Devoir de Philosophie

Existe-t-il des devoirs universels ?

Publié le 27/01/2004

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C'est une autre manière de dire qu'il n'y a pas de morale mais uniquement des moeurs et des usages. * La conscience morale est innée+ Rousseau prétend que l'homme a un sentiment inné du bien La passion, c'est ce qui est de l'ordre du besoin et des sens. La raison, avec ses subtilités, ne conduit le plus souvent qu'aux sophismes et à l'erreur. Seul le sentiment, qui est de l'ordre du coeur, délivre un message clair. La Profession de foi du vicaire savoyard (Émile) développe largement ce thème, en identifiant la conscience avec ce principe inné de justice et de vertu qui est en nous - conscience qui nous permet de juger nos actions et celles d'autrui comme bonnes ou mauvaises. « Je n'ai qu'à me consulter sur ce que je veux faire : tout ce que je sens être bien est bien ; tout ce que je sens être mal est mal. Le meilleur de tous les casuistes est la conscience » (Émile, livre IV). + Tout homme sait où est son devoirL'idée qu'il y a en l'homme une disposition innée au bien se retrouve chez Kant. Mais ce dernier affirme que cette disposition n'est pas de l'ordre du sentiment mais de la raison. Cette thèse est exprimée dans la conclusion de la Critique de la raison pratique, avec cette formule célèbre : « Deux choses remplissent le coeur d'une admiration [.

« Kant affirme qu'on n'a besoin d'aucune science ni d'aucune philosophie pour savoir ce que l'on doit faire.

Savoir oùest son devoir est « à la portée de tout homme, même le plus ordinaire ».

ce dernier, d'ailleurs, y parvient plussûrement encore que le philosophe, car il ne risque pas de se laisser égarer par des subtilités étrangères au devoir :« Pour ce que j'ai à faire afin que ma volonté soit moralement bonne, je n'ai pas besoin d'une subtilité poussée trèsloin.

Sans expérience quant au cours du monde, incapable de parer à tous les événements qui s'y produisent, ilsuffit que je demande : peux-tu vouloir aussi que ta maxime devienne une loi universelle ? ».

Chacun de nous n'a-t-ilpas, en effet, fait l'expérience d'un conflit entre ses aspirations naturelles et sa conscience qui l'obligecatégoriquement à satisfaire à d'autres exigences ? Que révèle une telle expérience, sinon que « tout homme trouveen sa raison l'Idée du devoir et tremble en entendant sa voix d'airain quand s'agitent en lui des penchants quicherchent à le faire désobéir à cette voix » ? Quiconque est persuadé, en entendant cette voix, que ce que saraison lui prescrit devrait prévaloir sur tout, et que sa volonté en est aussi, par conséquent capable.

En revanche, siun homme se demande : qu'est-ce qui en moi fait que je peux renoncer à mes désirs les plus forts et obéir à cettevoix qui ne me promet à la place aucun avantage et qui ne me menace d'aucun dommage si je lui désobéis ? Cettequestion, dit Kant, « ébranle l'âme tout entière par l'étonnement sur la grandeur et la sublimité des dispositionsintérieures présentes dans l'humanité et en même temps par l'impénétrabilité du mystère qu'elle recouvre… On nepeut se rassasier de diriger son regard dans cette direction et d'admirer en soi-même une puissance qui ne reculedevant aucune puissance de la nature.

» (« Sur un ton supérieur pris en philosophie »). Grâce à cette loi morale qu'il porte en lui, l'homme le plus simple sait où est son devoir.

Il n'y a qu'à se demander s'ilpeut vouloir que le principe subjectif de son action (autrement dit la maxime de son action) devienne une loiuniverselle (c'est-à-dire une loi aussi bien pour lui-même que pour tous les autres hommes). Demanderais-je pourquoi « je dois », je ramènerais alors l'obligation morale àune obligation conditionnelle qui ne vaudrait que relativement à autre chosede posé.

Kant ne peut admettre que le devoir puisse être déterminé par desconditions empiriques.

Le devoir a sa source dans la raison et se définit, endehors de tout rapport à des mobiles sensibles ou à des situationsparticulières.

Il prend la forme d'une loi rationnelle.

D'une part, cette lois'impose au sujet comme une obligation absolue, cad impérieuse etinconditionnelle.

Elle constitue donc un impératif catégorique qui se distinguedes impératifs hypothétiques de l'habileté et de la prudence.

D'autre part,dans sa forme, elle se réduit à un pur jugement : « tu dois »,indépendamment de ce sur quoi elle porte.

La loi ne peut, en effet, êtrecatégorique que dans la mesure où elle reste libre de tout contenu.Ainsi donc, la raison ne nous prescrit aucune obligation concrète du type :« Dans tel cas, tu dois faire ceci ».

Mais elle nous prescrit d'obéir aux règlesqui peuvent, sans contradiction, prendre la forme d'une loi universelle.

Onpeut, par conséquent, dire qu'il n'y a qu'une seule formule du devoir : « Agisuniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même tempsqu'elle devienne une loi universelle.

» (« Fondements de la métaphysique desmœurs »).

Par maxime il faut entendre le principe subjectif du vouloir, cadcelui qui détermine intérieurement la volonté agissante.

Cette formule permetde reconnaître dans tous les cas et sans hésitation son devoir.

Si je medemande par exemple si une promesse trompeuse est conforme au devoir, « lemoyen de m'instuire le plus rapidement, tout en étant infaillible, est de me demander à moi-même : accepterais-jebien avec satisfaction que ma maxime (de me tirer d'embarras par une fausse promesse) dût valoir comme une loiuniverselle (aussi bien pour moi que pour les autres) ? […] Je m'aperçois bientôt ainsi que, si je peux bien voulir lemensonge, je ne peux en aucune manière vouloir une loi universelle qui commanderait de mentir : en effet, selon unetelle loi, il n'y aurait plus à proprement parler de promesse.

» (idem) .

La raison en est que si tout le monde mentait,on ne croirait plus aux promesses de personne.

Par conséquent la maxime qui me pousse à faire une faussepromesse, « du moment qu'elle serait érigée en loi universelle se détruirait nécessairement elle-même.

» + En suivant ma conscience morale, j'accomplis ma nature Affirmer qu'il y a en tout homme une disposition innée au bien, que celle-ci soit le fait du sentiment ou de la raison,permet d'expliquer le caractère d'obligation de la conscience morale.

Si je reconnais l'autorité de ma consciencemorale, c'est bien parce qu'en la suivant je vis en accord avec ma nature.

La conscience morale est donc cedynamisme ou élan qui me fait viser l'accomplissement de ma nature.

Et lorsque je n'écoute pas ma conscience et luidésobéis, je vais à l'encontre de ma véritable nature.

D'où le remords qui est encore une manière de reconnaîtrel'autorité de cette conscience. CITATIONS: « Le devoir est la nécessité d'accomplir une action par respect pour la loi.

» Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, 1785.« Par respect pour la loi » : une action accomplie en conformité apparente avec le devoir n'est pas nécessairement. »

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