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Que nous apprennent les sens ?

Publié le 13/01/2004

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B - La sensation est réceptacle neutre de la chose¦ La sensation correspond à la mise en contact de la chose avec l'un de nos organes. C'est ainsi que la sensation est bien souvent décrite dans les textes philosophiques en termes d'impression sensible. La chose agit sur notre organe et s'y imprime d'une certaine façon. Notre organe remplit son rôle sensitif dans la mesure où il peut servir de réceptacle de la chose.¦ On comprend dès lors la nécessité de garantir la passivité et la neutralité de l'organe pour pouvoir s'assurer de la véracité de la connaissance qu'il nous donne de la chose. Si nos sens agissaient sur la chose pour la connaître ou la déformer en fonction de leur caractéristiques propres, on ne pourrait plus avoir accès à la chose telle qu'elle est en elle-même. Si l'organe de vision est coloré de bleu, toute chose sera vue bleue quelle que soit sa véritable couleur.C - La subjectivité de la sensation : une norme introuvable¦ Cet idéal de neutralité et de passivité des sens, qui offriraient une voie d'accès directe aux choses mêmes, paraît cependant incompatible avec la nature subjective, individuelle et variable de l'acte de sentir. Chacun l'accomplit avec un corps qui lui est complètement propre, selon une nature et un état que l'on ne peut mesurer à aucune norme universelle.¦ On pourrait invoquer la distinction entre l'homme sain et l'homme malade, le premier pouvant servir de norme pour définir une sensation véridique en opposition aux sensations déformées de l'homme malade.

« 2.

L'OBSTACLE DES SENS A - La chose, par opposition à ses apparences sensibles Le conflit des apparences (comme par exemple entre deux visions différentes d'une même chose) montre que lessens, loin d'être un médium neutre donnant la chose en elle-même, agissent plutôt comme un voile par rapport auréel.

Chacun semble en fait enfermé dans la connaissance sensible qu'il a des choses.

Il apparaît qu'il faudrait alors redéfinir la connaissance, non pas à partir d'un contact sensible avec la chose, mais àpartir d'une démarche de dépassement de l'obstacle de la sensation, comme c'est le cas dans la philosophie dePlaton.

L'objet de connaissance devient, dans cette critique de la connaissance sensible, la chose véritable, lachose en elle-même, par opposition à toutes les apparences sensibles dont on peut l'entourer.

Ces apparences sonttrompeuses précisément parce qu'au lieu de refléter la chose telle qu'elle est, elle reflètent davantage laconfiguration et la nature de nos organes sensitifs, voire même celle de nos désirs. Platon: La théorie des Idées 1.

La recherche des essences : la réminiscenceSocrate montre par l'exemple la nécessité de faire l'hypothèse de la réminiscence.

En interrogeant l'esclave deMénon sur un problème de géométrie, celui-ci finit par trouver la solution alors qu'il semblait l'ignorer : c'est qu'il lasavait depuis toujours mais ne s'en était pas aperçu.

La réminiscence n'est pas un souvenir ordinaire comme lesouvenir d'un événement dans le temps, mais le souvenir d'une autre existence, celle que l'âme menait lorsqu'ellepouvait contempler les essences.

La réminiscence est le souvenir des essences. 2.

Sensible et intelligiblePour Platon, est sensible ce que l'on peut saisir par les sens, intelligible ce que l'on saisit par l'esprit ou l'intelligence,ce que l'on comprend.

Ainsi, la croyance est déterminée par des objets sensibles, alors que la science a pourprincipe des réalités intelligibles.La réalité sensible est celle des objets qui nous entourent.

Soumise aux contradictions, celle du temps notamment,dans lequel chaque chose devient une autre, elle s'oppose à la réalité des essences, ou Idées, dans laquelle chaquechose est ce qu'elle est de toute éternité. B - Les difficultés d'une connaissance par-delà les sens Les arguments sceptiques contre la possibilité de la connaissance relèvent souvent d'une philosophie qui place lasensation à l'origine de toute connaissance, tout en démontrant son incapacité à nous garantir un accès véridiqueaux choses.

A l'inverse, tenter de sauver la possibilité de la connaissance humaine semble nous conduire à larecherche d'une conception de la connaissance qui puisse en quelque sorte court-circuiter les sens, et donc lecorps propre, dans l'accès à l'objet de connaissance. Le scepticisme absolu des pyrrhoniens et de leurs disciples n'est pas un point de départ mais une conclusion –laconclusion d'échec- au terme de l'aventure du savoir. Enésidème avait groupé les arguments sous dix titres ou « tropes que Sexus Empiricus réduisit à cinq.

Il faut connaître ces arguments qu'on retrouve chez Montaigne , chez Pascal et chez Anatole France . (a) La contradiction des opinions. Les sophistes grecs frappés par la contradiction des opinions des philosophes (par exemple : Héraclite disait que le réel n'est que changement, alors que Parménide niait le changement) aboutissent à la conclusion pessimiste que la vérité (qui devrait être universelle) est inaccessible.

Les sceptiques ont été parfois de grands voyageurs qui, à forced'avoir vu les gens les plus divers professer des opinions contradictoires, adopter des valeurs différentes, ne croientplus à rien.

Pyrrhon avait par exemple accompagné le conquérant Alexandre dans un grand nombre de ses expéditions.

Montaigne avait visité l'Allemagne, l'Italie, mais avait surtout dans sa « librairie » voyagé parmi des systèmes philosophiques innombrables et tous différents.

Pascal reprend les thèmes de Pyrrhon et de Montaigne : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. » (b) La régression à l'infini. Une vérité ne peut pas être acceptée sans preuves comme telle car il n'existe pas un signe du vrai « comparable à la marque imprimée sur le corps des esclaves et qui permet de les reconnaître quand ils sont en fuite. » Mais si je propose une preuve pour une affirmation, le sceptique me dira « Prouve ta preuve ».

ainsi la preuve qu'on apportepour garantir l'affirmation a besoin d'une autre preuve et celle-ci d'une autre à l'infini. Pour connaître la moindre chose je suis d'autre part contraint de remonter à l'infini, c'est-à-dire de mettre ce donnéen rapport avec une infinité d'autres faits.

Car chaque chose est relative à toutes les autres et pour connaître lemoindre objet il faudrait connaître son rapport avec tout l'univers.

Nous ne connaissons le tout de rien, ce quirevient à ne connaître rien du tout.. »

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