La notion de loi a-t-elle la même signification pour le moraliste et pour le physicien ?
Publié le 23/03/2004
Extrait du document
Mais on semble croire
parfois que, le monde restant ce qu'il est, des lois différentes de celles
qui le régissent actuellement pourraient lui être imposées. Cette conception
est absurde : la loi, n'étant que l'expression de la nature des choses, suit
nécessairement cette nature.
Sans doute, le physicien ne constate les lois que comme un fait contingent :
il ne les déduit pas, « more geometrico », comme une conséquence nécessaire
de la nature des choses ; car cette nature lui est encore inconnue. Mais de
ce que les lois physiques sont contingentes pour le chercheur, il ne
s'ensuit pas qu'elles soient contingentes en elles-mêmes. Un jour viendra
d'ailleurs où, la physique étant devenue déductive, ses lois paraîtront
nécessaires au savant lui-même qui les rattachera, comme une conséquence
nécessaire, à la nature même des choses.
On ne peut pas davantage opposer à l'universalité et à la nécessité des lois
physiques les faits dans lesquels l'homme empêche l'application de l'une
d'entre elles. Il ne l'empêche, en effet, qu'en réalisant, conformément à
d'autres lois, des conditions naturelles dans lesquelles cette loi ne
s'applique plus : on ne commande à la nature qu'en lui obéissant.
La nécessité de la loi morale r paraîtra peut-être plus difficile à admettre
: la moralité impliquant la liberté, comment la loi morale peut-elle
nécessiter ? Aussi bi,én le moraliste dit-il, non qu'elle nécessite, mais
qu'elle est nécessaire. L'homme n'est pas forcé de s'y conformer : il peut
la violer.
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