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Que nous apprennent les beautés de la nature sur la nature même de la beauté

Publié le 21/03/2004

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La question posée par ce sujet étant très ouverte, il pourra être traité dans les directions les plus diverses. Des plans très différents sont donc possibles. Nous nous bornerons ici à rappeler deux positions fondamentales, celle de Platon et celle de Kant, positions qui ont sans doute exercé le plus d'influence sur l'esthétique occidentale.

 

  • I. DANS QUELLES CONDITIONS LA NATURE PEUT-ELLE APPARAITRE BELLE ?
  • II. LA BEAUTÉ DE LA NATURE COMME SIMPLE ESQUISSE
  • III. LA BEAUTÉ ARTISTIQUE DÉFINIT LES BEAUTÉS DE LA NATURE

« — Chez Kant, la beauté de et dans la nature (beauté qu'il qualified'adhérente, par opposition à celle de l'art, qui est « libre ») est encoreattachée à la singularité de l'objet et se trouve déterminée par un point devue au moins partiellement finalisé (un beau cheval de course est différentd'un beau cheval de labour parce qu'on n'attend de lui ni les mêmes fonctionsni en conséquence les mêmes qualités).

Même différence entre sublime«mathématique» (d'origine humaine: les Pyramides) et sublime «dynamique»(dans la nature), qui renvoie à l'idée de création divine.D'où l'on peut déduire, si l'on admet ainsi l'existence de beautés de la nature,qu'elles nous apprennent précisément à repérer ce qui leur manque pouraccéder à la dimension purement esthétique.— Le chant du rossignol nous séduit à partir du moment où l'on croit ypercevoir l'expression de sentiments humains, c'est-à-dire quelque chose quise situe au-delà du rossignol naturel (Hegel).

De la même façon, selon Kant,un bois usé par un torrent nous semble obéir à une volonté artistique, et c'estpourquoi il nous paraît émouvant.— Hegel est plus catégorique: la prétendue beauté de la nature ne peut riennous enseigner sur la nature de la beauté dans la mesure où elle est de trèsloin inférieure puisque lui fait défaut la marque de l'esprit et de sa liberté. Hegel rompt avec Kant, pour qui labeauté naturelle tient une large part.La contemplation de la belle nature accordemystérieusement l'imagination et l'entendement.

Hegel rejette la beauténaturelle, car la beauté artistique étant un produit de l'esprit lui estnécessairement supérieure.

C'est pour nous et non en soi et pour soi qu'unêtre naturel peut être beau.

L'imitation de la nature n'est donc pas de l'art,tout au plus un exercice d'habileté, par lequel on imite le Créateur.

Il y a plusde plaisir à fabriquer des outils ou des machines qu'à peindre un coucher desoleil.

La valeur de l'art est tout autre : c'est l'esprit à l'oeuvre, qui s'arrachede la nature en la niant.

Au moyen de l'art, l'homme se sépare de la nature etse pose comme distinct.

L'art peut donc faire l'objet d'une science, penseHegel, il suffit d'en montrer la nécessité rationnelle dans l'histoire del'humanité.

L'oeuvre d'art ne décrit pas une réalité donnée, elle n'est pas faitepour notre plaisir, mais l'art est en son essence une intériorité qui cherche às'exprimer, à se manifester ; c'est un contenu qui cherche une forme, un sensqui veut se rendre matériel.

On ne peut le condamner pour son apparence,car il faut bien à la vérité une manière de se montrer.

L'art étanthistoriquement la première incarnation de l'esprit, il se confond d'abord à lareligion : la religion grecque est l'art grec lui-même.

Ce sont Homère etHésiode qui ont inventé les dieux grecs.

Cet âge d'or de l'art, que Hegeldéfinit comme "classique", sera dépassé par l'art romantique avec l'apparition du christianisme.

La religion chrétienne est essentiellement anthropomorphique : le divin est le Christ, soit une pureindividualité charnelle, qui a souffert et qui est morte en croix.

Seul l'art peut ici donner une représentation charnellede ce divin, dont le passage historique a été fugitif, et si l'art est mort dans notre société moderne, c'estprobablement pour la raison que la spiritualité chrétienne ne suffit plus tout à fait aux besoins de l'esprit. Le beau est une idée, soit l'unité d'un concept et de la réalité.

Le concept est l'âme tandis que la réalité en estl'enveloppe charnelle.

Le beau est donc la manifestation sensible de cette unité ; il exprime une réconciliation.

Il estnaturel qu'il échappe à l'entendement qui sépare et qui divise, de même qu'à la volonté qui cherche à soumettrel'objet à ses propres intérêts.

Tout ce qui est libre, indépendant, infini, conforme à la seule nécessité de sonconcept, peut être dit beau.

De plus, un bel objet est vrai, puisqu'il est conforme à son être.

Cela implique qu'aucunorganisme vivant ne pourra être beau, parce que soumis au besoin, il n'a pas de véritable liberté.

Seule la beautéartistique peut être accomplie : elle représente l'idéal.

L'idéal est soustrait de la vie quotidienne imparfaite etinauthentique.

Il incarne l'universel dans l'individualité absolument libre et sereine : le symbole en est l'individualitéapollinienne, perfection d'harmonie et de forme, sérénité conquise sur la douleur.

En un sens, cette beauté idéaleest hors du temps et de l'histoire, symbole de l'éternité.

Si cet idéal de beauté est désormais révolu, alors qu'ilculminait dans l'art grec, c'est que l'organisation sociale et la production économique sont devenues prévalentes,soudant les individus dans des rapports de besoin, d'échange et de travail complexes et étroits.

L'Idéal ne peut pluss'incarner dans l'art, il s'est incarné dans l'État et la politique à la fin du xixe siècle et au cours du xxe siècle.

Onpeut toutefois remarquer qu'à notre époque présente, ces deux formations ne semblent plus animées par lesaspirations spirituelles les plus hautes des individus et de la collectivité.

Nous vivons dans l'ère du nihilisme queNietzsche avait diagnostiquée à la fin du xixe siècle. « Le but de l'art, son besoin originel, c'est de produire aux regards une représentation, une conception née del'esprit, de la manifester comme son oeuvre propre ; de même que, dans le langage, l'homme communique sespensées et les fait comprendre à ses semblables.

Seulement, dans le langage, le moyen de communication est unsimple signe, à ce titre, quelque chose de purement extérieur à l'idée et d'arbitraire.. »

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