle ou telle mode, etc.

Analyse du sujet :

 

  • Le sujet prend la forme d’une question fermée, à laquelle il s’agira de répondre par « oui « ou « non « en conclusion avec les nuances qui s’imposent, au terme d’une argumentation documentée.
  • Le désir est la recherche de quelque chose en vue d’une satisfaction. Cette recherche n’est pas nécessairement consciente : l’objet du désir peut demeurer flou. On peut même ne pas savoir ce que l’on désir. Ce que nous avons appelé « recherche « n’est donc pas une enquête ou une investigation méthodique et théorique mais consiste plutôt en une attraction éprouvée et non calculée.
  • Le désir se distingue donc de la volonté par son caractère essentiellement passif : le désir suppose le manque, l’absence de ce qui est désiré.
  • S’il est passif et suppose le manque, le désir n’est pourtant pas assimilable au besoin. Mieux vaut dire qu’il s’accompagne d’un besoin ou de l’impression d’un besoin. Pour le dire autrement, il n’est pas toujours un besoin naturel, comme la faim : je peux désirer manger même après m’être largement rassasié.
  • Le désir, s’il recherche un objet pour se satisfaire, ne s’évanouie pourtant pas quand l’objet est obtenu, si bien qu’il reste indéfiniment insatisfait. Il est donc essentiellement démesure.
  • L’identité, négativement, est ce qui permet de distinguer une chose d’une autre par un certain nombre des caractères qui la constituent : deux choses identiques sont précisément indiscernables.
  • Identifier quelque chose suppose des critères d’identification, c'est-à-dire quelque chose qui demeure par delà le changement : l’identité est donc liée au temps.
  • l’identité s’oppose encore à l’altérité.
  • L’identité diffère de l’égalité. Deux choses égales, par exemple « 4 « et « 2 + 2 « ne sont pourtant pas identiques. « 4 «, qui par essence est un nombre, n’est pas identique à «  2 + 2 «  qui est une somme. L’égalité signifie seulement l’identité de traitement des choses égales, et non l’identité des choses elles-mêmes. Pour prendre un autre exemple, nous disons que les hommes sont égaux, ils ne sont pourtant pas identiques.

 

 

Problématisation :

 

Le premier problème est le suivant : nos désirs suffisent-ils à constituer notre identité ou bien sont-ils des éléments parmi d’autres qui participent à cette édification ? Autrement dit :

I – Sommes-nous réductibles à l’ensemble de nos désirs ?

 

Le second problème est relatif à la notion même d’identité : comment pouvons-nous affirmer que nous sommes toujours une même personne, que nous sommes identiques à nous-même ? Le vieillard que je serai ne semble avoir aucun point commun avec l’enfant que j’étais. Je peux même changer d’identité civile !

II – Est-ce un sujet identique à lui-même qui désire ?

« dont je m'entoure, ce à quoi j'attribue de la valeur, etc.

Par conséquent, le désir constitue bien au sens fort monidentité.

Transition :Cette position est toutefois problématique : il est un fait que mes désirs sont changeants.

Ils peuvent biendéterminer à chaque instant ce que je suis, mais ce que je suis n'est justement jamais immuable.

Peut-on alorslégitimement parler d'une identité ? II – Est-ce un sujet identique à lui-même qui désire ? Il y a bien un élément qui semble demeurer identique par delà les changements que nous connaissons au cours d'unevie.

Du moins avons-nous l'impression que notre conscience, notre moi, est ce qui résiste à toutes les modifications.C'est précisément ce moi qui désire.

Il nous faut donc encore nous assurer que le moi est bien ce qui permet dedéfinir notre identité.

Référence : Nietzsche « Si l'on parle de la superstition des logiciens, je ne me lasserai jamais de souligner un petit fait très bref que lesgens atteints de cette superstition n'aiment guère avouer, c'est à savoir qu'une pensée voient quand " elle " veut etnon quand " je " veux, en telle sorte que c'est falsifier les faits que de dire que le sujet " je " est la détermination duverbe " pense ".

Quelque chose pense, mais que ce soit justement ce vieil et illustre " je ", ce n'est là, pour le direen termes modérés, qu'une hypothèse, une allégation, surtout ce n'est pas une " certitude immédiate ".

Enfin, c'estdéjà trop dire que d'affirmer que quelque chose pense, ce " quelque chose " contient déjà une interprétation duprocessus lui-même.

On raisonne selon la routine grammaticale : " Penser est une action, toute action suppose unsujet actif, donc.

" C'est par un raisonnement analogue que l'anatomiste ancien plaçait à l'origine de la " forceagissante " la parcelle de matière où réside cette force et à partir de laquelle elle agit, l'atome , des esprits plusrigoureux ont fini par apprendre à se passer de ce dernier " résidu terrestre ", et peut- être arrivera-t-on un jour,même chez les logiciens, à se passer de ce petit " quelque chose ", résidu qu'a laissé en s'évaporant le brave mieux" moi ".

» Cet extrait critique le « je pense, je suis » de Descartes.

Il dénonce l'imposture grammaticale qui se cache derrièrel'affirmation selon laquelle « je pense », « je veux », « je désire », etc.

Quand nous disons cela, nous présupposonsdéjà que « je » est quelque chose d'identique à soi, un sujet immuable, une substance, à laquelle on impute dans unsecond temps l'action de penser.

Autrement dit, déduire « je suis » de « je pense » est une pétition de principepuisqu'en disant « je », nous avons déjà admis l'unité de ce qui pense alors que c'est justement ce qu'il fallaitdémontrer.Il y a donc bien de la pensée, des désirs, des volontés, mais il est impossible de les rattacher à une « chose » quien serait le sujet.

Pour le dire autrement, il est impossible de conclure du sujet grammatical d'une proposition ausujet réel, dont l'existence n'est pas démontrable.

Rien n'assure par conséquent que je sois identique à moi-même.Par suite, rien n'assure que ses désirs qui sont pourtant bien réels soient les désirs d'un sujet clairement identifié.

III – Mais alors, qui désire ? Si les désirs que nous ressentons ne sont pas ceux d'un sujet identique à lui-même, alors d'où proviennent-ils ?Comment même explique que nous les éprouvons ?Heidegger, dans Etre et Temps, fait remarquer qu'il est impossible de demander « Qu'est ce que le Dasein (≈ l'homme) ? ».

En effet, poser la question de cette manière revient à l'imposture grammaticale que Nietzsche avaitdénoncé, c'est-à-dire, revient à supposer que l'homme est essentiellement identique à lui-même, alors même quec'est ce qui justement est mis en question.

Au contraire, il faut demander « Qui est le Dasein ? ». La réponse de Heidegger est que le Dasein n'est justement pas le « je », le sujet identifié attaché à un individu,mais le « on », c'est-à-dire un sujet impersonnel, flottant, jamais identique à lui-même.

Concrètement, cela signifieque nos désirs ne sont jamais les nôtres mais ceux du « on », par exemple, ceux de la publicité qui édicte ce quenous devons aimer, ce qui est à la mode et ce qui ne l'est plus.

Au quotidien, « Je » pense et désire exactement ceque « on » pense et désire.

Le « on » exerce sa dictature sur le « je ».Nos désirs peuvent alors bien constituer notre identité, mais ils sont eux-mêmes déterminer par le « on » massif.Autant dire que mon identité est celle de tout le monde : je m'habille de telle ou telle manière en manifestant monappartenance à un groupe, en suivant telle ou telle mode, etc.

Celui qui tente d'échapper à la mode n'a pas plusd'identité, puisque s'opposer à une mode, c'est encore agir en réaction à celle-ci ; ce n'est donc pas la dépasser,s'en défaire.

Conclusion : Si c'est le « on » - et non le « je » - qui désire, alors l'identité est celle du « on ».

Mais alors le « on » déterminel'identité de plusieurs « je », donc plusieurs « je » possèdent la même identité.

On ne peut alors plus parler d'uneidentité puisque celle-ci est justement censée distinguer des individus.

Il n'y alors que deux possibilités : ou bien. »

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