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La notion de progrès a-t-elle un sens dans le domaine de l'art ?

Publié le 04/01/2005

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Ces améliorations permirent à l'art musical de progresser. Un instrument comme le piano, inventé seulement au XVIIIe siècle, a également permis d'énormes progrès en musique.   [Les sciences, les techniques progressent, c'est-à-dire qu'elles passent d'un niveau de savoir, d'un niveau de maîtrise, à un autre, plus élevé. L'art échappe à cette échelle de progression. Son essence est d'évoluer.]  Le progrès n'est pas l'évolution Ce qui définit le progrès, c'est le passage d'un niveau à un autre. La physique progresse lorsqu'elle découvre que le plus petit élément constitutif de la matière n'est pas l'atome. Isolant l'électron ou le proton, elle affine ses connaissances, construit des modèles théoriques permettant de mieux rendre compte de la réalité. Le progrès suppose toujours l'acquisition de nouvelles connaissances, le perfectionnement de certaines techniques. Or, l'on peut très bien évoluer sans progresser.

Se demander à quelles conditions on peut parler de progrès (et non d'évolution ou de changement) et quelle(s) conception(s) de l'art on devrait se faire pour que la notion de progrès ait un sens dans le domaine de l'art. Cette conception (ou ces conceptions) peut-on la (ou les) soutenir ?

« que le plus petit élément constitutif de la matière n'est pas l'atome.

Isolant l'électron ou le proton, elle affineses connaissances, construit des modèles théoriques permettant de mieux rendre compte de la réalité.

Leprogrès suppose toujours l'acquisition de nouvelles connaissances, le perfectionnement de certainestechniques.

Or, l'on peut très bien évoluer sans progresser.

Ce qui peut être le cas d'une société qui changese modifie, sans pourtant forcément «s'améliorer». Picasso n'est pas «meilleur» que RembrandtEn matière d'art, le seul critère d'appréciation est le Beau.

Or le Beau est éternel, même si les façons de lematérialiser sont en perpétuelle évolution.

Puisqu'il en est ainsi, il est absurde d'évaluer une grande oeuvre parrapport à une autre, c'est-à-dire de croire que l'art progresse. L'art est inactuelAutant les conceptions astronomiques de Copernic invalident complètement celles que défendait l'Eglise,autant il est faux de dire que l'art gothique invalide l'art roman.

Une abbatiale du XIIe siècle est toujours aussibelle aujourd'hui qu'à l'époque de la construction de la cathédrale de Chartres.

[Le progrès des arts vers leur autonomie ] A.

Art et religionL'art a longtemps été étroitement lié à la religion.

Sa fonction était alors illustratrice : il s'agissait seulement detranscrire, représenter, visualiser des vérités consignées dans des textes sacrés ou transmises par tradition orale.L'artiste, dans ce contexte, ne se représente pas comme un créateur mais comme un simple artisan.

Le sculpteurégyptien de l'époque pharaonique par exemple s'efforce de respecter dans la composition de ses statues desproportions fixées par la tradition.

L'observation scrupuleuse de ces canons garantissait au commanditaire dedisposer avec cette statue d'un double l'assurant d'une vie après la mort.

La statuaire égyptienne ne vise donc pasl'originalité ; au contraire, sa fonction funéraire, presque liturgique, suppose qu'elle soit parfaitement conforme à desnormes sacrées et immuables.

Subordonné à la religion, l'art se réduit à n'être qu'une technique illustratrice, voiredécoratrice.

On attend de lui qu'il donne une forme sensible à des vérités qui s'adressent au coeur ou à l'esprit. B.

L'émancipation naturalisteLa problématique grecque de l'imitation de la nature représente une émancipation majeure de l'art vis-à-vis de latutelle religieuse.

Il ne s'agit plus de mettre en images des récits, des légendes, des mythes mais de restituer lanature, celle-là même que nous percevons et à laquelle nous appartenons.

En s'assignant sa propre fin, l'art déclareson indépendance.

En fixant cette fin dans l'imitation des formes naturelles, il se donne comme domaine propre lesformes sensibles, le visible, le perceptible.

Son travail ne consiste plus à traduire de la pensée en images mais àconvertir des images en images : plus exactement, à élaborer des images à partir du perçu.

Nous avons relevénéanmoins que cette problématique naturaliste revenait encore à assimiler l'art à une tâche technique dont lacomposante créatrice était donc encore nettement méconnue.

Il faut attendre la crise de l'art classique et de lanorme figurative pour que l'art acquière sa pleine autonomie. C.

L'art pour l'artL'art devient enfin conscient de lui-même et de la singularité de sa tâche quand il renonce à son statut detechnique.

Une activité finalisée se justifie toujours par la fin qu'elle vise.

L'art cesse donc de pouvoir se justifier dèslors qu'il perd son statut artisanal et qu'il est pratiqué pour lui-même.

En tant que processus créateur, il assume soncaractère aveugle : l'artiste devenu majeur ne sait ni où il va ni ce qu'il fait ; son oeuvre ne trouve plus sajustification ailleurs que dans les faveurs d'un large public.

Il témoigne en cela que sa création est en prise avec laculture de son peuple, peut-être même avec une sensibilité universelle.

L'art a donc conquis son autonomie, àl'époque moderne, grâce à la constitution d'un public de l'art.Mais n'est-ce pas là pour lui une nouvelle dépendance ? Le travail de l'artiste le pousse en effet à dépasser uneculture artistique dont il est forcément imprégné.

L'exploration par l'art de voies nouvelles, en rupture avec lesorientations esthétiques dominantes de l'époque, écarte la création de la reconnaissance sociale.

Les oeuvres del'art émancipé ne répondent pas forcément aux attentes du public.

Le sens et la valeur de l'oeuvre « avant-gardiste» ne sont alors plus très clairs aux yeux de l'homme du commun.

Le public de l'art tend à se restreindre au cercle despécialistes ou d'érudits.

L'art n'acquiert-il pleinement son autonomie qu'en s'affranchissant du grand public ? Oubien doit-il au contraire rester soucieux d'une légitimation par un public aussi large que possible pour préserver sonexistence autonome ? L'avant-garde n'a sans doute d'avenir qu'à la condition de pouvoir être rejointe par la société: les grandes oeuvres ne parviennent-elles pas précisément à créer leur public et à renouveler ainsi les orientations. »

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