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Nos pensées sont-elles en notre pouvoir ?

Publié le 17/02/2004

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  • a) L'opinion commune ne met guère en question notre liberté intérieure : s'il y a bien un domaine dont nous sommes maîtres, c'est celui de notre réflexion, de nos pensées, de nos « idées de derrière la tête «.
  •  b) Toutefois, on peut observer que nous ne choisissons pas toujours les idées qui nous viennent à l'esprit. « Hasard donne les pensées, hasard les ôte «, remarque Pascal (éd. Brunschvicg, n° 370).
  •  c) Le problème, de façon générale, se pose alors de savoir si nos pensées sont vraiment en notre pouvoir.

« pas « en mon pouvoir » : j'éprouve en elle le pouvoir de ma pensée, qui est celui de la pensée. • Transition.

Pour définir ce qu'est un être qui pense, Descartes nous dit que c'est un être « qui doute, qui affirme, qui nie, qui connaît (...), qui ignore (...), qui aime, qui hait, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent» (Méditation III).

Le mot pensée, en un sens large, déborde les opérations intellectuelles de connaissance pourinclure l'activité affective consciente.

Sur ce plan, sommes-nous maîtres de nos pensées ? 2) des pensées troubles a) La passion et la pensée• « La passion, écrit Alain, est l'émotion pensée, c'est-à-dire prévue, désirée, redoutée » (in : Alain, Philosophie,Grands textes, P.U.F., t.

II, p.

70).

Mais cette pensée se sent dépossédée de tout pouvoir sur soi : « De là unehumiliation.

Mais une épouvante aussi, car on se dit : C'est ma pensée qui est empoisonnée ; mes propresraisonnements sont contre moi ; quel est ce pouvoir magique qui conduit ma pensée ? » (ibid., p.

71).• À cette question, pour l'essentiel, Alain répond comme Descartes.

Pour ce dernier, « nos pensées (...) sontprincipalement de deux genres, savoir : les unes sont les actions de l'âme, les autres sont ses passions ».

Lespassions sont des pensées involontaires, nées du corps et entretenues par lui : elles surprennent l'âme qui en esttroublée, elles ne sont pas d'abord en notre pouvoir. b) Le pouvoir de la pensée• Les pensées que provoque la passion ne sont cependant pas des fatalités qui aliéneraient absolument notrepensée.

« Juliette, quand elle voit pour la première fois Roméo, trouve ce mot sublime : "Nourrice, dit-elle, si jen'épouse pas celui-là, je mourrai vierge." Certes, elle ne choisit pas d'aimer ; mais plutôt elle reprend cet amourétranger ; elle le fait sien » (Alain, ibid.

p.

78-79).• Descartes nomme générosité le pouvoir de l'âme qui, en dernière analyse, accorde ou refuse son consentementaux pensées dont elle n'a pas l'initiative (cf.

Passions de l'âme, art 1 53).

Il est donc toujours possible de changerses désirs plutôt que l'ordre du monde : « Il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées.

»(Discours, III, 3e maxime.)• Dès lors, écrit Alain, « il faut comprendre qu'il n'y a point de pensées en nous, sinon par l'unique sujet, Je ; cetteremarque est d'ordre moral.

(...) Il faut savoir que la pensée est volontaire » (Éléments de philosophie, Idées, p.150).

Mon pouvoir sur mes pensées réside dans cette pensée qui se sait pensée et qui est ma conscience, moi-même. c) « Le Moi n'est pas maître dans sa propre maison »• Si le moi se sent d'ordinaire maître de ses pensées, il arrive cependant que « des pensées surgissent subitement,dont on ne sait d'où elles viennent » et dont on constate qu' « on n'est pas non plus capable de les chasser ».

«Ces hôtes étrangers semblent même être plus forts que ceux qui sont soumis au moi ; ils résistent à toutes lesforces de la volonté qui ont déjà fait leurs preuves, restent insensibles à une réfutation logique, ils ne sont pastouchés par l'affirmation contraire de la réalité.

» (Freud, Essais de Psychanalyse appliquée, Idées, p.

144.)• La psychanalyse explique que certaines pensées ne sont pas en notre pouvoir parce qu'elles sont produites pardes processus psychiques inconscients qui ne « deviennent accessibles et subordonnés au moi que par uneperception incomplète et incertaine ».

C'est pourquoi « le Moi n'est pas maître dans sa propre maison » (ibid.

p.146).• La conscience s'épuiserait à vouloir maîtriser ce qui lui échappe ainsi.

Bien plus, elle est encore dans l'illusionlorsqu'elle croit y parvenir.

Au cours de la cure psychanalytique, la relation qui s'établit entre le psychanalyste etcelui qui parle pourrait conduire, moins à la conscience claire de l'inconscient, qu'à une reprise partielle, uneréactualisation du passé infantile au cours duquel les forces inconscientes se sont organisées de telle ou tellemanière.

On reste très éloigné de l'idée qu'il serait possible de devenir maître et possesseur de toutes ses pensées. conclusion Toutes nos pensées ne sont pas en notre pouvoir.

Mais nous avons le pouvoir de penser cette situation (et c'estencore le sens de la pensée de Freud).

On ne doit donc pas simplementjugement - l'idée dire que nos pensées sont, ou ne sont pas, en notre pouvoir, tomme des instruments qu'onpourrait indifféremment utiliser, remplacer, laisser de côté : elles sont en un sens notre pouvoir lui même, le pouvoirde penser.. »

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